Chez les partisans du Canadien, on craignait les Sénateurs bien avant qu'on laisse tomber la toute première rondelle. Leur tour de force des 10 dernières semaines les avait laissés craintifs. On ne s'en n'était pas caché, on aurait préféré un autre adversaire que celui-là.

Puis, contre toute attente, le Canadien s'est retrouvé en avant 3-0 dans la série. C'était dans la poche, croyait-on. Jamais les Sénateurs n'arriveraient à battre Carey Price quatre fois de suite pour garder vivante leur incroyable séquence de succès. Quand ils en ont gagné deux contre le gardien par excellence de la ligue, le doute et la crainte, dans certains cas, ont vite refait surface.

C'était primordial qu'il frappe le premier pour faire tourner la chance, pour se redonner une certaine contenance et pour améliorer ses chances d'en finir avec un adversaire extrêmement coriace.

Et comme il y a parfois une justice quelque part, l'unique but de cette grande bataille a été celui de Brendan Gallagher qui, et de loin, est celui qui a joué de la façon la plus inspirante, du premier au dernier match. Il s'est sacrifié durant la série. Il s'est posté constamment là où ça fait mal dans une tentative pour ennuyer les deux gardiens utilisés par Ottawa. On lui a bûché dessus. Il a frappé à son tour. On l'a souvent fait basculer cul par-dessus tête, mais il s'est toujours relevé pour échanger coup pour coup avec ses assaillants. Les Sénateurs l'ont eu dans la face durant toute la série.

Ce fut David contre Goliath. Avec ses 5 pieds 9 pouces et ses 180 livres, Gallagher a tenu tête au défenseur Marc Methot qui, du haut de ses 6 pieds 3 pouces et de ses 230 livres, en a eu plein les bras contre lui.

Plus important encore, Gallagher a accompli sa mission sans écoper d'une seule pénalité, lui qui a été un joueur marqué par les officiels durant toute la saison. Il n'a pas volé son statut de héros dans un match de cette importance.

De son côté, le franc-tireur par excellence de la saison, Max Pacioretty, dont le jeu a été étrangement effacé durant la série, a été légèrement plus visible. Ses meilleurs moments, il les a connus dans un rôle défensif, notamment durant les désavantages numériques. Les Sénateurs ont été blanchis en quatre attaques massives.

Comme premier test, c'en fut tout un

Grâce à un départ fulgurant qui leur avait permis d'arracher les trois premières victoires, les joueurs du Canadien avaient rêvé secrètement d'une longue période de repos avant de pouvoir affronter le gagnant du duel Detroit-Tampa. L'arrêt sera plus court que prévu, mais suffisamment long pour soigner quelques blessures et refaire le plein d'énergie après la guerre de tranchées qu'ils viennent de gagner.

Les équipes qui bataillent dans les séries éliminatoires font face à d'énormes défis. Le Canadien vient d'en relever tout un et il faut s'attendre à ce que la suite des choses ne soit guère plus reposante.

Mais un match à la fois, comme dirait l'autre. Rappelons-nous les petits miracles de 1986 et de 1993. Il y avait Casseau dans le temps. Aujourd'hui, c'est Price.

Suffit d'avoir la foi.