MONTRÉAL –  Difficile de ne pas dresser de parallèle entre Martin St-Louis et Cole Caufield. Le nouvel entraîneur du Canadien deviendra une ressource inestimable pour le développement du jeune attaquant, mais St-Louis devra aussi relancer les vétérans du club. 

En raison de leur physique semblable, on présume que Caufield est enchanté à l'idée d'apprendre auprès de St-Louis. Les deux athlètes partagent bien des similitudes, mais également des différences. 

« C’est un jeune qui a eu beaucoup de succès toute sa vie jusqu’à cette année. C’est difficile d’avoir des obstacles. Pour moi, les obstacles sont la première étape pour grandir comme joueur. Je suis très confiant qu’il va continuer à grandir comme joueur. Comment il se sent présentement? Je suis certain que ce n’est pas très bien. Mais je vais travailler avec les jeunes et je vais essayer de l’aider. Je dois le voir tous les jours avant de savoir s’il doit retourner dans les mineures », a répondu St-Louis. 

Si Caufield pourra apprendre une panoplie de trucs de son nouvel entraîneur, St-Louis aura passablement de pain sur la planche avec des vétérans. Ils sont nombreux à avoir affiché un rendement décevant pour ne pas dire qu’ils avaient largué Dominique Ducharme. 

Avec les standards qu’il s’imposait, Martin St-Louis ne voudra pas que ça se poursuive. 

« Je vais être un entraîneur très exigeant, mais juste. Je ne parle pas juste physiquement, mais mentalement aussi dans le sens de comprendre le jeu. Ce sera à moi de leur donner les outils pour qu’ils y arrivent. Ça prendra de la collaboration avec les joueurs et les entraîneurs. Je n’ai pas tout le temps les réponses, mais je sais que je les trouve toujours », a exprimé St-Louis à propos de son approche.   

En même temps, St-Louis comprend très bien qu’il ne peut pas débarquer avec le fouet à la main. Son ami et ancien coéquipier Éric Perrin racontait d’ailleurs à l’Antichambre que St-Louis adorait s’amuser avec ses coéquipiers tout en sachant quand inciter le groupe à tomber en mode plus sérieux. 

« S’il y a une chose dont cette équipe a besoin, c’est de s’amuser et ces joueurs s’amusaient au niveau pee-wee donc je suis sûrement la personne la plus qualifiée présentement », a-t-il noté avec humour. 

S’éloigner de la structure rigide d’un système

Durant ce premier point de presse, St-Louis a pu dévoiler une partie de sa vision d’entraîneur. 

« J’ai une bonne idée de ce qui se passe dans la LNH. Il y a plusieurs manières de jouer, mais il faut que tous les joueurs le fassent ensemble. J’ai un plan dans ma tête et ça fait longtemps que je le prépare. Mais je vais intégrer le tout une étape à la fois, parce que je ne veux pas qu’ils pensent trop sur la patinoire et qu’ils s’amusent. Je veux que les gars soient concentrés mentalement et développer leur compréhension du jeu d’équipe », a proposé St-Louis. 

Plus concrètement, il y est allé de deux observations très intéressantes. En premier lieu, il croit aux concepts de jeu plutôt qu’à l’implantation d’un système. 

« Les concepts reposent plus sur les instincts et le système place davantage les joueurs dans une structure rigide. C’est une chose que je détestais quand je jouais. Les meilleurs joueurs vont faire les bonnes lectures et un système leur enlève ça. Je préfère qu’un joueur fasse une mauvaise lecture que de ne pas en faire », a détaillé St-Louis. 

Les partisans doivent espérer que cette méthode facilitera la vie de certains joueurs qui semblaient perdus sur la patinoire cette saison. 

« Les gens regardent surtout ce qui se passe avec la rondelle, c’est spectaculaire de voir ce que les joueurs talentueux font avec la rondelle. Mais le hockey se joue sans la rondelle, tu n’y touches pas souvent. De ne pas être créatif comme un joueur étoile avec la rondelle, ça ne m’inquiète pas, mais si tu es capable d’être à la bonne place, sans la rondelle, à la bonne vitesse, tu vas y toucher beaucoup plus. Ma philosophie est d’enseigner beaucoup plus le jeu sans la rondelle », a précisé le nouvel entraîneur. 

Le dossier des statistiques avancées a été soulevé autant par Hughes et Gorton qui veulent augmenter son accent chez le Canadien. Le nouvel entraîneur n’a rien contre cette avenue, mais il a mentionné qu’il allait avant tout se fier sur ce qu’il a observé sur la glace. 

Convaincu de rallier les vétérans 

St-Louis, qui prétend ne pas arriver comme un dictateur ou un gars borné, semble croire qu’il peut relancer des vétérans – disons comme Jeff Petry – sans les retirer de la formation. 

« Je suis certain que j’ai l’appui de faire ce que je veux, mais beaucoup de choses devront arriver pour qu’ils aillent dans les gradins. Je suis très positif et convaincant donc je suis persuadé que je vais être capable de les amener de mon côté et les faire travailler à leur maximum », a répondu St-Louis. 

Il avance que la culture inculquée et un environnement sain permettent aux joueurs d’offrir un haut niveau de compétition. 

« C’est aussi leur propre fierté, ils font mal à leur carrière et à leur image quand leur niveau d’efforts baisse », a visé celui qui accorde beaucoup de respect à John Tortorella pour la culture qu'il implante dans ses équipes.  

« Il faut les inspirer un peu, les motiver. C’est la LNH et ils devraient faire de leur mieux lors de chaque match. Je veux qu’ils retrouvent l’excitation de jouer. Oui, ils ont traversé des périodes difficiles, mais je veux les inspirer et je crois que c’est l’une de mes forces », a soutenu St-Louis qui décidera de l'identité de ses adjoints s'il conserve le poste la saison prochaine.

Aux yeux de Kent Hughes, le directeur général, St-Louis est la personne tout indiquée pour transmettre la culture appropriée. 

« Que ce soit comme entraîneur ou autre, on veut attirer des gagnants, des travaillants et des passionnés qui ont de bonnes têtes de hockey. Cette décision est plus basée sur les qualités de l’entraîneur et le développement de nos joueurs que son expérience derrière un banc », a ciblé Hughes qui le décrit comme un esprit très analytique. 

« C’est le temps que notre équipe démontre qu’on ne va pas abandonner. Oui, on ne participera pas aux séries, mais on ne va pas lâcher », a évoqué Hughes. 

St-Louis ne connaît pas ce terme et ça explique notamment pourquoi il n’est pas effrayé par le marasme dans lequel le Canadien est plongé. 

« J’ai toujours aimé les défis même si je sais que ce que j’ai accompli sur la patinoire ne garantit pas que je serai un bon entraîneur. Mais j’en mange du hockey, c’est le Canadien de Montréal et je suis l’entraîneur-chef. Ce sont deux très bonnes raisons pour arrêter tout ce que je faisais et passer moins de temps en famille. Je ne m’arrête pas à la position du Canadien. Si tu n’es pas prêt à surmonter des obstacles ou des choses difficiles, tu n’as pas la chance de grandir comme humain », a conclu St-Louis.