Je m’attendais à beaucoup de la part du Canadien à Boston.

 

Fraîchement libéré d’un rôle de centre qui ne lui va pas du tout, je m’attendais surtout à voir Jonathan Drouin sillonner la glace du TD Garden comme Mathew Barzal des Islanders a sillonné la patinoire du Centre Bell lundi. Je m’attendais à le voir demander la rondelle, contrôler la rondelle, passer la rondelle et tirer la rondelle de brillante façon à chacune de ses présences.

 

Pour être franc, je m’attendais à ce que Drouin marque un, deux, voire trois buts dans le cadre d’une victoire du Canadien aux dépens de ses rivaux de Boston.

 

Le 15 novembre, après leur 17e match, les Bruins étaient sous la barre des ,500 avec une fiche de 6-7-4. Depuis, ils n’ont encaissé que trois défaites en temps réglementaire. Trois!

 

Leur victoire aux dépens du Canadien a haussé  à 19 gains, trois défaites en temps réglementaire et quatre en prolongation ou tirs de barrage leur fiche lors des 26 dernières parties. Une séquence qui les a non seulement promus au deuxième rang dans la division Atlantique, mais qui pourrait leur donner l’occasion de rejoindre le Lightning de Tampa Bay si jamais les Bolts manquaient d’énergie d’ici la fin de la saison.

 

Les Bruins sont solides à toutes les positions, dans toutes les facettes du jeu. Zdeno Chara, que plusieurs croyaient fini il y a deux ans, a relancé sa carrière en profitant du talent et de la jeunesse de Charlie McAvoy. Patrice Bergeron (deux passes hier) est l’un des joueurs les plus complets de la Ligue. David Krejci (un but, une passe hier) est de retour en forme et en santé – il a aussi gagné 16 des 20 mises en jeu qu’il a disputées soit 80 % d’efficacité. Brad Marchand a marqué son 19e de la saison hier en plus d’ajouter sa 24e mention d’aide. David Pastrnak a des mains magiques alors que les gardiens Rask et Khudobin sont solides devant le filet.

 

En plus d’être talentueux, les Bruins travaillent, ils travaillent fort, ils travaillent bien. Bien hâte de voir où tout cela les mènera...

 

Un but à l’image de la saison

 

Il y a plus de choses qui vont mal ou très mal chez le Canadien cette saison que de choses qui vont bien. Je ne vous apprends rien ici. Le premier but des Bruins a toutefois très bien illustré les ennuis du Tricolore cette saison.

 

En possession de la rondelle, derrière Carey Price, Max Pacioretty a manqué cruellement de conviction. Il a joué du bout du bâton ce qui a permis à David Pastrnak, même s’il était sur les genoux, de lui voler la rondelle. Au même moment, Jeff Petry, qui a inventé plusieurs façons de se mettre dans le pétrin cette année, a vu la lame de son bâton se coincer entre deux baies vitrées. Plus préoccupé par le mauvais sort qui lui tombait dessus que par le déroulement du match, Petry n’a pas le moindrement tenté de nuire à Pastrnak ou à Marchand qui s’est emparé de la rondelle, qui l’a remise rapidement à Bergeron qui a tout aussi rapidement rejoint Pastrnak qui, une fois de retour sur ses patins, s’est rendu à la droite de Carey Price qu’il a déjoué avant que le gardien n’ait le temps de comprendre ce qui arrivait.

 

Sur ce but, le Canadien a multiplié les cafouillages alors que les Bruins ont multiplié les échanges précis et vifs. Oui Boston a joué un peu de chance. Mais les Bruins ont su en profiter.

 

Quand on parle de bonnes et de mauvaises exécutions, les Bruins et le Canadien nous ont donné des exemples parfaits.

 

Un premier but pour Jerabek

 

Débarqué de sa Tchéquie natale avec la réputation d’être l’un des meilleurs défenseurs offensifs de la KHL l’an dernier, Jakub Jerabek a mis du temps avant d’éclore.

 

Après avoir récolté ses deux premières passes de la saison, lundi, lors de la visite des Islanders au Centre Bell, le défenseur tchèque a marqué son premier but mercredi. Son voisin slovaque Zdeno Chara l’a aidé en faisant dévier la rondelle derrière Tuukka Rask, mais on n’enlèvera pas à Jerabek le mérite d’avoir décoché un bon tir.

 

Après 19 matchs avec le Tricolore, comment peut-on analyser le travail de Jerabek? On peut lui accoler l’étiquette d’être une version améliorée de Joe Morrow.

 

Comme Morrow, Jerabek a des aptitudes offensives évidentes. Défensivement, c’est périlleux. Les décisions sont trop souvent déficientes et la conviction n’est pas assez souvent au rendez-vous.

 

Mais bon. Il n’a que 19 matchs d’expérience dans la LNH. On va lui offrir la chance d’améliorer l’aspect global de son jeu. Pour l’instant, il stagne au sein du groupe de défenseurs de soutien qui ne soutiennent pas assez du Canadien...

 

Hommage réservé à Claude Julien

 

L’annonce de la retraite prochaine de René Rancourt qui interprète les hymnes nationaux aux matchs des Bruins depuis trop longtemps, et l’hommage rendu par les Bruins à Claude Julien sont les deux faits saillants à retenir de la première escale du Tricolore à Boston cette saison.

 

ContentId(3.1260525):Canadiens : les Bruins rendent hommage à Claude Julien (LNH)
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Je pourrais ajouter quelques bons arrêts de Carey Price qui, avec Brendan Gallagher et les joueurs du Canadien, est l’un des rares à s’être présenté mercredi.

 

Mais bon...

 

Julien a connu de très beaux et bons moments avec les Bruins au cours de ses 10 ans derrière leur banc. Il a ramené la coupe Stanley à Boston en 2011; il est allé une autre fois en grande finale en 2013 (Chicago); il a gagné le trophée Jack Adams (2009); il s’est hissé au premier rang de l’histoire des Bruins avec 419 victoires.

 

Il a aussi appris à composer avec la critique, la pression et les nombreuses rumeurs de congédiement. Des épreuves qui le serviront à Montréal alors que le présent de son équipe est loin d’être brillant et que le futur proche semble peu reluisant.

 

Au-delà l’hommage que lui a offert la direction des Bruins, ce sont les commentaires élogieux des joueurs importants de son ancien club qui ont le plus marqué son retour au Garden. Alors que plusieurs partisans échaudés avec raison par les insuccès du Tricolore au fil des dernières années remettent déjà en question les qualités de Claude Julien, les éloges des Marchand, Bergeron et autres leaders des Bruins devraient calmer la grogne et la diriger davantage du côté des joueurs qui sous performent que du côté du système qui leur ait proposé.

 

Portrait des séries

ContentId(3.1260553):Canadiens 1 - Bruins 4
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Je crois encore qu’il faudra autour de 95 points pour accéder aux séries à titre de club repêché dans l’Est. Mais bon, pour le moment, le total oscille davantage autour de 91 points que 95.

 

Bonne nouvelle pour le Canadien?

 

Oui certainement. Mais on est encore loin d’une nouvelle suffisamment bonne pour raviver les espoirs d’accéder aux séries.

 

Le Canadien revendique 42 points en 45 matchs. On peut d’ores et déjà dire adieux à l’une des trois premières positions dans la division atlantique. En fait, cette conclusion est tombée avant les Fêtes...

 

Pour se rendre à 95 points, le Canadien aura besoin de récolter 53 points en 37 matchs. Il aurait donc besoin d’une fiche qui ressemblerait à 24-8-5. Vous comprenez pourquoi j’utilise le conditionnel...

 

S’il n’a besoin que de 91 points, cette fiche devrait ressembler à 22 victoires, 10 revers en temps réglementaire et cinq autres en prolongation ou tirs de barrage.

 

Peut-être que certains d’entre vous y croient encore, mais de mon côté j’ai cessé d’y croire depuis un bon moment. Des revers vendredi à Washington et samedi alors que les Bruins reviendront au Centre Bell pour un deuxième samedi de suite, devraient venir à bout des espoirs des partisans qui y croient encore... ne serait-ce qu’un peu!


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