J’ai assisté au dernier match simulé du camp des recrues des Canadiens. J’ai parlé à certains observateurs qui ont épié la grande majorité des séances sur glace. Difficile de cibler ceux qui sont assurés d’une grande carrière au milieu de certains joueurs qui ne joueront, au mieux, que quelques matchs dans la Ligue de la Côte Est. On peut toutefois en identifier quelques-uns qui se démarquent d’une façon ou d’une autre. Voici quelques-uns de ceux qui ont fait parler d’eux…

Michael McCarron a besoin de temps pour se développer. Il a le physique de l’emploi, mais pas encore les habiletés nécessaires. Il lui manque aussi la fluidité sur patins requise pour parvenir à épingler les meilleurs défenseurs adverses en échec avant. Une première saison à London devrait nous donner certaines réponses quant à son développement.

J’ai accepté de prendre en charge l’équipe pee-wee de mon plus vieux pour la saison qui s’amorce. J’adore redonner à un sport qui m’en a tant offert, et à des jeunes qui demandent d’en apprendre plus et d’être encadrés. Sous ma responsabilité donc, l’enseignement, les entraînements, un groupe d’instructeurs et dix-sept jeunes de 11 et 12 ans. Or, comme il s’agit d’une formation « élite » il y aussi l’évaluation, qui appartient à un groupe indépendant et, éventuellement, la sélection. J’ai choisi, par respect pour tous les participants, de rencontrer en personne chacun des joueurs qui se sont rendus jusqu’à la sélection finale, y compris les trois garçons qui se voyaient exclus. Je n’ai pas trouvé facile de provoquer les larmes de ces hommes en devenir. Mais je suis tellement content de l’avoir fait. Parce qu’il méritait qu’un adulte se tienne devant eux et les aide à mettre en lumière tout le travail qu’ils avaient abattu depuis trois semaines.

La soirée n’a sûrement pas été facile pour eux. La leçon, elle, durera toute une vie. Je suis presque essoufflé à force d’affirmer sur toutes les tribunes que le sport est formateur et véhicule de vraies valeurs de la vie. Je ne me fatiguerai cependant jamais de le répéter. L’adversité fait partie de la vie quotidienne. La sélection est un processus nécessaire dans le marché du travail et dans la société en général. Leur déception doit désormais devenir source de motivation. La première fois où j’ai moi-même été retranché n’aura été qu’un tremplin pour me propulser plus haut. Pour confirmer ma passion.

Dans un monde où on ne veut plus faire de peine à personne, ces trois jeunes hommes se sont tenus debout devant moi, les yeux pleins d’eau, m’ont serré la main d’une force qu’ils ne croyaient peut-être même plus posséder. L’un deux m’a remercié… Le sport est formateur et le week-end dernier c’est moi qui ai appris une nouvelle leçon. Messieurs, à vous, MERCI.