La vie de Serge Savard a été façonnée par le parcours de l’illustre Jean Béliveau et il n’a pu retenir ses émotions quand le moment est venu de parler de celui qui a été son idole de jeunesse, son coéquipier, son meneur et son collègue au sein de l’administration du Canadien.
« Jean Béliveau c’était l’un des plus des grands si ce n’est pas le plus grand de l’histoire du Canadien », a témoigné Savard avec un ton empreint de respect pour le célèbre numéro 4.
« Il donnait l'exemple avec son jeu »
« On avait des casiers postaux dans la chambre et il recevait 10 fois plus de courrier que les autres joueurs, mais il répondait personnellement à son courrier. Quand on le voyait agir ainsi, on devait en faire autant. Il nous disait aussi : "Si vous n’êtes pas capables de signer votre nom pour qu’on puisse le lire, ne le signez pas"», a exprimé celui qui a partagé quatre saisons en sa compagnie.
Si Gordie Howe est surnommé M. Hockey, Savard identifiait M. Béliveau ainsi.
« Il a été Monsieur Respect. Quand quelqu’un meurt, on dit souvent qu’il n’avait pas d’ennemis, mais c’était vraiment le cas pour M. Béliveau. On lui a offert d’être Sénateur et Gouverneur général et tout le monde aurait salué cette nomination s’il avait accepté », a rappelé Savard avec justesse.
En accédant au poste de directeur général du Canadien, Savard n’a pas eu à chercher pour trouver l’exemple de prédilection dans son style de gestion.
« Quand je suis arrivé dans ce poste en 1983, le bureau de Jean était le voisin du mien et je suis allé plusieurs fois prendre un café avec lui pour connaître son opinion sur différents dossiers », a conclu Savard qui s’est inspiré du grand calme de M. Béliveau pour soupeser les importantes décisions à prendre durant son règne.
André Savard rappelle à quel point M. Béliveau aimait aider les gens
Après l’avoir connu à son époque comme joueur des Remparts de Québec, André Savard a découvert davantage la merveilleuse personnalité de Jean Béliveau quand il a accédé au poste de directeur général du Canadien.
« Quand je l’ai rencontré pour la première fois avec les Remparts, j’étais plus gêné et je lui avais parlé brièvement. Il était tellement imposant, c’était M. Hockey et M. Respect », s’est souvenu André Savard à propos de celui qu’il rencontrait souvent avec sa femme.
Dans son rôle de dirigeant, André Savard a pu bavarder avec M. Béliveau à plusieurs reprises et il a notamment été impressionné par son énorme altruisme.
« Il aimait tellement aider les gens. Il a été un facteur important pour que les anciens joueurs des années 50, 60 et 70 qui ont été moins fortunés obtiennent plus d’argent à partir de 65 ans. Jean n’avait pas besoin de cet argent, mais il a sensibilisé à la LNH à ce sujet », a mentionné André Savard.
Avec sa diplomatie éloquente, M. Béliveau commentait parfois les ressources à la disposition du Canadien sur la patinoire.
« Il venait parfois faire son tour dans mon bureau et il trouvait que nous étions un peu trop petits en attaque. J’étais d’accord avec lui, mais je lui disais que je n’avais pas de Jean Béliveau à ma disposition », a rappelé André Savard en riant.