« On n’est pas des fous. On voit que ce n’est pas le Carey Price qu’on connaît! »

 

En deux phrases, Claude Julien a résumé le match que son équipe venait de perdre 6-3 aux mains du Wild du Minnesota.

 

En deux phrases, l’entraîneur-chef du Canadien a résumé les ennuis de son équipe qui affiche déjà huit revers en temps réglementaire après 13 matchs seulement et qui, avec ses neuf petits points au classement, neuf points qui le confinent au dernier rang de la division Atlantique et au tout dernier de l’Association Est, est déjà menacée très dangereusement de rater les séries.

 

Carey Price a été brouillon jeudi soir. Il n’a pas fait ce qu’on demande à tout gardien de faire devant son filet : il n’a pas donné de chance de gagner à son club. Même qu’en raison de la générosité du « meilleur gardien au monde », on pourrait avancer que Price a même miné les chances réelles de remontée de son équipe qui a profité des largesses de Devan Dubnyk pour créer un brin – mais pas deux – d’espoir en fin de rencontre.

 

Je vous fais grâce du fait que Price n’a pas réalisé non plus les arrêts magistraux qui sont le propre des meilleurs gardiens de la LNH. Des gardiens élites dont fait partie Carey Price. Du moins, dont il devrait faire partie, car en ce moment, Price est loin du groupe de gardiens d’élite de la LNH.

 

Très loin.

 

Mais devant lui, le Canadien a disputé un autre match approximatif. Un match sans grande conviction avant le dernier tiers alors que l’issue du match semblait déjà scellée et au cours duquel le Wild a vraiment levé le pied.

 

Mes observations associées à cette cinquième défaite de suite du Canadien au Minnesota :

  1. Price : ça commence à être inquiétant
  2. Encore du hockey de rattrapage
  3. Pacioretty s’enlise défensivement
  4. Chambardements tardifs
  5. Gallagher joue pour gagner

 

Chiffre du match : On dit souvent qu’il n’y a pas plus de place dans la LNH pour des joueurs trop vieux et trop petits. Matt Cullen et Tyler Ennis ont prouvé le contraire. Le premier s’est offert, à titre de cadeau pour son 41e anniversaire de naissance, son premier but de la saison alors que le deuxième a quant à lui atteint le plateau des 100 buts en carrière dans la LNH.

 

Price : ça commence à être inquiétant

 

Quand le Canadien a multiplié les ratés dès les premières rencontres de la saison et qu’il s’est mis à accumuler les défaites, Carey Price représentait le moindre des nombreux soucis associés aux ennuis du Tricolore.

 

Ce n’est plus le cas.

 

Contrairement au nombre de plus en plus imposant de partisans qui remettent en cause le talent et la réputation du « meilleur gardien au monde » tout comme son trop riche et trop long contrat signé l’été dernier – certains voudraient même relancer la controverse Price-Halak comme si c’était encore possible et lancent même l’idée de donner une chance à Charlie Lindgren – je crois toujours que Price est un excellent gardien.

 

Il ne le démontre pas, j’en conviens. Mais je ne peux croire une seconde qu’il ait soudainement perdu tous ses moyens. Qu’il soit dans une vilaine passe, c’est clair. Ça saute aux yeux. De bien des façons.

 

Qu’il soit au bout du rouleau, fatigué physiquement ou mentalement, ça non par exemple.

 

Et c’est pour cette raison que j’ai aimé le fait qu’on l’ait renvoyé dans la mêlée après une première période difficile.

 

J’espère aussi qu’il sera devant le filet pour amorcer le match samedi, à Winnipeg, où le Canadien croisera un adversaire bien plus solide que le Wild. Et si ce n’était pas de la politique du Canadien qui refuse de soumettre son gardien numéro un à des séquences de deux matchs en deux soirs, je serais d’avis d’y aller avec Price encore dimanche à Chicago.

 

Pourquoi s’acharner ainsi sur un gardien qui semble perdu?

 

Justement pour qu’il se retrouve.

 

Si Price n’était pas l’un des meilleurs de sa profession, s’il n’était pas armé d’une technique solide et d’une confiance plus solide encore, je lui offrirais un congé en espérant qu’il soit salutaire.

 

Mais non! Price doit se sortir lui-même – avec un peu d’aide de son club quand même – du merdier dans lequel il s’enlise. Eh oui! Il s’enlise comme le confirment sa 42e place des gardiens de la LNH avec une moyenne de 3,77 buts alloués par match et sa 44e place avec une efficacité, bien inefficace, de 87,7 %.

 

Price n’a rien fait pour améliorer ses moyennes.

 

Que non!

 

Sur le premier but du Wild, il a perdu l’équilibre sur un déplacement qui semblait pourtant bien simple à réaliser sur sa droite.

 

Sur le deuxième, non seulement Price a-t-il mal dégagé son territoire alors que sa passe s’est retrouvée sur la lame du bâton du défenseur Matt Dumba, mais Price s’est lui-même déstabilisé en revenant devant son but en heurtant le poteau avec sa jambière droite. Résultat : le gardien du Canadien n’était pas en position lorsque la rondelle tirée par Dumba l’a déjoué.

 

Sur le troisième, Tyler Ennis a marqué sur une très belle passe soulevée au terme d’une descente à deux contre un, mais Price a mal paru une fois encore sur son déplacement vers la droite. Il a même eu besoin de deux poussées du patin gauche pour tenter d’aller fermer l’angle. On va se le dire : il aurait été très difficile de réaliser l’arrêt sur ce troisième but, mais à défaut de pouvoir effectuer l’arrêt, Price devait au moins tenter d’y arriver. Un scénario similaire s’est d’ailleurs déroulé sur le cinquième but du Wild qui était alors en avantage numérique.

 

Rien pour calmer les élans de panique à l’endroit du gardien, Price est loin d’avoir bien paru sur le quatrième but, se déplaçant sans conviction comme le reste de ses coéquipiers qui avaient des allures de spectateurs sur le jeu.

 

Au moins, sur le dernier but du Wild Price était au banc. On ne peut donc lui adresser quelque reproche que ce soit. Avec les cinq buts déjà accordés, sa cour était déjà pas mal pleine…

 

Price affiche une technique approximative en ce moment. C’est évident. Il manque de conviction devant son filet. De combativité. Il semble distrait. Ailleurs. Pis encore, il semble blasé.

 

Et ça, c’est dangereux. Car si Price n’inspire plus confiance à ses coéquipiers et pis encore qu’il n’intimide plus l’adversaire, ça ira de mal en pis pour lui et son équipe.

 

Car on va se le dire clairement : sans un Price au sommet de sa forme et de son art, le Canadien n’a point de salut.

 

Il est donc primordial pour Marc Bergevin, Claude Julien, Stéphane Waite et l’ensemble de l’état-major de trouver, et vite, des solutions pour relancer la technique, la combativité et la confiance du gardien.

 

Car si le Canadien veut sauver une saison qui sombre dangereusement, c’est sur ses meilleurs éléments et donc sur son gardien numéro un qu’il devra miser… et gagner!

 

Encore du hockey de rattrapage

 

De toutes les façons que le Canadien a inventées pour perdre des matchs depuis le début de l’année, sa fâcheuse manie de mal amorcer les matchs et les périodes est la pire de toutes.

 

Encore hier, le Canadien s’est mis dans le pétrin avec des buts rapides accordés à l’adversaire.

 

Matt Cullen et Matt Dumba ont marqué à 4 :46 et 4 :56 du premier tiers. C’était les 14e et 15e fois cette saison que le Tricolore accordait des buts à ses adversaires dans les cinq premières minutes de jeu.

 

Ç’aurait pu être pire. Car dès les premières secondes du match, le Wild a raté deux occasions en or de surprendre la défensive du Canadien et Carey Price qui semblaient ne pas avoir réalisé que le match était commencé tant ils ont été pris de court par leurs adversaires.

 

C’était très laid.

 

Mais bon! Le Canadien a encore payé plus tard dans le match ajoutant un 16e accordé à ses adversaires en début de période dès les premiers instants du dernier tiers.

 

Pis encore, le but de Jared Spurgeon a été enfilé après 34 secondes seulement. Ce qui fait que des 16 buts accordés dans les cinq premières minutes d’une période cette année, huit fois, ces buts sont venus au cours de la première minute.

 

Comme si ce n’était pas assez, lorsque le Canadien est victime d’un but cette année, un deuxième vient souvent tout de suite après.

 

Avec les buts de Cullen et Dumba, en première, le Canadien a maintenant été victime de 6 séquences de deux buts en moins d’une minute au cours d’un même match. Cinq fois dans ces six séquences, les deux buts ont été enfilés en moins de 30 secondes.

 

Ça veut dire quoi tout ça?

 

Ça veut dire que le Canadien qui en arrache déjà pas mal et qui peine à marquer des buts a des déficits à combler trop souvent en début de rencontre. Et qu’il se replace trop souvent aussi en situation de hockey de rattrapage en deuxièmes et troisièmes périodes.

 

Pourquoi d’aussi mauvais débuts de matchs; débuts de périodes?

 

On peut lorgner du côté de la sélection des joueurs envoyés sur la patinoire comme première tentative d’explication. Mais peu importe l’identité des cinq joueurs désignés par le coach, ces joueurs doivent avoir la tête et le cœur à l’ouvrage dès que la rondelle tombe sur la glace. Si on a la tête ailleurs, si on n’est pas prêt, ou simplement moins prêt que l’adversaire et qu’en plus le gardien qui habituellement sauve ses coéquipiers ne les sauve plus, il arrive ce qu’on a vu 16 fois en 39 périodes jusqu’ici cette année. On voit l’adversaire lever les bras au ciel dans les cinq premières minutes et le Canadien baisser la tête.

 

Combinaison perdante vous dites? Mettez-en! Comme en font foi les six défaites encaissées au cours des rencontres marquées par des séquences de deux buts accordés en moins d’une minute par le tricolore.

 

Pacioretty s’enlise défensivement

 

Max Pacioretty s’est attiré les foudres de nombreux partisans du Canadien en début de saison. On a remis – encore une fois – en doute ses qualités de leader et de capitaine tout comme sa réelle valeur à titre de franc-tireur.

 

Avec quatre buts après 13 matchs, Pacioretty est en avance sur l’an dernier alors qu’il a marqué son 4e lors du 14e match de la saison.

 

Pas question ici de prétendre que le capitaine joue du gros hockey. Surtout qu’à ses quatre buts, il a ajouté sa première passe de la saison hier.

 

Mais laissons cette passe de côté. Car cette passe à elle seule ne peut camoufler le match terrible en défensive que Pacioretty a disputé jeudi soir au Minnesota.

 

Sur le troisième but du Wild, Brandon Davidson s’est aventuré bien loin en zone ennemie. Trop loin même. Mais si le capitaine avait bien lu le jeu et avait couvert son défenseur comme le sens du hockey aurait dû lui dicter de faire, Jeff Petry ne se serait pas retrouvé seul contre deux adversaires du Wild et peut-être – le mot clef est peut-être – qu’avec la complicité de son capitaine, Petry aurait pu aider Price à ne pas accorder de but sur cette séquence.

 

Sur le quatrième but du Wild, Pacioretty est bien revenu en défensive pour aider ses coéquipiers, mais comme il a défendu son territoire sans la moindre conviction, il a ouvert toute grande la porte au contrôle de rondelle du Wild et à la passe parfaite qui a permis à Ryan Suter de déjouer Carey Price.

 

Vous direz que l’issue du match était scellée et je serai un brin d’accord avec vous, mais sur le but dans un filet désert en toute fin de rencontre, Pacioretty a encore ouvert la porte à l’adversaire en ratant une affectation.

 

Ajoutez à cela le fait qu’il a prolongé sa disette en avantage numérique et on a un résultat assez désolant merci de la part du capitaine à qui on peut pardonner des passages à vide à l’attaque pourvu qu’il ne devienne pas un boulet défensif trop lourd à traîner.

 

Ce qui a été le cas jeudi au Minnesota.

 

Chambardements tardifs

 

Je suis toujours convaincu que Claude Julien est un excellent entraîneur-chef dans la LNH. Un des bons pour la préparation de son équipe et l’ébauche de stratégie pour contrer l’adversaire.

 

Je crois toujours qu’il est l’homme de la situation et qu’il sait regrouper son équipe mieux que pouvait le faire Michel Therrien avant lui.

 

Mais encore hier au Minnesota, Claude Julien a affiché une grande patience à l’endroit de ses trios. Une grande confiance en son plan de match.

 

Pas question ici de remettre son plan de match en question. Surtout que depuis quelques parties, les trios qu’il a concoctés donnaient des résultats probants.

 

Mais jeudi, quand le Canadien s’est retrouvé une fois encore en situation de recul avec pas un, pas deux, pas trois, mais bien quatre buts de retard, il me semble qu’il aurait dû brasser la soupe avec un peu plus de vigueur.

 

Je sais, ses mêmes trios lui avaient donné huit buts lundi à Ottawa. Treize lors des deux derniers matchs en ajoutant les cinq marqués aux dépens des Rangers.

 

Mais quand même.

 

Après une période, il était clair que les joueurs du Canadien avaient un urgent besoin d’un survoltage. À défaut d’un coup de pied au derrière, le coach aurait pu chambarder ses trios.

 

Je veux bien croire qu’on tienne à garder une poigne ferme sur Alex Galchenyuk. C’est sans doute nécessaire. Mais avec trois buts de recul après une période, Galchenyuk aurait facilement pu aller relever Paul Byron ou Artturi Lehkonen au sein du premier trio.

 

Je n’ai pas encore mon collègue et ami Pierre Houde nommer Byron bien souvent lors du match de jeudi. Je n’ai pas entendu non plus bien souvent les noms de Drouin et de Lehkonen.

 

L’occasion était donc bien choisie de donner du lest à Galchenyuk ne serait que pour voir s’il profiterait de l’occasion pour prendre les choses en mains. Pour s’imposer comme un joueur de son talent devrait le faire.

 

Vrai que Claude Julien a jonglé avec ses trios. Vrai qu’il a offert plus de glace à Galchenyuk. Mais ces changements sont venus un peu tard, il me semble. Un peu trop tard.

 

Et ils sont aussi venus au détriment de Charles Hudon qui a été confiné au quatrième trio en lieu et place de Galchenyuk.

 

Pourquoi Hudon qui connaissait alors un meilleur match que la majorité des autres attaquants du Canadien?

 

L’état-major a sûrement une bonne réponse à offrir. Mais pour faire plus de place à Galchenyuk jeudi, il me semble que Byron, Lehkonen, voire Shaw et même Pacioretty tant le capitaine en a arraché, aurait pu céder leur place avant Hudon qui a ajouté une passe hier aux deux buts marqués lundi à Ottawa. Avant Hudon qui, malgré un temps d’utilisation timide, affiche maintenant une récolte de deux buts et neuf points en 19 matchs dans la LNH.

 

Gallagher joue pour gagner

 

J’ai toujours eu des préjugés favorables à l’endroit de Brendan Gallagher. Avant la venue de Shea Weber à Montréal et l’élection de Max Pacioretty, je militais vraiment pour que Gallagher succède à Brian Gionta à titre de capitaine.

 

Le diable de petit joueur l’a prouvé encore jeudi.

 

Oui il a marqué deux buts. Deux buts enfilés grâce à la complicité de Hudon sur le premier, mais toujours à sa grande implication. Sa grande combativité. On dira, avec raison, que Dubnyk a fait cadeau du deuxième but. Mais ce cadeau n’est pas seulement tombé du ciel. Il a récompensé les efforts de celui qui en a déployé le plus dans le camp du Canadien jeudi soir au Minnesota.

 

Quand tu t’aides, le ciel est plus enclin à t’aider!

 

Cela dit, c’est pour ses commentaires d’après-match que je tiens à rendre hommage à Gallagher. Après avoir défendu Carey Price, après avoir insisté sur l’importance de bien jouer devant lui pour rembourser tout ce que lui et ses coéquipiers ont à rembourser à leur gardien pour les points pas toujours mérités qu’il leur a donnés en cadeaux, Gallagher a fait une moue de dépit lorsqu’on lui a demandé si les deux buts marqués – il en revendique maintenant cinq, au premier rang du Tricolore – étaient un baume sur la défaite.

 

« Pas du tout, je joue au hockey pour gagner, pas pour marquer des buts », que Gallagher a répliqué avec la même fougue qu’il venait d’afficher au fil de ses 21 présences totalisant 16 minutes 16 sec de temps d’utilisation.

 

C’est ça donner l’exemple.

 

C’est ça afficher du leadership.

 


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