MONTRÉAL - Des joueurs qui lèvent le pied ou qui abandonnent carrément dès le début de la troisième période alors que l’Avalanche du Colorado prend les devants 3-1.

 

Un partisan à bout de patience qui lance, quelques minutes plus tard, chandail et casquette aux couleurs du Canadien sur la patinoire afin d’indiquer qu’il abandonne lui aussi. D’autres partisans qui scandent le nom de Patrick Roy afin de mousser les chances que l’ancien gardien devienne le prochain directeur général du Tricolore.

 

Une autre défaite, une 19e en 25 matchs depuis le début de la saison (6-17-2), une neuvième encaissée en 13 matchs au Centre Bell.

 

Voilà ce qui a sauté au visage de Jeff Gorton qui assistait, jeudi, au Centre Bell, à son premier match à titre de vice-président des opérations hockey du Canadien de Montréal. Un match au cours duquel, le nouveau boss a dû vite comprendre l’ampleur du défi qui se dresse devant lui et devant le directeur général qui viendra l’appuyer dans sa quête de sortir le Tricolore du merdier dans lequel il est en train de s’enliser. De se perdre. De se noyer.

 

Et si, contrairement aux milliers de partisans qui avaient quitté le Centre Bell quelques minutes avant la fin du match, Gorton est demeuré dans sa loge jusqu’à ce que la sirène mette fin au spectacle désolant offert par son nouveau club, le boss a pu avoir une idée du niveau de défaitisme qui mine ses troupes.

 

Car encore hier, à la fin de la rencontre, plusieurs joueurs ont suivi les coachs et ont retraité rapidement au vestiaire sans prendre le temps d’au moins aller saluer leur gardien sur la patinoire.

 

Retraiter au vestiaire sans aller féliciter son gardien ça ne se fait pas. Même dans la LNH. Surtout que dans le cas des joueurs du Canadien, ils devaient tous, sans exception, remercier une fois encore Jake Allen de les avoir tenus dans le match aussi longtemps qu’il a pu.

 

Plusieurs auraient aussi dû s’excuser d’avoir, une fois encore, joué aussi mal devant lui. S’excuser d’avoir carrément cessé de jouer en troisième période alors qu’il devenait évident que les chances de revenir dans le match étaient minces.

 

En fait, elles étaient nulles du moins statistiquement, puisque le Canadien a maintenant un dossier de 0-15-0 lorsqu’il se retrouve avec un recul de deux buts à combler.

 

Vendre chèrement sa peau

 

Mes excuses aux plus fidèles partisans du Canadien : il est acquis que votre club, que vos joueurs favoris rateront les séries. Il est acquis aussi que le Tricolore perdra beaucoup plus souvent qu’il ne gagnera d’ici à la fin d’une saison qui sera longue, pénible, désolante.

 

Les partisans peuvent le comprendre. Ils peuvent même l’accepter en fondant des espoirs vers des jours meilleurs que de bons choix au repêchage sauront leur faire vivre.

 

Ces mêmes partisans n’ont toutefois pas à accepter, pas plus que le coach Dominique Ducharme, ses adjoints, le nouveau boss et tous les candidats au poste de DG à combler, que les joueurs du Canadien abandonnent comme ils l’ont fait jeudi soir devant l’Avalanche.

 

Après une première période honnête en matière d’efforts déployés, après une période médiane au cours de laquelle il a permis à l’Avalanche de marquer le premier but du match même s’il écoulait une pénalité mineure, a nivelé ensuite les chances avant de retraiter avec un recul d’un but, le Canadien a fermé les livres une fois encore.

 

ContentId(3.1398458):Canadiens : Avalanche 4 - Canadiens 1
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Ça ne patinait plus. Ça ne forçait plus. Ça ne se débattait même plus. Rien. C’était fini. Déjà fini. Il ne restait qu’aux secondes à s’écouler pour qu’on puisse ajouter cet autre revers dans la colonne des défaites et qu’on se tourne vers le prochain match des fois que ça irait mieux!

 

Un tel comportement est inexcusable. Il est surtout inacceptable.

 

Obligé de s’en remettre à des rencontres individuelles en raison de mesures sanitaires resserrées parce que Brendan Gallagher et Sami Niku ont obtenu des résultats positifs à des tests de dépistage de la COVID, Jeff Gorton n’a pas encore été en mesure de s’adresser à son équipe.

 

Mais dès que ce sera possible, aujourd’hui avant l’envolée vers Nashville, une fois au Tennessee où les joueurs devront demeurer à l’hôtel par mesure préventive, au retour à Montréal, Gorton devra rappeler ses joueurs à l’ordre.

 

Il devra leur dire que l’année difficile qui mine leur moral jusqu’ici n’ira pas en s’améliorant. Et qu’en dépit tous les résultats négatifs qui pourraient se multiplier sur la patinoire, le nouveau boss exigera un niveau de caractère et de fierté qui obligera tous les joueurs à se démener dans la défaite. À vendre chèrement sa peau au lieu de se livrer pieds et poings liés comme les joueurs du Tricolore l’ont fait jeudi soir devant l’Avalanche.

 

Ça ne transformera pas les défaites en victoires. Ça non! Mais ça permettra d’évaluer le caractère réel des joueurs du Tricolore. Ça permettra d’identifier ceux qui méritent de rester afin qu’ils soient des acteurs de premier plan dans la quête de relance du Canadien, de les garder, et de se défaire de tous les autres.

 

Suzuki s’enlise

 

Nick Suzuki a amorcé le mois de décembre comme il avait terminé celui de novembre : il a été blanchi par l’Avalanche après avoir été blanchi par les Sabres, les Penguins et les Canucks.

 

Dire que les choses vont mal pour Suzuki tient de l’euphémisme : le jeune joueur de centre n’affiche qu’une passe à ses dix derniers matchs. Tout un contraste avec les quatre buts et neuf points récoltés lors des cinq premiers matchs qu’il a disputés le mois dernier. Cinq matchs qui l’ont propulsé vers le titre de joueur du mois de novembre. Un titre associé aux nombres d’étoiles reçues par le joueur élu.

 

En plus de peiner à se départir des couvertures défensives étanches sur les patinoires ennemies, Nick Suzuki s’est retrouvé jeudi devant le trio de Nathan MacKinnon.

 

Un duel plutôt inégal considérant que MacKinnon est encadré de Gabriel Landeskog et de Mikko Rantanen alors que Suzuki évoluait jeudi au centre d’Artturi Lehkonen et Jake Evans.

 

« Le trio de MacKinnon est solide offensivement, mais nos gars ont été capables d’obtenir du temps de possession de qualité en zone ennemie. Ils ont eu leur part de chances de marquer. À cinq contre cinq, ils se sont bien débrouillés. Mais ils doivent trouver une façon de produire », que Dominique Ducharme a indiqué en marge des explications fournies pour justifier la création de ce trio.

 

Si Suzuki a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-2. Il n’a obtenu qu’un tir au but. Seule note positive à son dossier, il a gagné 12 des 18 mises en jeu qu’il a disputées (67 %).

 

Pendant que Suzuki en arrachait au sein de son trio, Cole Caufield a tenté de maximiser ses présences en compagnie de Mathieu Perreault et de Michael Pezzetta.

 

L’expérience n’a pas été concluante. Bien qu’il ait contribué au but en avantage numérique de Ben Chiarot, Caufield a lui aussi complété le match avec un différentiel de moins-2.

 

Je continue à croire que c’est Laval que Caufield devrait évoluer. Et le plus vite sera le mieux.