Il y a une semaine à peine, le Canadien, ses partisans et tous les observateurs qui patinent avec la même aisance sur la glace et les échelles salariales qui prévalent dans la LNH étaient convaincus d’une chose : le prochain contrat de P.K. Subban allait être très long. Et il allait coûter très cher au Tricolore.
Depuis lundi, la donne a changé.
Pas sur le plan du salaire. Ça non! Car le prochain contrat du défenseur étoile sera faramineux. C’est acquis. Il oscillera certainement autour des 8 millions $ par saison. Peut-être davantage.
« J'espère que P.K. sera ici longtemps »
Et si Subban joue dur? S’il refuse de jouer le jeu de Geoff Molson et Marc Bergevin et s’accroche au scénario d’un contrat à court ou moyen terme ?
Le Canadien pourra difficilement serrer la vis.
Le Tricolore l’a fait l’an dernier obligeant le jeune défenseur à rater le début de la saison. Et le Canadien avait raison de le faire. Avec un plafond rabaissé à 64,3 millions $, Marc Bergevin ne pouvait mettre tous ses millions dans le compte en banque de P.K. afin de s’assurer d’avoir une équipe devant, derrière et autour de lui.
Mais aujourd’hui, le Canadien n’a plus le plein contrôle de la situation. De fait, ce contrôle, c’est P.K. et P.K. seulement qui en bénéficie.
Non seulement P.K. a le gros bout du bâton entre les mains, mais il est le seul à avoir les mains sur le bâton. Car quand viendra le temps de signer son prochain contrat, P.K. aura l’embarras du choix. Il signera à court, à moyen où à long terme. Selon ce qu’il voudra. Selon ce que ses agents voudront. Selon ce que son papa voudra.
Le Canadien sans défense
Quoi? Vous dites que le Canadien ne se livrera pas pieds et poings liés devant son défenseur. Qu’il se défendra. Qu’il négociera avec vigueur.
Oui! Le Canadien négociera serré. Il pourrait même décider d’aller en arbitrage l’été prochain s’il juge que les demandes de P.K. et de son clan sont exagérées. Il en aura pleinement le droit.
Mais ce serait une stratégie absurde. Une stratégie qui conduirait tout droit au divorce entre le Tricolore et son meilleur défenseur.
Devant un arbitre, en raison de ses statistiques impressionnantes, des statistiques qui compensent les lacunes défensives et l’exubérance qu’on lui reproche encore autour du vestiaire, P.K. touchera tout de même le gros lot.
Et comme c’est le cas dans les procédures d’arbitrage, le Canadien aura le loisir de décider s’il entend signer le contrat concocté par l’arbitre pour une période d’un ou deux ans.
S’il se limite à un an, il froissera son défenseur, sa famille, ses conseillers et ses partisans.
Si le Canadien opte pour le contrat de deux ans, l’échéance de ce contrat coïncidera alors avec l’arrivée de P.K. sur le marché des joueurs autonomes sans compensation.
Je vous pose la question bien simplement :
Après s’être fait traîner en arbitrage, après s’être fait critiquer – parce qu’en arbitrage, les équipes défilent toujours leurs critiques pour convaincre l’arbitre de se montrer plus raisonnable en matière de salaire – est-ce que vous croyez une seconde que P.K. tournera le dos au marché des joueurs autonomes simplement pour faire plaisir au Canadien?
Je ne crois pas non plus.
Alors tant qu’à perdre Subban dans deux ans, le Canadien est mieux de se préparer à payer cher. Très cher. Et il est mieux de se préparer à mettre Subban sous contrat pour moins longtemps qu’il ne le souhaiterait.
Parce que sur le simple plan financier, l’option du contrat à moyen terme semble bien plus profitable que celle d’un contrat à long terme. Pour P.K. et non pour le Canadien bien sûr.
À moins que la pression paternelle et que le spectre d’une blessure grave qui pourrait compromettre sa carrière soit de nature à convaincre Subban qu’il vaut mieux toucher beaucoup maintenant et pour huit ans, que de prendre la chance de toucher beaucoup plus de cinq ans et pour encore plus longtemps.
J’espère pour Marc Bergevin que Geoff Molson organisera un autre voyage pères-fils afin de permettre à son directeur général d’amadouer d’abord le père pour améliorer ses chances de convaincre le fils…