MONTRÉAL - Quand deux clubs qui patinent dans la vase, qui jouent du mauvais hockey et qui s’enlisent au classement se croisent sur une même patinoire, on doit s’attendre à du hockey échevelé.

 

On doit s’attendre à ce que les systèmes prennent le bord.

 

Ces principes illustrent parfaitement l’affrontement entre les Canucks venus de Vancouver et le Canadien, lundi soir, au Centre Bell. Un match au cours duquel les joueurs des deux formations ont fait preuve d’une grande générosité en se rendant coupables d’un grand total de 40 revirements répartis également entre les deux camps.

 

Quarante revirements, c’est énorme. Et j’ai l’impression que les officiels mineurs ont eu un brin pitié des joueurs du Canadien et de leurs adversaires, car ils auraient pu en ajouter ici, là et là-bas.

 

Cela dit, le Canadien n’a pas joué un match atroce. Il s’est battu, il a déployé de l’effort, il a même trouvé le moyen de revenir de l’arrière en fin de première période pour niveler les chances 1-1.

 

Devant son filet, Jake Allen a disputé un match solide. Un autre. Avec les 40 arrêts qu’il a réalisés, il a rempli son rôle premier : celui d’offrir à son équipe une chance de gagner... même si en fin de compte, elle a encaissé un revers de 2-1, un 18e en 24 matchs cette saison, un 16e en temps réglementaire.

 

Erreur coûteuse et unités loin d’être spéciales

 

Pourquoi alors les Canucks qui avaient joué dimanche soir, à Boston, qui étaient dans une situation de trois matchs en quatre soirs, qui disputaient le quatrième match d’une série de cinq consécutifs sur la route – le voyage prendra fin mercredi à Ottawa – qui avaient perdu leurs quatre dernières parties et neuf des 10 dernières (1-8-1) ont trouvé le moyen de gagner?

 

Pourquoi ces Canucks ont réussi à gaspiller la sixième occasion consécutive du Tricolore de prolonger à deux une série de victoires cette saison?

 

Parce que les erreurs du Canadien ont été plus coûteuses que celles de leurs adversaires.

 

Sur le deuxième but des Canucks, le but qui est finalement devenu le but gagnant, Jeff Petry a mal anticipé les intentions de Josh Anderson... ou Josh Anderson a mal interprété les intentions de Jeff Petry.

 

La seule chose qui soit claire, c’est que lorsqu’Anderson a laissé la rondelle derrière lui dans le coin de la patinoire, à la droite de Jake Allen, Jeff Petry ne s’en est jamais occupé trop concentré qu’il était à suivre le joueur qu’il couvrait.

 

ContentId(3.1398295):Dominique Ducharme : « On est tombés dans le genre de match qu'ils voulaient jouer » (Canadiens)
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Ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose. D’ailleurs, outre ce jeu le mettant en vedette pour les mauvaises raisons, Petry a été bien meilleur que lors de ses récentes performances.

 

Mais une fois Anderson sorti du jeu et Petry plus sorti encore, Bo Horvat n’a eu qu’à dire merci beaucoup pour le cadeau avant de remettre la rondelle dans l’enclave où Conor Garland, laissé complètement seul devant Jake Allen, a marqué son septième but de la saison sur un jeu qui n’a donné aucune chance au gardien du Canadien.

 

Ce but a fait la différence.

 

Tout comme le fait que les Canucks ont marqué une fois sur les deux attaques massives qu’ils ont obtenues, ce que le Canadien a été incapable de faire encore une fois puisqu’il a été blanchi en deux occasions.

 

Les spécialistes de l’attaque massive ont été blanchis dans un quatrième match de suite (0 en 11). Ils ont été blanchis pour la 16e fois en 24 matchs (0 en 40). Ils n’ont marqué qu’un but lors des neuf derniers matchs (1 en 20) et neuf seulement en 72 tentatives depuis le début de l’année.

 

C’est peu. C’est trop peu!

 

Surtout que les spécialistes en défensive ont accordé lundi un 23e but cette saison en 72 désavantages numériques.

 

Ce qui est trop. Beaucoup trop!

 

Rendu là, il est impossible de parler d’unités spéciales.

 

Poehling prend du galon, Caufield en perd...

 

Si les partisans du Canadien peuvent se réjouir du fait que leurs favoris n’ont pas été déclassés malgré la défaite, ils peuvent aussi de réjouir de la progression remarquée dans le jeu de Ryan Poehling.

 

Parti vers Laval couvert de goudron et de plumes après un camp d’entraînement décevant et des matchs préparatoires plus décevants encore, Poehling a marqué son 4e but en 10 matchs disputés avec le grand club cette saison.

 

Ce n’est pas le chiffre associé au but qu’il a marqué lundi qui retient mon attention, mais surtout la manière dont Poehling l’a marqué. Il l’a fait en fonçant au filet. En donnant l’impression qu’il a compris qu’il devra provoquer des choses s’il veut contribuer offensivement aux succès de l’équipe. Qu’il a compris que les buts ne tombent pas du ciel dans la LNH.

 

Le trio de Poehling a effectué plusieurs bonnes présences au cours de la rencontre. Et lorsque Dominique Ducharme a décidé de jumeler Jonathan Drouin à Poehling et Joel Armia, le trio a créé d’autres bonnes occasions de marquer.

 

Thatcher Demko, avec deux arrêts solides aux dépens du Québécois, a privé Jonathan Drouin d’au moins un but. Peut-être deux.

 

ContentId(3.1398289):Canadiens : Ben Chiarot volé par Thatcher Demko en fin de match (LNH)
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Demko a aussi joué le même tour en fin de rencontre à Ben Chiarot qu’il a frustré en se jetant sur sa droite tout en brandissant les deux jambières vers le ciel pour effectuer un des arrêts les plus spectaculaires au hockey.

 

« Ryan a eu de bons flashs avec son trio. Il joue bien. Il profite des occasions qu’on lui donne. C’est comme ça que tu fais ta place dans la LNH. C’est comme ça que tu avances », a indiqué Dominique Ducharme après la rencontre.

 

Ce qui est vrai pour Poehling l’est de moins en moins pour Cole Caufield qui peine à convaincre tout le monde que c’est dans la LNH et non dans la Ligue américaine qu’il doit jouer.

 

Et cela dépasse les statistiques offensives.

 

Lundi soir, Caufield a réalisé un beau jeu pour offrir un tir de qualité qui s’est transformé en bonne occasion de marquer à Jonathan Drouin.

 

Je crois, sans trop de risque de me tromper, qu’il s’est agi là d’une de ses rares bonnes présences.  Des trois tirs qu’il a décochés, un seul a atteint la cible.

 

Le petit gars patine, il travaille, mais il peine à se démarquer. À s’imposer. J’étais convaincu, quand il a été cédé au club-école au début du mois de novembre, que c’était la bonne chose à faire. Je suis plus convaincu encore que c’est à Laval qu’il devrait retourner pour terminer l’année.

 

Il faudra voir ce que Jeff Gorton décidera une fois qu’il rejoindra sa nouvelle équipe. Bien que Caufield profitera sans doute de quelques matchs pour impressionner son nouveau patron, il semble évident qu’une fois les blessés qui manquent à l’appel à l’attaque de retour, il troquera l’uniforme du Canadien pour celui du Rocket.

 

Et ce sera une bonne chose.

 

Après avoir gaspillé, lundi, contre les Canucks, une belle occasion de signer deux gains consécutifs pour une première fois cette saison, le Canadien aura la tâche plus difficile jeudi d’amorcer une nouvelle séquence victorieuse alors que l’Avalanche fera escale au Centre Bell pour la première et seule fois cette saison.

 

À moins que les deux clubs ne se croisent en grande finale de la coupe Stanley.

 

Ce qui risque fort peu d’arriver...