BROSSARD – Ryan Poehling et Jesperi Kotkaniemi sont pratiquement apparus main dans la main vendredi après-midi, un peu plus d’une heure après avoir patiné ensemble pour la première fois sur la surface principale du centre d’entraînement du Canadien. 

Les deux plus beaux joyaux de la banque d’espoirs du club, qui occupent des casiers voisins dans le vestiaire du Complexe sportif Bell depuis leur arrivée au camp de développement, ont fixé les caméras pendant quelques secondes, ne sachant trop s’ils devaient sourire ou garder un air sérieux. Puis, par souci d’efficacité, on a finalement jugé qu’il était mieux de les séparer.

 

Le jour viendra où les jeunes joueurs de centre formeront une paire prolifique et inséparable. C’est du moins le souhait le plus cher de l’organisation qui a investi ses deux plus récents choix de première ronde dans leur potentiel. Mais ce jour n’est pas encore arrivé.

 

Les plus impatients devront se faire à l’idée: il faudra attendre encore un peu avant de voir l’Américain et le Finlandais former une dangereuse combinaison dans le top-6 des attaquants du Canadien.

 

Il est encore trop tôt pour confirmer l’endroit où Kotkaniemi poursuivra son développement à partir de cet automne. La ligue élite finlandaise, dans laquelle il a évolué l’an dernier, demeure l’option la plus plausible. Il est difficile d’imaginer que le Canadien lui fermera les portes de la Ligue nationale s’il déchire tout lors du camp d’entraînement. Le Rocket de Laval, le club-école de la Ligue américaine, est une possibilité lointaine.

 

Avec Poehling, par contre, pas de zone grise. L’attaquant de 19 ans a annoncé il y a quelques mois déjà qu’il avait l’intention de retourner à l’Université St. Cloud State pour sa troisième saison dans les rangs collégiaux américains.

 

« Je ne pense pas être prêt pour la Ligue nationale, admet candidement le 25e choix du repêchage de 2017. Je sais que je peux encore m’améliorer et la LNH n’est pas une ligue de développement. Quand j’y ferai le saut, c’est que je sentirai que j’y aurai pleinement ma place. »

 

Ça ne veut pas dire que Poehling a fait du surplace au cours de la dernière année. Le natif du Minnesota juge qu’il a gagné en maturité dans à peu près tous les domaines depuis que le Canadien l’a appelé sur l’estrade il y a un an. « Je ne sais pas comment le décrire, mais je sens que je me suis amélioré un peu partout, autant comme joueur que comme personne. »

 

Physiquement, cite-t-il notamment comme exemple, il dit avoir fait osciller la balance à 210 livres au cours de la dernière saison alors qu’il en pesait au maximum 185 à sa première visite à Brossard.  

 

« Ça s’est fait sentir sur la patinoire. Entre ma première et ma deuxième année, j’ai l’impression d’avoir fait un pas de géant. La saison dernière, j’ai marqué plus de buts que mon nombre de points à ma saison recrue. Quand je regarde les choses dans cette perspective, ça m’indique que je fais les bonnes choses pour avancer dans la bonne direction et un jour porter l’uniforme du Canadien. »

 

Une mission à compléter, une mentalité à changer

 

Si Poehling tient à retourner à St. Cloud, c’est aussi parce qu’il a l’impression d’y avoir laissé des dossiers en suspens.

 

La saison dernière, les Huskies ont passé la majeure partie de la saison régulière au premier rang du classement national et ont amorcé le tournoi de fin d’année de la NCAA parmi les grands favoris pour repartir avec les grands honneurs. Le choc a été immense lorsqu’ils se sont inclinés devant Air Force, de grands négligés, au tout début de la compétition.

 

« On ne peut prendre aucune équipe à la légère, a appris à la dure le grand numéro 11. Je ne veux pas dire que c’est ce qu’on a fait, mais je ne peux pas non plus dire qu’on était préparés de façon optimale. »

 

C’est donc habité d’un esprit de vengeance que Poehling entreprendra la prochaine campagne, entouré d’un groupe de coéquipiers sensiblement similaire à celui qu’il a quitté pour entreprendre la saison estivale.  

 

« On avait une excellente équipe et ça s’est mal terminé. La plupart des gars seront de retour et on a tous la même chose en tête. Donner à St. Cloud le premier titre national de son histoire, ça serait spécial. »  

 

Poehling a également épinglé une série d’objectifs personnels à son babillard pour la saison 2018-2019. Il continuera d’abord d’assimiler les conseils que lui prodigueront cette semaine les entraîneurs responsables du développement des espoirs du Canadien, notamment Francis Bouillon et Sébastien Bordeleau. « Les matchs qu’on jouera cette semaine ne veulent pas dire grand-chose dans le fond. C’est amusant, mais ce que je viens surtout chercher ici, ce sont des petits trucs que je pourrai mettre dans mon bagage pour la prochaine saison et les prochaines années. »

 

Plus concrètement, Poehling aimerait modifier son identité offensive de façon à devenir un tireur plus craint par les gardiens adverses. La saison dernière, il a marqué 14 buts et ajouté 17 mentions d’aide en 36 rencontres.

 

« Je veux être plus direct en zone offensive. J’ai tendance à chercher la passe en premier. Ce n’est pas un problème en soi, mais je sais que ça me vaut bien des critiques. Si je peux apprendre à tirer davantage, ça me sera bénéfique et mes coéquipiers pourront aussi en profiter. »​