Sommaire match no 1 - Canadien c. Jets

MONTRÉAL - Plus important encore que le fait que le Canadien ait signé sa quatrième victoire consécutive pour prendre les devants 1-0 dans la série qui l’oppose aux Jets, souhaitons que Jake Evans évite toute séquelle attribuable à l’assaut dont il a été victime en fin de match.

Un assaut dont Mark Scheifele s’est rendu coupable alors qu’Evans venait de marquer le but d’assurance dans une cage désertée par Connor Hellebuyck à la faveur d’un sixième attaquant.

 

Evans était vulnérable. C’est vrai. Il avait la tête basse. C’est vrai aussi et c’est tout à fait normal puisqu’il complétait le tour du filet des Jets pour pousser la rondelle derrière la ligne rouge et marquer le but qui était sur le point de confirmer la victoire de 5-3 du Tricolore.

 

Ce qui est tout aussi vrai, c’est que Mark Scheifele s’est rué sur Evans sans jamais au grand jamais tenter de jouer la rondelle pour l’empêcher de marquer. Parti de très loin en zone neutre, Scheifele arrivait à fond la caisse et il a profité de la vulnérabilité du petit attaquant du Canadien pour lui servir une terrible mise en échec.

 

Une mise en échec totalement illégale.

 

Appliquant le règlement 42.1, les arbitres Brad Meier et Éric Furlatt ont d’ailleurs imposé à Scheifele une pénalité majeure de cinq minutes et une inconduite de partie pour son geste.

 

Suspension nécessaire

 

Le responsable de la sécurité des joueurs George Parros aura maintenant à se pencher sur le bien-fondé d’imposer des mesures disciplinaires supplémentaires. Car oui, du moins à mes yeux, l’assaut de Mark Scheifele justifie qu’il soit suspendu.

 

Les analyses minutieuses effectuées par la LNH devraient confirmer que le point d’impact principal n’est pas la tête de Jake Evans, mais sa poitrine. La tête encaisse tout de même un violent contrecoup de l’impact au point qu’il est clair que le joueur du Canadien était déjà inconscient lorsqu’il est tombé sur la patinoire.

 

Les analyses minutieuses effectuées par la LNH devraient également confirmer que les patins de Mark Scheifele quittent la patinoire après et non avant l’impact.

 

Cela ne doit absolument pas empêcher la LNH de sévir. Car au-delà les micro-analyses, un fait demeure et lui il est clair : le geste de Mark Scheifele était totalement injustifié. Totalement inutile. Il représentait aussi et surtout une évidente tentative de blessure.

 

Le jeu était terminé. Jake Evans venait de marquer. Il venait de donner une avance de deux buts au Tricolore avec 57 secondes à faire à la partie. Est-ce que les Jets auraient pu effectuer une remontée de deux buts au cours de ces 57 secondes ? Théoriquement oui ! Pratiquement, les chances étaient à toutes fins utiles nulles tant le Canadien avait dominé les Jets jusque-là.

 

George Parros s’est montré très sévère en première ronde lorsqu’il a imposé une suspension de huit matchs à Nazem Kadri, de l’Avalanche du Colorado, pour le coup qu’il a asséné à la tête du défenseur Justin Faulk des Blues de St.Louis. Le commissaire Gary Bettman a maintenu cette suspension au terme d’un premier appel logé par Kadri. Un comité indépendant entendra un deuxième appel.

 

Scheifele convoqué?

 

Combien de matchs de suspension Mark Scheifele mérite-t-il ? Personnellement, j’imposerais un minimum de cinq parties. Je suis habituellement bien trop sévère dans mes requêtes en comparaison aux sanctions imposées par la LNH. Dans le cas de Kadri, j’estimais qu’une sanction de 10 rencontres représentait une peine très clémente.

 

Selon les premières informations obtenues, il semble que Scheifele pourrait être convoqué par la LNH afin qu’il réponde de son geste. Le fait que toutes les rencontres se déroulent par visioconférence en non par le biais de comparutions dans les bureaux de la LNH facilite la tenue d’une rencontre en personne.

 

Comme le stipulent les règles en matière de discipline supplémentaire, une telle rencontre ouvre la porte à l’imposition d’une sanction supérieure à cinq matchs. Ce n’est toutefois pas une obligation. À la lumière de la défense présentée par Scheifele et les Jets, la Ligue pourrait lui décerner une suspension inférieure à cinq parties.

 

Est-ce qu’elle pourrait aller jusqu’à le blanchir?

 

Elle le pourrait oui. Mais je crois vraiment que la Ligue le tiendra responsable de son geste et lui imposera une sanction. La distance parcourue pour aller frapper sauvagement Evans, le fait qu’il ne s’est jamais préoccupé de la rondelle se concentrant totalement sur l’importance de frapper son adversaire du Canadien et les circonstances de l’assaut militent en faveur d’une sanction plus ou moins longue selon qu’on soit du camp du Canadien ou de celui des Jets.

 

L’entraîneur-chef Paul Maurice a qualifié de très lourde – il a répété le mot à deux reprises – la mise en échec assénée par son joueur vedette. Il s’est aussi assuré d’indiquer que les circonstances du jeu étaient très inhabituelles en ce sens que Scheifele convergeait vers son filet pour empêcher un adversaire de marquer dans une cage déserte. L’entraîneur-chef des Jets a aussi insisté sur le fait que Scheifele est un joueur très compétitif, mais qu’il n’affichait pas de frustrations particulières qui l’auraient incité à y aller d’un assaut aussi inutile qu’illégal. Ces deux derniers qualificatifs sont de moi et non de Paul Maurice.

 

Des fleurs pour Ehlers

 

Bien que le capitaine des Jets Blake Wheeler, ses coéquipiers Adam Lowry, Nikolaj Ehlers et le gardien Connor Hellebuyck de même que l’entraîneur-chef Paul Maurice aient tous souligné «leurs grandes préoccupations à l’endroit de l’état de santé de Jake Evans» dans leurs entrevues d’après-match, il est nécessaire de souligner l’intervention effectuée par Ehlers sur la patinoire après l’impact.

 

Pendant que plusieurs joueurs du Canadien tentaient de s’en prendre à Mark Scheifele créant un dangereux amoncellement derrière le but des Jets, Ehlers et le juge de lignes Kiel Marchison se sont portés à la défense de Jake Evans qui était alors en détresse sur la patinoire.

 

Ehlers a été le premier à réclamer du secours en levant la main en direction du banc du Canadien. Ensuite, il s’est transformé en parapet de sécurité pour protéger son adversaire.

 

« Ce genre de mêlée est très dangereux quand un joueur est étendu sur la glace sans défense. Je voulais m’assurer que personne ne tombe sur lui », a expliqué l’attaquant des Jets.

 

Evans aurait aussi pu être atteint par une lame de patin. Mais le pire a été évité.

 

À l’image de l’intervention survenue il y a deux semaines à Toronto lorsque John Tavares a été victime d’une commotion cérébrale après qu’il eut été frappé à la tête par le genou de Corey Perry, le personnel médical du Canadien, des Jets et des ambulanciers sont intervenus sur la patinoire. Ils ont d’abord sécurisé Evans, avant de le placer sur une civière pour le sortir de la patinoire.

 

En fin de soirée mercredi, le Canadien retenait les informations officielles sur l’état de santé de Jake Evans. Le collègue John Shannon de Sportsnet assurait toutefois qu’il était de retour à l’hôtel après avoir subi des examens, qu’il était éveillé, mais toujours secoué par les contrecoups de l’impact encaissé en fin de match.