BROSSARD – À peu près à pareille date l’année dernière, Dale Weise marquait le but le plus important de sa carrière. À son premier match de séries dans l’uniforme du Canadien, il touchait la cible en prolongation pour permettre à son équipe d’enlever le premier match du duel qui l’opposait au Lightning de Tampa Bay.

Dans deux jours, Weise et ses coéquipiers se retrouveront dans un décor similaire alors qu’ils accueilleront les Sénateurs d’Ottawa pour le lancement d’un nouveau parcours éliminatoire. L’énergique attaquant aimerait bien évidemment apposer de nouveau sa signature au bas du script qui déterminera l’allure du reste de la série, mais d’un point de vue général, il doute que le scénario soit le même.

Le Canadien avait balayé le Lightning le printemps dernier. Weise ne croit pas que les Sénateurs rendront les armes aussi facilement cette année.

« Ça sera une série très serrée. Je ne serais pas surpris de la voir se prolonger jusqu’à un sixième ou septième match, a prédit le numéro 22. Quand vous jouez avec autant de confiance, comme le font les Sénateurs, vous vous sentez presque invincibles. C’est tout un défi qui nous attend. »

Les chiffres fournis par le classement final de la saison régulière placent le Canadien dans le siège du conducteur. Les hommes de Michel Therrien ont clôturé le calendrier avec une récolte de 110 points, s’assurant d’une place en séries deux semaines avant que la saison n’arrive à terme. Les Sénateurs, à l’opposé, ont dû se battre jusqu’à la toute fin pour assurer leur survie. Leurs 99 points leur ont permis de se classer parmi les deux équipes repêchées dans l’Est.

Mais ce tableau laisse en plan une importante partie de l’histoire. Les Sénateurs ont été transformés par l’arrivée de l’entraîneur Dave Cameron derrière le banc de l’équipe. Depuis que ce dernier a succédé à Paul MacLean le 8 décembre, ils ont montré une fiche de 32-15-8. Ils ont aussi gagné 20 de leurs 23 matchs depuis que le gardien Andrew Hammond est sorti de l’anonymat pour venir écrire l’une des histoires les plus improbables de la dernière année dans la Ligue nationale.

Et les Sens ont les nerfs solides. Ils ont manœuvré le dernier droit de la saison en gagnant six de leurs sept derniers matchs, dont quatre en prolongation ou en fusillade. La pression, ils connaissent.

Toutes ces raisons ont déjà incité de nombreux experts à oser prédire une élimination-surprise du Canadien au cours des prochaines semaines.

« Je crois que nous sommes les négligés, approuve Weise sans hésiter. Ils nous ont battus trois fois sur quatre cette saison et forment l’équipe de l’heure dans la LNH. Je ne les vois pas du tout comme les négligés. »

« Je n’ai jamais prêté trop d’attention à ce genre de prédiction, avance pour sa part Brendan Gallagher, qui n’a pu s’empêcher de ricaner en étant mis au courant de l’évaluation de son coéquipier. Des paroles, ça reste des paroles. Ça vaut ce que ça vaut. On sait tous que le plus important se décide sur la glace. L’équipe qui bataillera le plus fort pendant sept matchs sera celle qui aura le dernier mot. »

« Favoris ou pas, ça c’est le jeu des journalistes, a statué Therrien. On n’embarque pas là-dedans, nous autres. La seule chose sur laquelle on se concentre, c’est le premier match, celui de mercredi. On ne pense même pas à ce qui va arriver à la fin. On se concentre sur le moment présent. »

Plus de surprises

Les Sénateurs ont remporté les trois derniers matchs entre les deux équipes, dominant par un pointage cumulatif de 13-5.

Le 15 janvier, le petit bourreau du Canadien, Jean-Gabriel Pageau, avait inscrit un but et une aide dans une victoire de 4-1 des Sénateurs, qui peinaient alors à garder leur fiche au-dessus de ,500. C’est Dustin Tokarski qui gardait le filet des perdants ce soir-là.

Un mois plus tard, le 18 mars, le « Hamburglar » commettait son premier larcin. À ses débuts dans la LNH, Hammond réalisait 42 arrêts pour remporter contre toute attente son duel face à Tokarski. Mark Stone, qui s’est depuis imposé comme l’attaquant le plus menaçant des Sens, avait terminé le match avec trois points.

« Il a arrêté beaucoup de rondelles et s’est avéré être une véritable inspiration pour cette équipe, a dit Therrien au sujet de Hammond lundi. Ce sera un défi exigeant, on le sait tous. Mais honnêtement, je ne suis pas ici pour parler des Sénateurs. »

Finalement, le 12 mars, le Canadien s’était emparé d’une avance de deux buts dans les neuf premières minutes de jeu, seulement pour s’effondrer lamentablement et finalement s’incliner 5-2. C’était le début d’une séquence de sept victoires pour Ottawa, qui n’a depuis perdu que quatre matchs. 

« Ils se battaient pour leur survie. Ils étaient probablement un peu plus désespérés que nous et ils méritaient de gagner chacun de ces matchs, tranche Gallagher dans un instant de rétrospection. Ça sera une clé pour nous dans cette série : il faudra égaler leur niveau d’intensité, jouer avec autant d’abandon. »

« C’est évident que leur gardien a accompli quelque chose d’assez spécial. À la défense, Erik Karlsson est incroyable, et en attaque, Mark Stone est en feu comme ça ne se peut pas. Mais ils ont aussi beaucoup de profondeur et comme nous, ils forment une équipe très rapide. Ça sera une confrontation palpitante », anticipe Weise.

Sept joueurs de l’édition actuelle du Canadien ont vécu la poignée de main qui avait suivi l’élimination en cinq matchs aux mains des Sénateurs il y a deux ans. Carey Price, Lars Eller et Brandon Prust n’avaient pas eu à vivre ce supplice, mais seulement parce qu’ils étaient tombés au combat au cours de la bataille.

Ce noyau a aussi vécu l’expérience beaucoup plus positive de l’an dernier, un parcours qui s’était arrêté à deux petites victoires de la finale de la coupe Stanley. À cet égard, Michel Therrien croit que son équipe, même s’il la décrit toujours comme « jeune et en transition » possède l’avantage de l’expérience.

« Ça aide beaucoup d’avoir des jeunes qui ont traversé l’adversité, qui savent comment jouer dans les séries. Ils savent à quoi s’attendre. On s’entend tous pour dire que le niveau de jeu monte en séries, mais pour nos jeunes joueurs, l’effet de surprise ne sera pas là. »