Le Canadien s’est bien défendu. Il s’est surtout assuré de ne jamais abandonner. Le simple fait qu’il ait comblé un recul de deux buts pour niveler les chances en troisième période lui vaut des accolades bien méritées.

 

Mais! Car oui, il y a un mais : après une séquence de cinq gains consécutifs dont quatre aux dépens de clubs ordinaires, très ordinaires ou qui traversaient un misérable passage à vide, le duel contre les Blues devait servir de baromètre afin de confirmer les prétentions selon lesquelles le Canadien était redevenu un club non seulement capable d’atteindre les séries, mais de se hisser parmi les équipes de tête dans la LNH.

 

Comme c’est trop souvent arrivé en début de saison, le Canadien a encore été victime de deux buts rapides. De fait, on dit parler de deux buts ultrarapides alors que Brayden Schenn a marqué le deuxième de ses trois buts sept secondes seulement après qu’Upshall se soit moqué de Gallagher pour donner les devants aux Blues 2-1 en tout début de période médiane.

 

Loin de moi l’intention de critiquer le Canadien. Car je le répète, contre un adversaire beaucoup plus fort, presque beaucoup trop fort, il s’est bien défendu et surtout il n’a jamais abandonné. Il a même donné un brin ou deux d’inquiétude aux Blues.

 

« Considérant le fait que nous avions perdu nos trois derniers matchs et que nous n’avions qu’un gain en cinq parties, il est certain que cette remontée a soulevé quelques questions. Mais nous n’avons jamais douté. Nous sommes débarqués ici – au Centre Bell – avec un plan précis de ce qui devait être fait pour retrouver le chemin de la victoire. Sans rien enlever du crédit qui revient au Canadien, je crois que nous avons été meilleurs dans plusieurs facettes du jeu ce soir. J’ai demandé aux gars de garder la tête froide, de maintenir le rythme, de continuer à jouer comme on le faisait, car on jouait bien. Je me disais qu’on finirait par être récompensé. On a marqué sur un coup de chance – rondelle déviée par David Schlemko pour transformer un tir anodin de Brayden Schenn et but vainqueur –, mais de la façon dont nous jouions, il était normal qu’on soit récompensé », soutenait l’entraîneur-chef Mike Yeo après la rencontre.

 

Mais si le score final attise la confiance des partisans du Tricolore, une analyse plus neutre du contrôle de la rondelle, du contrôle du jeu, du contrôle du match tout court, devrait leur servir de rappel à l’ordre.

 

Mes observations sur ce revers qui ramène le Canadien à la barre de ,500 :

  1. Price a gardé son club dans le match et plus
  2. Allen de malchance en malchance
  3. Schenn hantera les Flyers longtemps
  4. Mete dans la fosse aux lions
  5. Doit-on se méfier des affamés ou des confiants?

 

Chiffre du match – Shea Weber nous a offert l’embarras du choix en matière de chiffre du match. Dans le cadre de sa 100e partie dans l’uniforme du Canadien, Weber a récolté son 500e point en carrière dans la LNH en marquant le deuxième but du Tricolore. Weber ne s’est pas arrêté là. Il a ajouté un deuxième but encore une fois marqué de la ligne bleue, encore une fois à la suite d’une mise en jeu gagnée par Andrew Shaw. Avec une efficacité de 75 % (6 n 8) Shaw a été le centre le plus efficace des deux équipes aux cercles des mises en jeu.

 

Avec ses deux buts enfilés aux dépens des Blues, Shea Weber revendique maintenant six buts et 16 points cette saison, 23 buts et 58 points en 100 rencontres avec le Canadien, 189 buts et 501 points dans la LNH…

 

Price a gardé son club dans le match… et plus

 

Si le Canadien a replongé dans la marre de mauvaises habitudes dans laquelle il s’est souvent embourbé en début de saison, son gardien a évité les pièges tendus par les Blues.

 

Et comment!

 

Malgré les quatre buts enfilés à ses dépens et même si le but gagnant le fait un brin mal paraître bien qu’il n’y pouvait rien contre cette rondelle déviée accidentellement tout juste devant lui, Carey Price a gardé son équipe dans le match avec les 26 arrêts qu’il a réalisés.

 

ContentId(3.1256177):Les échos de vestiaire
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Ce n’est pas le nombre d’arrêts réalisés par Price qui soit le fait saillant de sa soirée de travail. Mais plutôt la qualité et le moment où les arrêts les plus importants ont été réalisés.

 

En première période, alors que le Canadien n’allait nulle part, qu’il était même débordé, Price s’est dressé devant Jaden Schwartz en échappée. Schwartz qui dominait les Blues avec 13 buts avant la rencontre s’est buté à un gardien au sommet de son art. Cet arrêt a non seulement privé les Blues d’une avance de 2-0, mais il a insufflé de l’énergie et de la confiance au Canadien qui n’en avait alors pas du tout. Quelques minutes plus tard, Jordie Benn, avec un tir puissant de la pointe que Jake Allen n’a jamais vu venir en raison du bon travail de Daniel Carr devant lui, nivelait les chances.

 

Sans l’arrêt crucial de Price, cette égalité bien inégale ne serait jamais survenue.

 

Price a fait le coup encore en troisième, alors qu’il s’est dressé devant Paul Stastny une fois et peut-être deux, sur une très dangereuse séquence qui aurait facilement pu se solder par un but des Blues. Pas longtemps après, le Canadien a nivelé les chances.

 

Pour que le Canadien ait une chance de tenir tête à la machine offensive des Blues, la machine tout court en fait, Carey Price se devait d’être brillant. Il l’a été. Mais ça n’a pas suffi.

 

Ça en dit long ça aussi…

 

Allen de malchance en malchance

 

Jake Allen a vécu deux premières dont il se serait bien passé au Centre Bell mardi : un vilain but accordé à Shea Weber et une perte de lame de patin en pleine action qui l’a contraint à retraiter au vestiaire pour y effectuer un arrêt aux puits. Genre…

 

Allen a perdu la lame de son patin lorsque cette dernière a heurté le poteau à sa droite. « C’est la première fois que ça m’arrive depuis que je joue au hockey. Sur le coup, je n’ai pas compris ce qui arrivait. J’étais incapable de me tenir debout. Encore moins de pousser avec mon patin. J’ai fait signe à l’arbitre, mais ce n’est qu’à l’arrêt de jeu que j’ai pu retraiter au banc. »

 

Soutenu jusqu’au banc par des coéquipiers, Jake Allen a ensuite dû retraiter au vestiaire. «Mes patins sont équipés de lames traditionnelles et non de lames amovibles qui peuvent être changées sans retirer l’équipement. Une fois au vestiaire, il était clair que la lame ne pouvait être réparée sur-le-champ. J’ai donc changé de patin. J’avais un neuf dans un pied, un vieux dans l’autre. J’ai fini la période comme ça et au deuxième entracte, j’ai pu remettre mon patin brisé.»

 

Pendant les 207 secondes qu’a duré son arrêt aux puits – une éternité en comparaison aux ravitaillements en F-1 – Allen a été remplacé par son adjoint Carter Hutton.

 

Remarquez qu’il aurait pu rester pénard dans le corridor occupé par les gardiens auxiliaires des équipes adverses, car pendant son court séjour devant la cage des Blues, Hutton n’a pas affronté le moindre tir. De fait, le Canadien s’est présenté une seule fois en zone ennemie durant cette séquence de près de 3 minutes et demie.

 

Si la «crevaison» dont il a été victime est demeurée sans conséquence, Jake Allen n’a vraiment pas prisé le premier but marqué par Shea Weber à ses dépens. «Je n’avais encore jamais vu une rondelle dévier autant sur la glace. Ça n’a pas de sens. Je voyais bien la rondelle. Je croyais qu’elle passerait à au moins deux pieds du but. Je n’avais aucune intention de l’arrêter. Je ne me suis même pas méfié et elle a vite courbé vers le but sans que j’aille le temps de réagir», a témoigné un Allen désabusé.

 

S’il a été chanceux sur son premier but alors qu’il a marqué sur une grande courbe, Weber s’est bien repris sur son deuxième y allant d’une rapide, une vraie, à la suite d’un tir frappé solide comme il en a le secret…

 

Schenn hantera les Flyers longtemps

 

Je ne sais pas ce que Morgan Frost – un choix de première ronde l’été dernier – et ce que le choix de première ronde en 2018 obtenu des Blues donneront aux Flyers de Philadelphie au cours des prochaines années.

 

Mais ils sont mieux d’être bons en simonac!

 

Car pour le moment, la transaction qui a permis au DG Doug Armstrong de mettre la main sur Brayden Schenn en retour de ces deux choix au repêchage et de Jori Lehtera – qui ne joue pas sur une base régulière à Philadelphie – hante les Flyers sans bon sens.

 

Schenn a inscrit ses 11e, 12e et 13e buts de la saison aux dépens de Carey Price. C’était son troisième tour du chapeau en carrière. C’était aussi le troisième cette saison – après Jason Zucker du Wild et Adrian Kempe des Kings – accordé par le Canadien.

 

Avec ses 13 buts et 33 points en 27 matchs, Schenn partage le 5e rang des meilleurs marqueurs de la LNH jusqu’ici cette saison. En faisant l’acquisition de Schenn, les Blues ont comblé la plus grosse lacune qui minait leur formation déjà très solide : il leur donne un centre solide pour assumer le mandat difficile de piloter le premier trio.

 

Un rôle que le Canadien n’a pas encore réussi à combler encore cette année malgré les efforts plus que louables de Jonathan Drouin qui a pris la relève d’Alex Galchenyuk.

 

En passant, si Drouin a raté un troisième match de suite, c’est en raison d’un virus et non en raison de la blessure «au bas du corps» qui l’a privé des deux matchs faciles aux dépens des Red Wings de Detroit.

 

Mete dans la fosse aux lions

 

À 19 ans, malgré sa petite taille, malgré son inexpérience et surtout malgré le défi que représentaient les Blues de St.Louis, Victor Mete a effectué 20 présences totalisant 17 minutes 6 sec d’utilisation. C’est beaucoup. Compte tenu de son différentiel de moins-1 et des 5 revirements dont il s’est rendu coupable, certains diront que le mandat était trop gros à remplir pour Mete. Qu’il aurait mieux valu faire appel à Jakub Jerabek qui est plus âgé, plus expérimenté, qui a joué comme des hommes dans la KHL au cours des dernières années et non contre des ados dans la Ligue de l’Ontario.

 

Peut-être ont-ils raison.

 

Mais comme l’a, avec raison, fait remarquer Claude Julien après la rencontre, la seule façon pour un jeune de prendre de l’expérience valable et de démontrer ce qu’il est capable de faire contre de gros joueurs et de gros clubs est de le faire jouer contre de gros joueurs et de gros clubs.

 

Pour reprendre l’expression du coach du Canadien, Mete en a arraché par moment.

 

C’est vrai. Et c’est tant mieux. Car ça permet de faire une bien meilleure évaluation de son talent et de sa progression. Ça permettra aussi de prendre une décision plus éclairée sur le bien fondé, ou non, de l’envoyer au Championnat mondial de hockey junior lors de la période des Fêtes.

 

Parce qu’il patine bien, parce qu’il utilise bien son bâton, parce qu’il se sert bien de ses atouts, Mete n’a pas trop mal paru mardi contre St.Louis.

 

Je dirais même qu’il a mieux paru que Jeff Petry qui a joué à l’épouvante et qui a mis son partenaire de jeu Karl Alzner dans le pétrin à plusieurs occasions.

 

J’ajouterais qu’il a peut-être aussi mieux paru que Max Pacioretty et Alex Galchenyuk que j’ai cherché bien trop souvent sur la glace alors qu’ils auraient dû profiter du défi qui se dressait devant eux pour briller… du moins un peu.

 

Doit-on se méfier des affamés ou des confiants?

 

J’ai posé la même question à Claude Julien et Mike Yeo avant le match Blues-Canadien. Comme entraîneur-chef, est-il plus inquiétant d’affronter un club qui connaît une séquence difficile comme celle que traversaient les Blues – trois revers de suite, une victoire en cinq matchs – avant d’arriver à Montréal, ou de croiser un club sur une séquence gagnante comme le Tricolore qui surfait sur ses cinq victoires collées?

 

«Quand tu croises un club aussi solide que les Blues et que ce club traverse une séquence difficile, c’est inquiétant, car tu sais que les joueurs affamés. Qu’ils vont prendre les moyens pour retrouver le chemin de la victoire», a d’abord lancé Claude Julien.

 

« Est-ce qu’il y a une bonne ou une mauvaise réponse à cette question? Je ne crois pas. Je n’aime pas croiser un club affamé. Surtout si ce club est solide et qu’un peu tout le monde s’attend à ce qu’il reprenne son rythme. Inversement, quand un club est confiant, il arrive parfois à enfiler des victoires sans que tu puisses vraiment y changer quoi que ce soit. La meilleure réponse, je crois, c’est qu’au fond, on doit toujours se méfier de tout le monde, peu importe les circonstances. C’est pour ça qu’on met autant de temps à bien préparer nos clubs pour relever les défis qui les attendent », a ajouté Mike Yeo.

 

Les résultats de la soirée de mardi dans la LNH ont donné raison à l’entraîneur-chef des Blues.

 

Battus 10-1 samedi par le Canadien au Centre Bell et battus 16-3 au total de deux matchs aller-retour qui les ont opposés au Tricolore jeudi et samedi dernier, les Red Wings de Detroit ont battu l’équipe de l’heure dans la LNH, l’équipe qui trônait au premier rang de l’association est hier matin. Non seulement les Wings ont battu les Jets de Winnipeg, mais ils les ont rossés 5-1.

 

Comme quoi en plus des clubs affamés et confiants, on doit aussi se méfier des clubs désespérés aujourd’hui dans la LNH…

 

 

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