Quand une mauvaise équipe joue du hockey déterminé et parfois même du bon hockey, elle peut signer sa part de victoires. Elle peut même surprendre de gros clubs qui la prennent à la légère de temps en temps et ainsi rester le plus longtemps possible dans la course aux séries à défaut de les atteindre.

 

Quand une mauvaise équipe joue au hockey d’une façon désintéressée, qu’elle joue du mauvais, voire du très mauvais hockey, il arrive ce qui est arrivé au Canadien jeudi contre la Caroline.

 

Dieu que le Canadien a été mauvais.

 

Après une première période « inacceptable » comme l’a dit l’entraîneuf-chef Claude Julien, une première période au cours de laquelle Carey Price a été le seul joueur à au moins tenter de sauver la face de l’équipe, le Canadien a pris un peu de vie au deuxième tiers.

 

Deux buts rapides (39 secondes d’écart) de Charles Hudon et Brendan Gallagher ont même donné l’impression que le Canadien était revenu dans le coup.

 

Mais non!

 

Pendant l’annonce du 18e de la saison de Gallagher, les Canes ont repris l’avance. Vingt-neuf secondes plus tard, le Canadien était à nouveau en retard de deux buts.

 

Hudon, encore lui, et Petry ont ravivé l’espoir une fois encore. Et une fois encore, le Canadien a ouvert la porte aux Canes qui ont repris les devants 74 secondes plus tard avec seulement six secondes à écouler en période médiane. Une éternité dans le cadre de cette période un brin folle. Non deux!

 

Qu’est-ce qui est arrivé en troisième période vous pensez? Eh oui! Le Canadien a nivelé les chances alors que Max Pacioretty a fait dévier un tir de la pointe de Jeff Petry.

 

Mais pendant qu’on se demandait combien de temps le Canadien résisterait à la tentation de redonner l’avance aux Canes, la réponse est tombée dix petites secondes après la remise en jeu et le sixième but des Hurricanes a suffi pour infliger au Canadien sa 29e défaite de la saison – 23e en temps réglementaire – en 49 matchs.

 

Comment expliquer que des professionnels qui ont comme mandat de s’assurer de jouer du hockey intelligent en début de période, en fin de période, et après avoir marqué un but peuvent avoir accorder un but 94 secondes après le début de la partie, un autre avec six secondes à faire en deuxième période et avoir encaissé trois répliques de leurs rivaux en 101 petites secondes comme le Canadien l’a fait jeudi?

 

« Par un manque évident de préparation et de concentration qui a ouvert la porte à des erreurs individuelles qui ont coûté des buts. Si tu es bien préparé, tu n’accordes pas le genre de buts qu’on a accordés ce soir. On n’a pas joué du hockey intelligent », a convenu l’entraîneur-chef Claude Julien qui s’est dit déçu et qui a admis ne pas de souvenir de la dernière fois que son équipe avait été aussi mauvaise en matière d’erreurs individuelles coûteuses.

 

On va se le dire, la préparation c’est l’affaire du coach et de ses adjoints. Jeudi matin, Claude Julien a gardé ses joueurs hors de la patinoire. Ça ne veut pas dire qu’ils étaient en congé pour autant. Et l’entraîneur-chef a refusé d’ouvrir une sortie de secours à ses joueurs en imputant leur piètre performance à cette décision de les garder hors de la patinoire.

 

« Des professionnels doivent agir en professionnels. Nous préparons nos joueurs, nous ne le gardons pas. Ils doivent prendre leurs responsabilités. Ils doivent être prêts physiquement et mentalement lorsqu’ils sautent sur la glace. Ce soir, certains l’étaient, mais plusieurs ne l’étaient pas. Nous avons réuni les joueurs ce matin, nous avons fait du vidéo. Nous leur avons présenté un plan sur ce que nous devions faire, sur le genre d’opposition qui nous attendait. Nous avons répété les directives à la réunion de 18 h. Après, c’est aux joueurs à prendre leurs responsabilités. Un pro a besoin d’être un pro. Et c’est ce qu’on voir dans les bonnes équipes», a calmement, mais fermement, défilé Claude Julien dans une sortie très sévère à l’endroit de ses joueurs.

 

Une sortie méritée si l’on se fie aux commentaires de Brendan Gallagher dans un vestiaire désert et silencieux après la défaite gênante.

 

« Il n’y a pas de bonne explication qui puisse tenir la route. Nous étions absents en première et même si l’effort était là en deuxième et troisième, la concentration n’y était pas », a plaidé Gallagher la tête basse.

 

Pendant que Carey Price ira représenter le Canadien au Match des étoiles, Brendan Gallagher et le reste de l’équipe profiteront d’un congé.

 

Le genre de performance offerte par le Canadien à l’aube de ce congé me rappelle les commentaires d’Alain Vigneault alors qu’il dirigeait le Tricolore. Après un match aussi mauvais que celui de jeudi, un match disputé à Chicago, contre les Hawks, et qui servait de tremplin à la pause du Match des étoiles, Vigneault avait déclaré que si la météo réservait à ses joueurs le congé qu’ils méritaient, il allait leur pleuvoir sur la tête au cours des trois prochains jours...

 

Je ne sais pas s’il pleuvra sur la tête des joueurs du Canadien ou s’ils se cacheront la tête dans le sable, dans la neige ou dans le pop corn d’ici leur prochain match, mardi, à St.Louis, mais ce que je sais c’est que leurs chances d’accéder aux séries sont maintenant ridiculement faibles.

 

Le Canadien a maintenant besoin d’une récolte de 49 points – avec 33 matchs à disputer – pour atteindre le plateau de 95 points qui est la moyenne de points récoltés par le deuxième club repêché dans l’Est au cours des cinq dernières saisons.

 

Pour récolter 49 points en 33 matchs, le Canadien a donc besoin de maintenir une fiche qui ressemble à 22 victoires, six défaites en temps réglementaire et cinq en prolongation ou tirs de barrage.

 

Si vous vous demandez comment un club qui a gagné 20 de ses 49 premiers matchs pourra en gagner 22 en 33 parties, alors que le niveau de jeu grimpera d’un, deux ou trois crans, vous n’êtes pas seul dans votre camp.

 

Je veux bien croire que ce n’est jamais fini tant que ce n’est pas fini, mais là, c’est pas mal fini…

 

Mes observations sur le match :

  1. Où étaient Drouin, Galchenyuk et Deslauriers?
  2. Pacioretty-Byron-Hudon en relève
  3. Price tentera de s’amuser en Floride
  4. Petry-Alzner passe encore…
  5. Schlemko-Benn, ça ne passe pas du tout...

Chiffre du match : 87 – le Canadien et les Hurricanes ont échangé sept buts au cours de la deuxième période. Sept buts marqués sur un total de 23 tirs. C’est beaucoup de buts sur vraiment pas beaucoup de tirs... Certains diront que ces sept buts les ont divertis et qu’ils ont sauvé le spectacle. Je veux bien. Mais si on est rendu là, on est rendu bien bas. Et c’est peut-être la triste réalité du Canadien pour le reste de cette saison misérable. Des sept buts marqués en période médiane, le Canadien et les Canes en ont échangé quatre en 87 secondes. Oui c’est beaucoup de buts en bien peu de temps. Mais cette séquence n’a pas battu la séquence de quatre buts marqués par le Lightning de Tampa Bay le 9 novembre dernier aux dépens des Kings de Los Angeles...

 

Où étaient Drouin, Galchenyuk et Deslauriers?

 

Après avoir attendu 48 matchs pour assister à la première soirée de trois points de Jonathan Drouin et à la première soirée vraiment d’un des trios qu’il a pilotés depuis le début de la saison, les partisans du Canadien ont passé la soirée à chercher le centre québécois et ses compagnons de trio jeudi.

 

Parce qu’ils ont terminé la soirée avec des différentiels de moins-3, il est clair que Drouin, Galchenyuk et Deslauriers ont joué.

 

On doit donner à Drouin le crédit d’avoir remporté une mise en jeu en zone ennemie – il a terminé sa soirée avec une efficacité de 42 % (8 en 19) – qui a conduit au but de Max Pacioretty. Il a aussi obtenu cinq tirs et a offert quatre tirs à Nicolas Deslauriers – le robuste attaquant s’est surtout signalé avec ses huit mises en échec – et un à Alex Galchenyuk.

 

Mais dans l’ensemble, ce trio a été timide en attaque et lamentable en couvertures défensives. Ils ont d’ailleurs été pris à contrepied sur les deux buts en 29 secondes que les Canes ont marqués pour reprendre une avance de 4-2 en réplique aux buts de Gallagher et Petry.

 

Motivé par le duel l’opposant à son grand copain et fer-de-lance de l’Avalanche du Colorado Nathan MacKinnon, mardi, Drouin pouvait difficilement s’éclipser comme il l’a fait contre la Caroline.

 

Mais il l’a fait.

 

Pacioretty-Byron-Hudon en relève

 

Pendant qu’ils se demandaient ou diable étaient passés Jonathan Drouin et les membres de son trio, les fans du Canadien ont pu se satisfaire des exploits du trio de Max Pacioretty, Paul Byron et Charles Hudon.

 

À l’image de Drouin mardi, Hudon s’est offert une soirée de trois points (deux buts). Il était temps pour le jeune homme que les efforts donnent des dividendes. Mais après la rencontre, Hudon était bien plus préoccupé par son erreur qui a conduit au but gagnant des Hurricanes qu’aux trois points qu’il venait d’obtenir.

 

« Ça montre le caractère de Charles. C’est vrai qu’il a commis une erreur sur ce but. Et que certaines erreurs individuelles ont des conséquences plus graves parce qu’elles ne peuvent être rachetées par d’autres joueurs selon l’endroit où elles sont commises. Mais je n’imputerai certainement pas la faute de la défaite sur le compte de Charles Hudon qui dans l’ensemble a disputé un très fort match », a commenté Claude Julien après la rencontre.

 

Moins productif que Hudon, Paul Byron a prouvé une fois encore que son niveau d’implication et son efficacité sur la patinoire lui permettent de pallier son manque de compétences naturelles au centre. En relève à Phillip Danault, Byron a récolté une autre passe jeudi. Il revendique un point (2 buts, 4 passes) dans chacun des six matchs disputés au centre depuis que Claude Julien lui a lancé un appel à l’aide.

 

Dommage que l’éthique de travail affichée par Byron ne soit pas contagieuse autour de lui dans le vestiaire du Tricolore. Ça aiderait!

 

Seule ombre au tableau, Byron ne l’avait pas du tout aux cercles de mises en jeu où il a été blanchi en quatre duels. Hudon lui est vite venu en aide. Comment les deux joueurs partagent le travail? « On se parle beaucoup. Ce soir, Paul est venu me voir en me disant qu’il ne l’avait pas du tout. J’ai ensuite disputé toutes les mises en jeu », a expliqué Hudon qui a été le meilleur du Canadien avec une efficacité de 57 % (8 en 14) dans le cadre d’une soirée difficile au cours de laquelle les centres du Tricolore ont maintenu un taux de réussite combiné de 38 %...

 

Price tentera de s’amuser en Floride

 

Abandonné par une défensive poreuse, voire lamentable, Carey Price peut difficilement être pointé du doigt pour l’un ou l’autre des six buts marqués par les Hurricanes. Mais qu’ils soient un peu, beaucoup ou pas du tout de sa faute, six buts accordés sur 29 tirs, ça ne paraît pas bien. Vraiment pas...

 

Pas surprenant que le gardien avait le caquet bas après la rencontre. « J’aurai aimé effectuer quelques arrêts de plus », a laconiquement reconnu le gardien après la rencontre.

 

Pendant que ses coéquipiers profiteront d’un congé, Price devra se taper le Match des étoiles à Tampa. Bon! Il sera loin des travaux forcés. C’est clair. Et comme il vient de profiter de la semaine de congé statutaire, il n’est pas au bout du rouleau. On ne devrait pas l’être du moins.

 

Price aurait pu faire comme certains joueurs et déclarer forfait sans pouvoir invoquer une blessure comme excuse. Il aurait obtenu son congé, mais aurait écopé une partie de suspension à son retour en guise de représaille imposée par la LNH. Parce que le Canadien n’est pas encore mathématiquement éliminé et que l’équipe tient à lui donner tous les matchs tant qu’il sera encore «possible» d’accéder aux séries, le gardien du Canadien ne pouvait courir le risque d’écoper une telle suspension.

 

« Je vais tenter d’avoir du plaisir et de prendre un peu de soleil », a indiqué le gardien qui sera accompagné dans le Nord de la Floride de son épouse et de leur fillette.

 

Petry-Alzner passe encore...

 

Jeff Petry nous a habitués à des fluctuations importantes dans le niveau de ses performances. Quand il est bon, il est vraiment bon. Quand il est mauvais, il est franchement mauvais.

 

Après quelques matchs affreux, Petry a continué à s’imposer offensivement jeudi. Après la passe sensationnelle qui a conduit au but de Jonathan Drouin, en troisième période, mardi, contre le Colorado, Petry a marqué un but et ajouté deux passes jeudi. Il revendique un but et huit points à ses huit derniers matchs.

 

Quand il joue bien, Petry sort rapidement de sa zone, il patine avec la rondelle, la distribue avec précision et sait décocher de bons tirs au filet. Quand Petry joue bien, il aide aussi grandement la cause de son partenaire de travail – Karl Alzner hier – qui n’est pas le meilleur avec la rondelle et certainement pas non plus au chapitre du coup de patin. Avec un Petry engagé, Alzner est moins souvent vulnérable et victime de la vitesse d’adversaires qui foncent sur lui après des revirements en zone neutre. Parce qu’il a plus de temps pour lire les jeux et orchestrer ses défenses quand Petry s’assure que la rondelle se rende à l’autre bout de la patinoire au lieu du lui sauter au visage, Alzner a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de plus-2, le meilleur au sein du groupe de défenseur du Tricolore. Petry a terminé à plus-1 parce que son troisième point a été obtenu en avantage numérique, annulant ainsi le différentiel positif.

 

Schlemko-Benn ça ne passe pas du tout...

 

Si le duo Alzner-Petry s’est bien tiré d’affaire contre la Caroline jeudi, les autres duos en ont beaucoup arraché.

 

David Schlemko et Jordie Benn ont offert des performances indignes de défenseurs d’expériences dans la LNH. Schlemko a perdu des rondelles en zone défensives, il a perdu des batailles le long des bandes et devant le but ce qui a ouvert la porte à deux buts des Canes. Benn a quant à lui joué du bout du bâton bien trop souvent et a pris la vilaine décision de foncer en zone neutre en fin de période médiane ce qui a ouvert toute grande la porte à la poussée qui a permis à Derek Ryan de saisir un retour accordé par Carey Price et d’avoir tout le temps au monde et l’espace nécessaire pour redonner les devants aux Canes (5-4) avec six secondes à écouler en deuxième.

 

Un but qui a fait mal. Mettez-en...

 

Moins affreux que Schlemko et Benn, Victor Mete et Jakub Jerabek ont aussi connu leur part d’ennuis. Mais bon! Le premier a 19 ans et il démontre des aptitudes que les deux autres n’ont pas et sont loin d’avoir. Quant au deuxième, il tente toujours de trouver sa niche à sa première saison dans la LNH.

 

Mais disons qu’en regardant jouer les défenseurs des deuxième et troisième duos encore hier, il est difficile de ne pas remettre dans la bouche du directeur général Marc Bergevin ses commentaires d’avant-saison selon lesquels sa défensive serait meilleure en 2017-2018 qu’elle ne l’était l’an dernier. Un commentaire difficile, voire impossible, à oublier. Surtout que ses défenseurs ne font rien, mais vraiment rien, pour aider leur DG à s’en défaire...

 

Bon congé!