BROSSARD – Michel Therrien affirme que la décision appartient à P.K. Subban, qui répète quant à lui à qui veut l’entendre que le dernier mot reviendra aux médecins qui supervisent sa remise en forme.

Le Canadien retrouvera-t-il son défenseur vedette d’ici la fin de la saison? Avec huit matchs à jouer d’ici la fin du calendrier, la question génère des réponses variables, mais toutes aussi vagues.

Subban a semblé franchir une étape supplémentaire vers un éventuel retour au jeu, mercredi, alors qu’il s’est entraîné avec un chandail de couleur uniforme au reste du groupe, un détail signifiant qu’il était désormais prêt à encaisser des contacts. Au terme de la séance, il a toutefois révélé qu’il ressentait toujours des symptômes de la blessure au cou qui l’a forcé à quitter le Centre Bell sur une civière le 10 mars et qu’il continuerait de suivre les directives du personnel médical de l’équipe en attendant de recevoir le feu vert.

Rayé de la formation depuis six matchs, le numéro 76 prévoyait faire le voyage à Detroit avec le reste de ses coéquipiers, mais il est déjà établi qu’il n’affrontera pas les Red Wings jeudi soir.

« Au lendemain de ma blessure, ma priorité était de jouer le samedi suivant, d’être immédiatement de retour dans la formation. Mais dans une situation comme celle-là, j’ai compris qu’il me fallait suivre les conseils des médecins et présentement, je dois y aller un jour à la fois. C’est la première fois de ma carrière que je suis inactif en raison d’une blessure et chaque match qui passe me rend de plus en plus anxieux. Mais je ne veux pas revenir à moins d’être à 100 %. »

Même s’il patine sans restriction visible, Subban affirme qu’il ne peut toujours pas bouger la tête avec l’aisance dont il a besoin pour faire son travail sans craindre pour sa santé.

« Je ne veux pas me placer dans une situation où je pourrais me faire frapper et empirer mon cas, a-t-il plaidé. Ce n’est pas évident d’être sur la glace sans pouvoir regarder complètement par-dessus son épaule. Avec la vitesse du jeu de nos jours, je ne peux me permettre de perdre cette demi-seconde qui peut mener soit à un but, soit à une autre blessure. La ligne est mince, surtout pour quelqu’un comme moi qui joue de manière si instinctive. J’aime mieux savoir que ma place revient à un joueur en santé qui mérite cette opportunité que de mettre mon équipe à risque. »

Subban s’est entraîné pour la première fois en solitaire jeudi dernier, une semaine après avoir été mis K.-O. par contact avec son coéquipier Alexei Emelin. Ses sessions quotidiennes à Brossard lui ont déjà permis de retrouver sa capacité cardio-vasculaire d’antan.

« Ça m’a probablement pris deux pratiques pour retrouver mes poumons. Je suis chanceux, il n’y a pas beaucoup de gars ici qui jouent 29 ou 30 minutes par match, alors on pourrait dire que j’ai des poumons de tricheur. Je patinais avec Sven [Andrighetto] tantôt et il s’étonnait que je ne sois pas plus fatigué. Je lui ai dit : "Ghetto, j’ai quelques minutes de plus que toi dans le corps cette saison!" Le reste, c’est une question de retrouver mon synchronisme en attendant de recevoir le feu vert. »

Pendant que son entraîneur insinue que la balle est dans le camp de son défenseur, on croit comprendre que Subban adopterait une approche différente si son équipe se battait pour une place en séries. Mais pour l’instant, l’ancien gagnant du trophée Norris ne veut même pas se commettre quant à une participation probable au match de samedi contre les Rangers de New York.

« Immédiatement après ma blessure, j’ai essayé de cibler des matchs pour un retour au jeu seulement pour me rendre compte que ça ne fonctionnait pas de cette façon. […] J’ai joué malgré de nombreuses blessures au cours de ma carrière. C’est dans ma nature de jouer sans me poser de questions. Mais dans les circonstances, avec le nombre de matchs qu’il nous reste, je vais écouter les médecins. »

Des raisons d’avoir peur

Subban, qui s’adressait aux médias pour la première fois depuis sa sortie dramatique contre les Sabres de Buffalo, a aussi partagé ses souvenirs d’une soirée « effrayante ».

« On m’a toujours appris à ne pas rester étendu sur la glace quand quelque chose survient. Mais quand tu commences à ressentir des sensations bizarres dans tes mains, ça fait peur. Dès que j’ai vu [le thérapeute sportif] Graham [Rynbend] au-dessus de moi, je me suis dit que j’étais probablement mieux de rester couché. »