J'ai passé un merveilleux moment parmi les membres de la famille de Bernard Geoffrion dans la région d'Atlanta au cours de l'été en vue de l'enregistrement de l'émission des 25 ans d'émotion qui sera présentée à 19h00, ce soir, à l'antenne de RDS.
Ils sont tous venus faire un tour dans la chaleureuse maison de Marlene Geoffrion, veuve du légendaire Boum Boum, à Woodstock, en banlieue d'Atlanta.
Boum Boum : 2e partie
« J'ignorais qu'il était entre la vie et la mort et qu'on lui avait même donné les derniers sacrements. Avec la complicité d'une amie, j'ai tenté de m'échapper de l'hôpital pour aller le voir, mais on m'a interceptée. On m'a vite ramenée à ma chambre en me donnant une injection pour me calmer », rappelle-t-elle.
Blake mal en point.
La blessure subie par son petit-fils, le troisième membre de la génération Geoffrion à porter les couleurs du Canadien, a été la cause d'un profond chagrin. Âgé de 24 ans, Blake Geoffrion avait connu une brillante carrière durant ses quatre années à l'Université du Wisconsin. Il avait même gagné le trophée Hobey Baker remis annuellement au joueur universitaire par excellence aux États-Unis. Rempli d'espoir en portant le chandail du Canadien, Blake avait choisi un numéro qui lui porterait chance, croyait-il. Il avait opté pour le 57, représentant le 5 de son père et le 7 de son grand-père. Malheureusement, il ne pouvait pas savoir qu'un autre numéro, identifié à la malchance celui-là, allait se mettre en travers de son chemin. Il n'a joué que 13 parties avec l'équipe de son arrière-grand-père, de son grand-père et de son père.
À la suite d'une percutante mise en échec de Jean-Philippe Côté, il a subi une fracture du crâne sous les yeux de son père, Danny, ex-premier choix au repêchage du Canadien et des Nordiques, dans l'Association mondiale. Conduit à l'hôpital, il a demandé à son père si cette blessure grave n'était pas un message de Dieu. L'histoire des Geoffrion avait commencé à Montréal et il fallait peut-être qu'elle se termine au même endroit, lui a-t-il dit.
« Ce que j'ai trouvé terrible, c'est que toute sa vie a changé dans un instant, affirme sa grand-mère. C'est un bon petit gars qui n'a jamais causé de problèmes à personne. Le hockey est devenu un sport si dangereux. Les joueurs sont tellement gros, tellement rapides. Quand je réfléchis à tout cela, je me dis que beaucoup de mauvaises choses nous sont arrivées à cause du hockey, mais aussi beaucoup de belles choses. »
Boum Boum : 3e partie
Elle s'inquiète encore pour Blake. Elle souhaite que les choses se passent bien et qu'il ne conserve pas de séquelles de cet accident. Heureusement, il ne s'est pas apitoyé sur son sort. Il savait qu'il lui fallait prendre une autre direction et c'est ce qu'il a fait.
Aujourd'hui, Marlene Geoffrion, qui a subi une opération à la glande parathyroïde en septembre, écoule une vie harmonieuse entourée de ses enfants. Les grands drames semblent derrière elle à tout jamais. Du moins, elle le souhaite.
« Je n'ai pas eu une vie vraiment tranquille. Elle a été parsemée d'inquiétude parce qu'il survenait toujours quelque chose d'inquiétant, souligne-t-elle. Le hockey a représenté une belle vie pour les femmes. C'était difficile par moment parce que les joueurs, qui voyageaient en train, était souvent absents de la maison, mais il y avait aussi des moments excitants. »
Néanmoins, une saison de 50 buts, deux championnats des marqueurs, six coupes Stanley, une intronisation au Panthéon du hockey et un chandail retiré dans le cas de son mari ne lui font pas oublier que le hockey lui a coûté un père et qu'il a failli emporter son époux et son petit-fils.