Le monde du sport est assez fascinant à plusieurs points de vue. Ce qui m’allume encore beaucoup aujourd’hui, après toutes ces années passées à la description d’événements de toutes sortes (surtout le hockey), c’est de chevaucher entre deux univers qui se rejoignent, en fin de compte, en grande partie par notre travail : celui des athlètes dans leur vie de tous les jours ainsi que celui des amateurs et partisans avec leurs attentes et leur passion.

Eller nous a raconté avec une sincérité indéniable que ce n’est pas le nombre de victoires et le record qui peut en découler qui motive le plus les joueurs du Canadien présentement. C’est plutôt la volonté absolue que le plaisir qui accompagne ces victoires répétées se poursuive, ce plaisir de faire partie d’une formation où tous ses membres apportent une contribution précieuse à un moment ou un autre, ce plaisir de trouver des ressources insoupçonnées pour transformer une mauvaise performance en victoire, comme ce fut le cas samedi contre les Leafs. « Rien de tel que le plaisir de gagner pour cimenter l’esprit d’équipe », a-t-il lancé au cours de la discussion.

Au moment d’écrire ces lignes, nous volons plein ouest, à plus de 30 000 pieds, en route vers Vancouver. Quand les joueurs sont montés dans l’avion, la sérénité était palpable. Pas de grands éclats, pas de grands cris, un rire ici et là, mais surtout une forme de quiétude qui se détecte facilement du regard, la quiétude des bonnes équipes qui savent éviter les écarts sur le plan émotif et qui gardent les deux pieds sur terre. Si les partisans sont assoiffés de victoires et présentement, de records, les joueurs du Canadien, eux, se sustentent quotidiennement du simple et pur plaisir d’aller « au bureau ».

Finalement, le seul lien commun entre les deux clans est que ni l’un ni l’autre ne veut que ça cesse!

Les « bouées de sauvetage »

Quand une équipe de hockey est vulnérable, un soir en particulier, elle ne peut que se rabattre sur les « bouées de sauvetage » bien connues pour espérer battre l’adversaire.

L’une de ces bouées, c’est le gardien de but. Depuis quelques années et particulièrement depuis la saison dernière, le Canadien est servi mieux que n’importe quelle équipe à ce chapitre grâce au jeu exceptionnel de Carey Price. Contre Toronto, Price a encore une fois sauvé le match à plusieurs moments clés et ses 49 arrêts sur 52 tirs furent l’ingrédient principal de ce triomphe inespéré.

ContentId(3.1158538):Maple Leafs 3 - Canadiens 5
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Il y aussi les unités spéciales et particulièrement le jeu de puissance. Et de ce côté, il commence à se dessiner une jolie différence par rapport aux dernières saisons. Avec encore deux buts en supériorité samedi, le Canadien a haussé son efficacité à 22,8 % et figure maintenant au 8e rang dans la Ligue nationale. C’est un contraste assez net avec le 16,5 % et le 23e rang de la saison dernière. Ces deux buts furent marqués à des moments déterminants, le premier pour donner le ton au match et le deuxième, à la toute fin de la deuxième période, faisant ainsi payer au Leafs le geste irréfléchi de Dion Phaneuf à l’endroit de Dale Weise.

« Il faut se le dire, nous allons voir le meilleur de chaque équipe adverse. Il faut en être conscient. Elles vont vouloir nous affronter », disait Michel Therrien après la rencontre de samedi. Cela veut dire que non seulement les plans de match seront articulés en conséquence, mais que les adversaires déploieront une énergie supplémentaire pour vaincre le Canadien. Comme l’ont fait d’ailleurs très bien les Leafs, de l’aveu même de l’entraîneur du Canadien. Or, de cette énergie découle forcément un risque de pénalités plus élevé. D’où la nécessité de se rabattre au moment opportun sur le jeu de puissance!

Les tirs de P.K.

Petite observation en terminant. Combien de tirs P.K. Subban avait-il effectué avant le match de samedi? Un total de 17 en huit matchs, ce qui représente une moyenne très ordinaire d’à peine deux par rencontre. Contre Toronto, il en a effectué cinq directement sur le gardien, en plus d’en diriger brillamment un autre sous forme de passe pour le but de Gallagher, en supériorité. Malgré un rendement de -2, il fut un artisan de premier plan dans ce gain du Tricolore.

On peut comprendre Subban de vouloir bien faire sur tous les aspects du rôle de défenseur. On peut le comprendre aussi de vouloir participer à la diversification du jeu de puissance de son équipe. Mais si ses tirs sont souvent prévisibles, ils demeurent nettement supérieurs à la moyenne, tant sur le plan de la force que sur le plan de la précision.

Il devrait peut-être utiliser cette arme plus souvent, sans en abuser!