Pendant que quelques coéquipiers s'échangeaient un ballon de soccer, comme c'est leur habitude avant un match, P.K. Subban était retranché en solitaire dans un coin plus tranquille pour s'imposer une préparation mentale qui allait plus tard porter ses fruits.

Tuque du Canadien enfoncée sur la tête (par une température de plus de 20 degrés à l'extérieur), puissants écouteurs sur les oreilles, il marchait d'un pas énergique vers l'avant en faisant de grandes enjambées. Puis, il reculait au même rythme avant de repartir de plus belle, cette fois en levant la jambe très haut à chaque pas. Il semblait survolté, totalement dans sa bulle, comme s'il cherchait à chasser l'énorme tension qui pesait lourd sur ses épaules depuis deux jours.

Le directeur général Bryan Murray, qui a réclamé haut et fort une suspension pour Subban, a probablement très mal encaissé la situation en assistant à la performance spectaculaire de cette boule d'énergie et surtout à son but que peu de gardiens auraient pu éviter. Subban a donc pleinement profité de la chance qu'on lui a donnée de participer à ce deuxième match. La clémence de la ligue a semblé lui avoir donné des ailes.

Le gardien Andrew Hammond, bombardé de 42 tirs, a donné tout ce que son talent limité lui a permis d'offrir. Il n'a pas très bien paru sur le but gagnant d'Alex Galchenyuk en prolongation, mais il vient de disputer deux matchs sous une pression énorme et dans un édifice pas très hospitalier à l'heure des séries. Peut-être a-t-il atteint la limite de ses capacités dans un moment où on s'attend à ce qu'il fasse toute la différence. C'est beaucoup lui demander, on le comprendra.

Le Canadien, qui a eu chaud, pourra maintenant jouer d'une façon un peu plus détendue à Ottawa parce que le but de Galchenyuk a fait basculer toute la pression dans le camp adverse. Pour le Canadien deux revers à Ottawa ne seraient pas une catastrophe. Pour les Sénateurs, une défaite de plus les rapprocherait d'une fin de saison beaucoup plus hâtive que prévu.

Ce qui n'est pas très rassurant pour les Sénateurs, c'est de réaliser que le Canadien s'est emparé des deux premiers affrontements sans que Carey Price, qui est le coeur et l'âme de l'équipe, ait eu à se distinguer selon les hauts standards qui ont marqué son éblouissante saison.

Le retour de Pacioretty, le brio de Subban et le but gagnant de Galchenyuk ont rejeté dans l'ombre le match du tonnerre disputé par Brendan Gallagher qui a obtenu neuf tirs et préparé le but en prolongation. David Desharnais a orchestré les deux premiers buts et Devante Smith-Pelly, qui aurait pu marquer deux ou trois buts s'il avait eu le compas dans l'oeil, a certes disputé son meilleur match dans son nouvel uniforme.

Il y a eu beaucoup de points positifs pour le Canadien jusqu'ici. C'est parfois dangereux quand tout baigne dans l'huile. On verra dimanche soir si la bande de Michel Therrien se comportera comme une équipe qui se croit arrivée.