Qui des Canadiens de Montréal ou des Golden Knights de Vegas pourra davantage « rester dans le moment présent »? L’équipe qui sera en mesure de le faire, risque fort possiblement de sortir gagnante de cette série que l’on pourrait qualifier de série deux de trois, maintenant.

Cette série est aussi captivante sur le plan des émotions, là où apprendre à gérer la carte du mental est plus facile à dire qu’à faire, que sur le plan hockey. Rien n’est encore joué dans cette série, et à l’intérieur même d’un match, tout se joue jusqu’à la dernière minute.

Chez la troupe de Luke Richardson (en remplacement de Dominique Ducharme) rien ne sert de se concentrer sur le rétroviseur, et de trop regarder en arrière. Au contraire, un des principaux défis sera de faire face à cette confiance renouvelée chez les Golden Knights, ce qui devrait d’ailleurs se transposer dans les premiers instants de la partie de ce soir, devant leurs partisans enflammés.

Et que dire de cette « absence de rigueur » de la part des officiels, qui comme mentionné dans une précédente chronique ont quelque peu changé leur approche contrairement à la saison régulière.

Au niveau des athlètes professionnels, surtout les plus expérimentés, ils ont appris cette façon d’appliquer et de manipuler le livre des règlements au fil du temps, et ne sont aucunement surpris de ce cadre de référence des plus permissifs établi en séries, et ce, depuis belle lurette.

Même le directeur général du CH, Marc Bergevin, qui avait déclaré plus tôt dans la saison que son équipe était une « formation bâtie pour faire du dommage en séries éliminatoires », avait probablement en tête cet arbitrage plus permissif. Il faisait possiblement référence à la notion de profondeur au sein de son club, par une plus grande présence de joueurs plus robustes et de type « papier sablé » dans le champ arrière.

D’ailleurs, certains défenseurs dans le top-4 du Tricolore ont su profiter grassement de ce style de jeu lors des affrontements précédents face aux Maple Leafs de Toronto et aux Jets de Winnipeg.

Que l’on soit en accord ou non avec cette méthode dictée par les hauts dirigeants du circuit Bettman, il faut apprendre à s’y faire, car ce n’est pas demain la veille que cette tendance est appelée à changer.

Les joueurs doivent s’imposer les sacrifices nécessaires dans les zones pièges en convergeant vers le filet et en occupant l’espace devant le filet adverse. Ils doivent accepter de prendre la mise en échec le long des rampes à la hauteur de la ligne bleue offensive ou en situation d’espace restreint, car malheureusement cela fait encore partie de l’abandon de soi pour la cause collective.

Il faut se préoccuper seulement et uniquement de ce que l’on peut contrôler, soit sa propre performance sportive. À quelques heures du cinquième match, le mot « discipline » prendra tout son sens dans le feu de l’action.

Peter DeBoer : faire des choix au meilleur de ses compétences!

Comme dans une partie de poker, Peter DeBoer a fait un choix risqué et qui a pu paraître controversé pour certains, mais son « gamble » a été payant.

Très conscient des cartes qu’il a sous sa main, il a pris la décision d’aller « all in » avec la présence devant le filet de Robin Lehner au détriment de Marc-André Fleury lors du quatrième match. Même si certains ont été choqués, si on regarde les précédentes décisions à Vegas entourant la gestion des gardiens, ce n’était pas une surprise.

Le pari était certainement risqué, en raison de la longue période d’inactivité de Lehner, mais pas aussi risqué aux yeux de ceux qui connaissent l’aspect compétitif du portier suédois.

Sans être des plus techniques et des plus rapides dans ses différents déplacements latéraux, cette « bête de scène » que représente Lehner (question d’imager) a toujours su insuffler de la confiance à ses coéquipiers par son niveau de compétitivité, lui qui carbure à ce genre d’opportunités de pouvoir faire la différence.

Entretemps, embauché et rémunéré pour prendre des décisions dans des moments de fortes chaleurs, c’est exactement ce que DeBoer a su démontrer, indépendamment du regard et du jugement des autres dans cet enjeu du moment.

Entraineur de carrière avec plus ou moins 14 ans d’expérience derrière le banc d’une formation du circuit Bettman, ce dernier a été embauché en relève de Gerard Gallant en 2020, avec le mandat d’amener cette franchise à la terre promise, soit celle de la conquête de la coupe Stanley. Et ça, il en est bien conscient!

En tant qu’entraîneur, il se doit de prendre des décisions difficiles, qui ne font pas toujours plaisir, mais qui sont toujours pour le bien de son équipe. Cette décision de confier le filet à Lehner au dernier match était la bonne, et ce, malgré tout le travail accompli par Fleury au cours de la saison.

Est-ce la fatigue ou peut-être cette tendance à « surjouer » à quelques occasions? Chose certaine, le natif de Sorel a pour le moment perdu le filet. Or, si on regarde le portrait global de la situation, les Golden Knights peuvent s’estimer très chanceux d’avoir deux excellents gardiens au sein de leur formation.

Soyez sans crainte cependant, si vous connaissez le personnage et l’homme qu’est Fleury, vous savez qu’il se comportera en grand professionnel et en coéquipier exemplaire, comme il l’a toujours fait par le passé.

La noblesse dont fait preuve Fleury dans le moment présent, mais aussi dans sa carrière, est tout à son honneur, dans cette jungle qui ne pardonne pas et qui laisse très peu place à l’erreur.

Bon match!