Même s’il n’a pas donné le moindre coup de patin, Dale Weise a sauvé le spectacle lundi soir au Centre Bell. Stan Bowman mérite également une mention honorable.

Car pendant que le Canadien et les Predators disputaient un match soporifique au cours duquel au moins une spectatrice s’est endormie assise sur son banc – elle a d’ailleurs été présentée en gros plan à l’écran géant – le retrait de Weise de la formation et la présence du directeur général des Blackhawks sur la galerie de presse ont créé une avalanche de rumeurs. Des rumeurs aussi folles les unes que les autres, comme c’est souvent le cas. Mais des rumeurs qui étaient à tout le moins divertissantes. Ce qu’on ne peut pas dire de la rencontre que le Canadien a finalement perdue 2-1 en tirs de barrage.

Dale Weise devait affronter les Predators. Mais lorsque ses coéquipiers ont pris la patinoire d’assaut pour la période d’échauffement, il brillait par son absence et Lucas Lessio patinait à sa place.

À moins d’une semaine de la date limite des transactions, il n’en fallait pas plus pour que le tout Centre Bell conclue qu’il venait d’être échangé. Et comme Stan Bowman et Marc Bergevin venaient de se croiser dans un salon Jacques Beauchamp où les spéculations allaient déjà bon train deux bonnes heures avant le retrait de Weise, il était clair que les directeurs généraux du Canadien et des Hawks avaient conclu une transaction.

La réalité était pourtant bien plus banale.

Dale Weise a été frappé par le virus qui hante bien du monde depuis quelques semaines à Montréal, au Québec et ailleurs sur la planète hockey. Plus virulent encore que les rumeurs de transactions, ce virus a frappé Weise en plein ventre. Il l’a frappé tellement fort que le ventre s’est vidé de son contenu. Pas juste une fois. Je vous épargne les autres détails. D’où son retrait de la formation.

Par centaines, les partisans ont cru à un complot du Canadien. Remarquez qu’avec son mutisme institutionnalisé, le Canadien incite ses partisans à voir des complots à droite et gauche.

Remarquez que Dale Weise pourrait être échangé d’ici 15 h lundi prochain que personne ne sera surpris. Il pourrait même se retrouver à Chicago, si Stan Bowman voit quelque chose en Dale Weise que je ne vois pas. Ou que je ne vois plus.

Regarder derrière l’image

Parlant de Stan Bowman, l’attention suscitée par sa présence l’a fait sourire. Bon! Bowman est d’abord et avant tout directeur général des Blackhawks. Et il n’a pas laissé sa casquette à Chicago avant de faire le trajet vers Montréal.

Mais s’il était au Centre Bell, c’était surtout à titre de directeur général du club des surdoués de moins de 24 ans qui seront réunis en septembre prochain lors de la Coupe du Monde.

ContentId(3.1174199):Intervention de François Gagnon à Hockey 360 sur les rumeurs de transactions
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« Nous avons eu une conférence téléphonique hier (dimanche) et comme les Hawks ne jouent pas avant jeudi, j’ai profité de l’occasion pour venir faire un tour ici. Je ferai d’autres escales demain et mercredi. Je ne sais pas où j’irai encore, mais je profite de cette pause dans notre calendrier pour maximiser mon rendement », que le directeur général des Hawks m’a mentionné au cours du deuxième entracte.

À titre de directeur général de l’équipe des moins de 24 ans, Bowman avait Alex Galchenyuk à l’œil. L’attaquant du Canadien devrait faire partie de la sélection des 16 joueurs dont les noms seront inscrits sur la liste initiale qui sera déposée le 2 mars prochain. Parce que cette équipe sera bien nantie au centre, c’est à l’aile que Galchenyuk devrait évoluer en septembre prochain.

Remarquez qu’il semble maintenant évident que c’est à l’aile que la direction actuelle du Canadien a décidé de le faire jouer également.

Comme ses homologues de la LNH, Bowman connaît tous les joueurs du circuit. Il peut jongler facilement avec leurs qualités et leurs défauts. Pourquoi alors prendre la route dès que son équipe profite d’une ou deux soirées de congé alors qu’il pourrait très bien suivre les joueurs qu’il a dans la mire à la télévision? Loin du tumulte créé par sa présence – ou celle d’un de ses homologues – sur une galerie de presse.

«Je regarde beaucoup de matchs à la télé. Mais quand je décide d’assister à une rencontre, c’est justement pour regarder derrière l’image. Je regarde le comportement du joueur quand il est au banc, quand il est hors de l’action. Je regarde ses habitudes. Je vérifie mes notes personnelles et celles compilées par mes dépisteurs », m’a expliqué le DG des Hawks.

Un dépisteur d’expérience a esquissé un large sourire lorsque je lui ai demandé si la présence du directeur général ennemi faisait monter son niveau de stress à quelques jours de la date limite des transactions.

« Je laisse ça aux journalistes et aux partisans. Vous sautez souvent très vite aux conclusions quand un DG débarque sur une galerie de presse. La réalité est bien différente. Le directeur général prend la décision finale, mais qu’il soit au bureau ou sur une galerie de presse, il y a tout le travail en parallèle effectué par les dépisteurs et aussi par les responsables des statistiques avancées qui entre aussi en ligne de compte. Ce n’est pas parce que tu vois un DG sur une galerie de presse que ça veut automatiquement dire qu’il est sur le point de transiger avec un des deux clubs qui évoluent sur la patinoire. Si tu gardes ton souffle en attendant une telle conclusion, tu risques de manquer d’air souvent », a imagé le dépisteur habitué de faire escale au Centre Bell.

Craig Smith se reprend

Si Dale Weise et Stan Bowman ont contribué, bien malgré eux, à sauver le spectacle lundi soir, on peut dire que l’attaquant Craig Smith l’a fait d’une façon plus directe sur la patinoire.

Dans l’un des rares bons moments du match, Smith a raté un filet ouvert sur un jeu inusité. Après avoir reçu une passe parfaite de Mike Ribeiro, Smith oublié à la droite de Mike Condon en fin de prolongation a décoché un tir sur réception en direction d’un filet désert. Il a frappé la rondelle partiellement et son bâton est passé devant la rondelle qu’il a stoppée avant qu’elle ne traverse la ligne rouge.

« C’est un jeu qui donne un aperçu de notre saison jusqu’à maintenant. On a raté des occasions comme celle-là très souvent depuis le début de la saison. Nous jouons du bon hockey, mais nous n’arrivons pas à marquer. On collectionne les tirs sur les poteaux et les occasions ratées comme celle en prolongation », a expliqué Mike Ribeiro après le match.

Heureusement pour Ribeiro, pour les Predators et surtout pour Craig Smith, l’attaquant des Preds s’est repris en scellant l’issue du match en inscrivant le seul but de la séance de tirs de barrage.

« Je n’en revenais tout simplement pas d’avoir raté ce but ouvert. C’était un jeu important, car nous sommes dans la course pour une place en séries et je m’en serais vraiment voulu si nous avions perdu le match après avoir gaspillé une si belle chance. La victoire va m’aider à composer avec cette occasion ratée », a conclu l’attaquant qui a inscrit un premier but en quatre tentatives en fusillade cette année.

Avec leur victoire, les Predators ont prolongé à huit (6-0-2) leur séquence de matchs consécutifs sur la route avec au moins un point. Une séquence qu’ils pourront étirer à neuf mardi soir à Toronto face aux Maple Leafs.

Dans le cas du Canadien, il a stoppé à cinq sa séquence de victoires consécutives à domicile. Il peut se compter chanceux d’avoir soutiré un point, car le but de Brendan Gallagher, but inscrit en fin de première période, aurait dû être refusé, car le petit attaquant a touché à la rondelle plus haut que la limite permise avant de marquer. Le geste est passé inaperçu aux yeux des quatre officiels.

Malgré les doléances des joueurs et des entraîneurs des Predators, la séquence n’a pu faire l’objet d’un appel et les responsables de Toronto n’ont pu annuler le but, car le geste de Gallagher s’est produit sur la séquence qui a mené au but et non sur le but proprement dit.

Dans la défaite, Mike Condon (14-17-5) a été le meilleur du Canadien.

Après deux matchs soporifiques de suite, le Centre Bell qu’on avait rarement senti aussi amorphe un soir de match vibrera à nouveau mardi soir. Car bien qu’Ozzy se remette à peine d’une sinusite qui l’a empêché de monter sur scène au cours des dernières semaines, les membres du groupe Black Sabbath ne laisseront certainement pas leurs fans en appétit comme le Canadien l’a encore fait lundi soir...