Paul Byron ne comblera pas les énormes brèches qui minent le Canadien au centre et sur le flanc droit. Plus petit joueur du Tricolore et peut-être même de la LNH au grand complet, Byron ne permettra certainement pas au Canadien qui est déjà bien petit, aux sens propre et figuré, de prendre du poids face à ses adversaires.

Malgré tout, on peut comprendre Marc Bergevin de lui avoir offert une prolongation de contrat de trois ans.

Plus rapide patineur du Canadien, Byron a démontré son utilité autant en désavantage numérique qu’une fois à trois contre trois en prolongation. Cette vitesse lui a permis de rivaliser avec Max Pacioretty et Tomas Plekanec dans la course vers le plus grand nombre d’échappées obtenues depuis le début de saison.

Byron ne peut certainement pas prétendre à un titre de franc-tireur comme c’est le cas pour son capitaine. Il ne peut déloger non plus Plekanec au sein de l’une des deux premières vagues en avantage numérique.

Mais bien qu’il n’affiche que huit buts en 40 matchs disputés avec le Canadien, Byron est le marqueur le plus efficace du Tricolore puisqu’il a enfilé ces huit buts en 33 tirs seulement, ce qui lui donne une efficacité de 24,2 %. Une efficacité qui devrait militer en sa faveur lors des séances de tirs de barrage. Ajoutez à cette statistique intéressante le fait que Byron a marqué ces huit buts alors qu’il ne joue en moyenne que 13 min 8 s par match et vous avez d’autres motifs qui justifient sa mise sous contrat.

On pourrait ajouter ensuite qu’en dépit de sa petite taille, Byron ne recule pas devant ses adversaires et qu’il est même solide en échec avant et qu’à un salaire moyen sous le plafond de 1,16 million pour les trois prochaines années, l’attaquant devrait offrir un bon rapport qualité-prix au Canadien.

Tout ça est bien beau.

Mais avec sa mise sous contrat de Paul Byron, Marc Bergevin renfloue encore sa banque de joueurs de soutien sans pour autant s’attaquer aux vrais ennuis qui minent son équipe au sein des deux premiers trios et non au sein des deux derniers.

Le Canadien est très bien nanti en joueurs de soutien. Trop même. Vrai que Dale Weise devrait être échangé d’ici lundi et que s’il n’est pas échangé il changera sans doute de camp une fois le marché des joueurs autonomes ouvert l’été prochain. Vrai aussi que Tomas Fleischmann ne sera pas de retour l’an prochain. Sans oublier que j’ai peine à croire que Devante Smith-Pelly obtiendra une offre de contrat du Canadien en vue de la saison prochaine. Il sera même chanceux d’en obtenir une d’une équipe de la LNH point.

Quand même : Byron, Torrey Mitchell et Brian Flynn sont déjà sous contrat en vue de la saison prochaine. Tout comme Jacob De La Rose qui, s’il revient à Montréal l’an prochain, le fera à titre de joueur de soutien. Ce qui est également la réalité qui attend les Daniel Carr, Lucas Lessio, Sven Andrighetto, Charles Hudon, Michael McCarron et autres joueurs venus en renfort du club-école au cours de la saison. Des joueurs qui ont démontré de belles aptitudes. Des aptitudes qui pourraient leur ouvrir la porte du vestiaire du Canadien sur une base permanente un jour. Mais des aptitudes qui les confineront dans des rôles de soutien.

Ajoutez à cela que Lars Eller et David Desharnais seront toujours plus efficaces au centre d’un troisième trio qu’au sein d’un des deux premiers, que Tomas Plekanec pourra de moins en moins – il peine déjà à le faire – assumer un rôle au sein d’un premier trio et que Brendan Gallagher, au-delà toute l’estime qu’on peut avoir pour lui, ne pourra assumer le rôle de premier ailier droit du Canadien encore bien longtemps, et on se retrouve devant les vrais défis qui attendent Marc Bergevin.

Petry à la ligne bleue, rien à l’attaque

Depuis qu’il est arrivé à Montréal, Marc Bergevin a renfloué son équipe en joueurs de soutien de qualité. L’acquisition de Paul Byron par le biais du ballottage l’automne dernier a été un bon coup. Sa prolongation de contrat l’est aussi. Les acquisitions de Mitchell et Flynn à la date limite des transactions il y a un an et l’acquisition de Mark Barberio l’été dernier méritent aussi d’être soulignées.

Mais exception faite de l’acquisition de Jeff Petry qui peut assumer une place au sein du deuxième duo de défenseurs du Canadien derrière P.K. Subban, Marc Bergevin n’a encore rien fait pour aider son équipe à long terme au sein de ses deux premiers trios.

Je suis loin d’être convaincu que Marc Bergevin pourra réaliser un grand coup d’ici la date limite des transactions lundi prochain.

Si la date limite tombe et que Marc Bergevin n’a fait que des transactions mineures autour de Weise, Fleischmann et qui encore, on lui pardonnera. On lui offrira encore un brin ou deux de patience.

Mais l’été prochain, il devra bouger et bouger pour vrai.

Car au-delà le retour en forme de Carey Price – il est permis de croire qu’il sera remis de sa blessure au genou à temps pour amorcer la saison prochaine, du moins je l’espère… –, et d’un choix intéressant au repêchage si le Canadien continue de plonger au classement général et qu’il est chanceux à la loterie Auston Matthews, Marc Bergevin devra prendre des décisions qui permettront de vraiment aider son club au sein de ses premiers trios.

Car s’il est vrai que les meilleurs joueurs d’une équipe doivent performer à la hauteur de leur potentiel pour donner des chances réelles de victoires, les meilleurs du Canadien ne sont pas assez nombreux, et assez bons, pour y arriver sur une base régulière. La perte de la Carey Price en a fait la preuve par 1000.

Et c’est Marc Bergevin qui doit remédier à ce problème fondamental qui mine le Canadien.

C’est lui aussi qui devra, une fois ses deux premiers trios renfloués, prendre une décision plus importante encore et se demander si Michel Therrien est vraiment l’entraîneur-chef à qui il confiera le mandat d’orchestrer le travail de cette équipe mieux nantie.

Comme quoi après un hiver au cours duquel il a sans doute beaucoup travaillé sans être pour autant en mesure de vraiment venir en aide à son équipe, comme quoi après quatre années au cours desquelles il a renfloué son club de joueurs de soutien, il est maintenant grand temps pour Marc Bergevin d’agir et d’agir pour vrai. Il doit cesser d’appliquer des petits diachylons en espérant qu’elles arriveront à endiguer l’infection sur les plaies vives qui minent son équipe. Des plaies que des diachylons n’arriveront jamais à guérir, car elles sont rendues si importantes que seules des greffes pourront y arriver. Des greffes qui viendront avec des joueurs de premier plan et non des joueurs de soutien. Aussi bons, valeureux et rentables soient-ils.

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