J'entends déjà les sceptiques, ceux dont la confiance est naturellement fragile, s'inquiéter d'une remontée possible des Sénateurs. S'il fallait qu'ils gagnent le cinquième match demain soir. S'il fallait que le Canadien soit dans l'obligation de retourner à Ottawa. De curieuses appréhensions autour d'une équipe qui vient d'encaisser une première défaite en sept parties.

Je demande à ceux-là, qui n'ont pas la foi, comment ils auraient réagi si on leur avait dit avant le début de la série que le Canadien la dominerait éventuellement 3-1? Sans doute qu'ils auraient déjà dansé dans la rue.

C'est fou ce qu'une seule victoire des Sénateurs peut entraîner comme source d'inquiétude. Certes, on peut se demander si Craig Anderson n'est pas en train de répéter ses exploits d'il y a deux ans alors qu'il avait été le grand responsable de l'élimination du Canadien. Il est également logique de penser que les Sénateurs, qui ont perdu les trois premiers matchs par la marge d'un but, pourraient au moins se retrouver à égalité dans la série, sinon en avant.

Par ailleurs, certains attaquants devraient en offrir davantage. Où serait le Canadien sans la contribution des membres de son personnel de soutien, Torrey Mitchell, Brian Flynn et Dale Weise, qui totalisent huit points en quatre matchs? Durant la même période, les Desharnais, De La Rose, Gallagher, Smith-Pelly et Prust ont été incapables de produire un seul but. On se serait aussi attendu à un effort plus intense de Galchenyuk et Eller.

Tous ces facteurs négatifs, qui ne faisaient pas une très grande différence dans la victoire, deviennent un peu plus significatifs dans la défaite.

De leur côté, les Sénateurs n'ont pas réglé tous leurs problèmes. Bobby Ryan, l'attaquant le mieux rémunéré de l'organisation qui compte quatre saisons de plus de 30 buts dans son CV, est incapable de leur venir en aide depuis des semaines. L'équipe n'a pas obtenu beaucoup d'aide de son quintette de marqueurs de 20 buts cette saison, même si leur premier franc-tireur, Mike Hoffman, est celui qui a rendu possible la présentation d'un cinquième match dont il faudra quand même se méfier.

Disons que ça aiderait vendredi soir si le Canadien, pour la première fois de la série, parvenait à marquer le premier but. Pour les Sénateurs, si la montagne la plus difficile à contourner est Price, on présume que les joueurs du Canadien auront tous le même nom en tête, celui de Craig Anderson, dans leur préparation d'un match qu'ils doivent gagner à tout prix. Le gardien de 34 ans, qui les a hantés il y a deux ans, leur a certainement donné de quoi réfléchir depuis deux parties.

On préfère ne pas imaginer ce qui aurait pu se passer si Anderson était entré plus tôt dans cette spectaculaire bataille.