DALLAS – On ne pourra jamais reprocher à Trevor Timmins de se laisser influencer par la pression populaire et il sera jugé par les résultats. Malgré l’immense importance de ce repêchage, Timmins est resté fidèle à sa propre liste et il n’a pas cherché à satisfaire certains partisans qui exigeaient une représentativité québécoise plus grande avec un total de 11 sélections.

 

Commençons ce tour d’horizon des explications de Timmins avec le sujet chaud. Depuis les trois derniers repêchages, le CH s’était contenté d’un maigre choix de sixième ronde dans la LHJMQ (Simon Bourque en 2015). Même les fervents du Canadien qui n’ont pas cette cause à cœur ont cru que Timmins et ses acolytes allaient quitter Dallas avec des éléments intéressants en provenance du circuit Courteau.  

 

Au final, en dépit de quatre choix de deuxième ronde – un nombre qui a baissé à trois pendant la journée - ça se résume plutôt à Samuel Houde, un centre de cinq pieds onze pouces et 160 livres, que Montréal a repêché en cinquième ronde (133e choix).  

Timmins fait le point sur le repêchage du CH (2e partie)

 

« En deuxième ronde, on ne voulait pas manquer Romanov. Il y a un défenseur gaucher de la LHJMQ est sorti un peu avant lui (Jared McIsaac). Quand il a été parti, on voulait s’assurer d’avoir Romanov. Même des gens de l’état-major ont passé du temps avec lui. Tout le monde à la table est très excité d’avoir pu l’obtenir », a justifié Timmins.

 

Aux dires de Timmins, le Canadien a essayé de procéder à des transactions pour grimper de quelques rangs ce qui aurait pu permettre de ne pas se faire ravir un joueur du circuit québécois.

 

« Marc (Bergevin) en a parlé vendredi soir, on a tenté de monter. La même chose s’est produite samedi, mais ça ne fonctionne pas toujours », a déclaré Timmins sans donner plus de détails.

 

Le hic, c’est que Timmins et Bergevin répètent chaque année qu’ils essaient de repêcher des joueurs de la LHJMQ, sauf que ça ne concrétise pas.

 

« Il y a 31 équipes, on est l’une de ces équipes. Vous ne savez pas comment ça se passe aux tables. Je vous ai parlé des tractations comme dans le film Draft Day (Le pari). Vous pourriez comprendre si vous y étiez », a lancé Timmins à des journalistes qui ne souhaiteraient rien d’autre qu’avoir accès à de telles informations.

 

Peu importe l’opinion que les gens peuvent avoir sur cette question, Timmins doit composer avec cet enjeu délicat. Il admet que c’est un aspect difficile de son travail.

 

« Oui, ce l’est. On fait de notre mieux. Je me sens responsable pour qu’on soit très vigilants là-dessus. Ensuite, on fait un classement selon les critères auxquels on accorde le plus d’importance et on le respecte », a exprimé l’assistant directeur général.

 

Comme c’est devenu souvent le cas, la consolation provient des invitations au camp de développement du Canadien. Le collègue Stéphane Leroux a déjà eu la confirmation que le gardien Samuel Harvey et l’attaquant Joel Teasdale font partie du lot.

 

« On en a déjà invité certains joueurs avec un accent sur la LHJMQ. Tous les joueurs repêchés  devraient être là, mais ce ne sera pas le cas pour le tournoi des recrues. Certains ne viendront pas d’Europe ou seront retenus à l’école », a noté Timmins.

 

Le Canadien a classé Romanov bien plus haut

 

Dès sa première sélection à Dallas, le Canadien a annoncé ses couleurs en optant pour Jesperi Kotkaniemi qui pourrait ne pas être prêt avant deux ou trois autres saisons. Le risque n’est pas mince car les projections ne le dessinent pas assurément comme un centre de premier trio.

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« Ce sera bien s’il est un centre de premier trio et j’aurai ‘couvert mes fesses’ si ça devient un centre de deuxième trio », a rétorqué Timmins.

 

Si le potentiel et la position naturelle de centre de Kotkaniemi ont dissipé bien des craintes sur ce choix tout de même audacieux, la sélection du défenseur Alexander Romanov en a étonné plusieurs.

 

« C’est tout un joueur, il joue déjà comme un professionnel. Plus tard, on va le regarder et comprendre pourquoi on a sauté sur lui. On ne voulait pas l’échapper et on cherchait un défenseur gaucher. À ce moment, c’était le gars qu’on voulait. Je ne pense pas qu’on aurait pu attendre à notre prochain choix », a-t-il déterminé.

 

Pourtant, ce défenseur gaucher de cinq pieds onze pouces et 185 livres était classé au-delà du 100e rang sur de nombreux rapports spécialisés. Peu importe, le Canadien a investi le 38e choix sur lui.

 

« Je ne me préoccupe pas de ça. Il y a 31 équipes et on mise sur le personnel dans la nôtre. C’est pourquoi on accomplit tout ce travail. On fait nos devoirs, notre recrutement et même nos combines pour des gars comme lui qui ne sont pas été invités par la LNH. Je pense aussi à (Jesse) Ylonen (repêché par Montréal au 35e rang) et (Jonatan) Berggren, le premier choix de la deuxième ronde (le 2e pour être exact) », s’est défendu Timmins.

Timmins fait le point sur le repêchage du CH (1re partie)

 

Le Canadien repartira de Dallas avec sept joueurs de centre de plus dans son organisation ainsi que deux ailiers et deux défenseurs. Lorsque les dirigeants prétendent que la priorité est de sélectionner le meilleur joueur disponible, il aurait fallu ajouter un bémol. C’est une évidence que la position de centre était visée.

 

« C’était une priorité, la valeur est haute pour les joueurs de centre. On peut également en déplacer certains à l’aile. Je pense à Cole (Fonstad, choisi en 5e ronde par le CH) qui a été déplacé à l’aile après avoir joué toute sa vie au centre », a-t-il convenu.

 

Parmi eux, Timmins a donné son avis sur l’intrigant Cameron Hillis et le Suédois Jacob Olofsson.

 

« Il est vraiment passionné, il n’arrête jamais sur la patinoire. Il était une recrue cette année et il est devenu le centre du premier trio à Guelph avec de très bons joueurs sur ce club. Il a aussi un bon sens du hockey », a confié Timmins sur Hillis, un patineur de cinq pieds neuf pouces et 168 livres, qui se compare en partie à Brendan Gallagher.

 

« Par son niveau de compétition, oui, mais je ne dirais pas qu’il est autant physique par contre. »

 

« Notre dépisteur suédois m’aurait étranglé de ne pas le prendre à ce rang (56e). Il joue déjà dans une bonne ligue là-bas. C’est un centre complet qui est costaud et acharné », a décrit Timmins à propos d’Olofsson.

 

Le CH s’est aussi permis de reculer plus d’une fois pour ajouter des choix supplémentaires en 2019. De plus, il a pu sélectionner Brett Stapley en septième ronde. Ignoré l’an passé, il a été invité à deux combines du Canadien.

 

En dépit d’un bassin de 11 sélections, la patience sera de mise avec cette cuvée qui comporte plus de projets à moyen terme. Outre Kotkaniemi, Romanov serait le plus susceptible de s’établir à Montréal sans trop tarder.

 

Pour ceux qui espèrent que ce repêchage relance l’organisation dans la bonne direction, Timmins avait cette réponse.

 

« J’aimerais bien pouvoir prédire l’avenir, mais c’est vraiment ce qu’on souhaite avec ce repêchage. On voit beaucoup de potentiel dans tous ces joueurs. On les aime vraiment, on va les confier à notre équipe de développement et aux entraîneurs. C’est leur responsabilité de les faire atteindre le potentiel qu’on a vu en eux. C’est vrai qu’il y a d’autres joueurs qu’on aurait voulu repêcher, mais ce n’est pas toujours possible. On n’obtient pas toujours exactement tous les joueurs qu’on veut », a reconnu Timmins.

« Je suis heureux d'être avec Kotkaniemi! »
« C'est une surprise! »
« J'ai un bon sens du jeu! »
« C'est un beau cadeau de fête! »
« C'est un honneur d'être à Montréal! »
Deux Québécois au camp de développement du CH