N’en déplaise à ses détracteurs, Carey Price n’est peut-être pas encore fini après tout.

 

Et tous ceux qui clament depuis une semaine qu’ils n’arrivent pas à se souvenir d’une bonne sortie du gardien de 10,5 millions $, qui n’arrivent pas à se souvenir de la dernière fois que le « meilleur gardien au monde » a volé une victoire pour le compte de son équipe, qui n’arrivent pas à se souvenir du dernier match au cours duquel Price n’a pas accordé au moins un mauvais but, eh bien tous ces détracteurs à la mémoire sélective pourront difficilement balayer du revers de la main la performance du gardien du Canadien jeudi à Calgary pour appuyer leurs prétentions.

 

Quoi que certains seront peut-être tentés de le faire…

 

Anyway!

 

Carey Price a été sensationnel dans la victoire de 3-2 qu’il a signée aux dépens des Flames. Une victoire aux allures de vol. Purement et simplement.

 

Une victoire marquée de 43 arrêts dont 17 au cours de la seule période médiane. Période au cours de laquelle les Flames auraient pu marquer deux, trois, voire quatre buts de plus que les deux qu’ils ont enfilés alors que Price était littéralement abandonné par son équipe.

 

Après le match affreux disputé mardi à Edmonton, on s’attendait pourtant à ce que le Canadien soit meilleur jeudi à Calgary. Au moins défensivement.

 

Il ne l’a pas été. Surtout défensivement. Désorganisée, dépassée, essoufflée, la défensive a été une fois encore très généreuse. Trop en fait. Beaucoup trop.

 

Arrêts, poteaux et un peu de chance

 

À un moment donné en deuxième, lorsque les Flames ont comblé le recul de 0-1 pour prendre les devants 2-1, j’ai cru que tout allait basculer. J’ai cru que Price, bon jusque-là, très bon même, allait tout foutre par-dessus bord en pensant à l’hystérie collective qui le guettait s’il encaissait une autre défaite.

 

C’est tout le contraire qui est arrivé.

 

S’il n’avait pas eu à réaliser de miracle jusque-là, Price en a réalisé un, ou deux ou trois ensuite. Il a été aidé par ses poteaux. Il a même joué de chance une fois, peut-être deux, voire trois alors que la rondelle l’a touché plus qu’il est allé la chercher.

 

Mais peu importe les moyens, Price a fait les arrêts. Il les a multipliés. Se faisant il a gardé son équipe dans le coup. Une équipe qui a repris vie en troisième période pour marquer deux fois et réaliser sa troisième remontée gagnante en troisième période de la saison. Trois remontées gagnantes contre quatre revers en même circonstance. Une statistique impressionnante.

 

Carey Price n’avait pas le droit à l’erreur jeudi.

 

Il se devait non seulement de bien garder les buts, mais il devait aussi gagner. Il devait surtout éviter comme la peste le moindre signe de mauvais but accordé afin de calmer la grogne soulevée par ses performances en deçà des attentes, de sa réputation, de son contrat et de son statut de pierre d’assise du Canadien.

 

Pour toutes ces raisons, la performance de Price jeudi soir était nécessaire. Tout comme la victoire.

 

Si cette performance et cette victoire aideront Price à attiser sa confiance et permettront à ceux qui croient en lui de raviver leur confiance également, il faudra quand même que ses coéquipiers soient meilleurs devant lui qu’ils ne l’ont été hier.

 

Car des performances étincelantes comme que Price a signée jeudi à Calgary tiennent plus de l’anecdote que d’une tendance lourde. Un gardien, aussi bon soit-il, aussi chèrement payé soit-il, aussi auréolé de compliments – parfois démesurément utilisés il est vrai – ne peut arriver à coller des victoires dans le cadre de matchs aussi poreux défensivement que celui que le Canadien a disputé encore hier.

 

Mais bon! Price devait bien jouer et gagner. Il l’a fait.

 

Il doit maintenant le faire encore. Dès samedi à Vancouver. Et le refaire ensuite. Dès lundi à Montréal contre les Capitals.

 

Car au moindre signe de faiblesse ou de vulnérabilité, les détracteurs reviendront en force pour le hanter et les doutes reviendront s’installer. C’est la rançon de la gloire et du gros contrat qu’il a signé. Mais à un moment donné, il faudra bien collectivement se calmer. Du moins je le souhaite. À moins que ce soit trop demandé…

 

Un cadeau de Smith à Lehkonen

 

L’ironie dans la victoire du Canadien, c’est qu’en plus de devoir une grande part de la victoire aux arrêts de son gardien, il en doit une petite à un cadeau offert par Mike Smith à Artturi Lehkonen.

 

Lehkonen, qui n’avait pas marqué depuis son premier et seul but de la saison marqué lors du tout premier match à Toronto, a enfilé le but gagnant sur un tir anodin qui a déjoué le vétéran

gardien des Flames entre les jambes.

 

Déjà aux prises avec des critiques acerbes en raison de ses contre-performances depuis le début de la saison, Smith n’a rien fait pour aider sa cause. Mais il n’aura certainement pas à essuyer le tsunami de critiques et de remises en question sur son état de santé mental que Carey Price aurait affronté s’il avait accordé un tel but.

 

Je suis peiné pour Smith, un gardien que j’ai toujours trouvé un brin surévalué autour de la LNH, mais qui demeure un gardien 100 brins meilleur que ce qu’il démontre depuis le début de la saison.

 

Quant à Artturi Lehkonen, s’il est clair qu’il a reçu un beau cadeau sur le but de la victoire, il faut aussi admettre que lorsque tu travailles aussi fort qu’il le fait à chacune de ses présences – et ce même s’il a bousillé des dizaines d’occasions en or au fil de sa disette de 17 matchs, la chance doit bien finir pas de sourire un moment donné.

 

Il faut croire que le moment a été de courte durée cela dit, car plus tard dans le match le pôvre Lehkonen, après une très belle pièce de jeu défensive, a raté le filet désert et le but qui aurait permis au Tricolore de souffler un peu en fin de match…

 

En bref

  • En plus de Price, bien sûr, et de Lehkonen qui travaille toujours comme un forçat, Jonathan Drouin a disputé un fort match hier. Et ça dépasse le but égalisateur qu’il a marqué en poussant une rondelle libre dans un filet désert. Drouin a patiné jeudi. Et il ne s’est pas contenté de patiner en direction de la zone ennemie, il est aussi revenu plusieurs fois avec rapidité et fougue en replis défensifs. Ce qui n’arrive pas tout le temps. En fait pas assez souvent...
     
  • Le Canadien a été blanchi en deux attaques massives jeudi. Il n’a pas marqué à ses quatre derniers matchs (0 en 12) et s’est contenté de deux petits buts en 37 occasions à ses 12 dernières parties. Comment diable une équipe qui mène la LNH pour le nombre de buts marqués à cinq contre cinq peut être aussi moribonde offensivement alors qu’elle joue en avantage numérique? Alors que ça devrait pourtant être plus facile? Rapide en transition, rapide en exécution quand il joue bien offensivement, le Canadien joue au ralenti en attaque massive. Il prend tellement son temps qu’il s’endort. En prime, il donne tout le temps au monde à ses adversaires de s’installer et de reprendre son souffle. Rien pour aider le Tricolore à sortir de sa médiocrité à cinq contre quatre. Vivement le retour de Shea Weber...
     
  • Le Canadien a renversé deux tendances avec sa remontée victorieuse de troisième période jeudi. Il a infligé aux Flames une première défaite cette saison (41-0) alors qu’ils amorcent la 3e période avec une avance. En plus, le Canadien a blanchi les Flames qui dominent la LNH avec 29 buts marqués en troisième période depuis le début de l’année. Les Flames avaient un différentiel de plus16 en troisième avant le match alors que le Canadien se contentait d’un différentiel de moins-7. Comme quoi les statistiques offrent des tendances qui ne dévoilent pas toujours toute la vérité...