Il y a une semaine à peine, Erik Karlsson fustigeait la LNH et sa décision d’adopter la prolongation à trois contre trois pour dénouer l’impasse avant de se rendre en tirs de barrage. Il faut dire qu’à ce moment, les Sénateurs avaient vu leurs quatre premières prolongations à trois contre trois se rendre à la limite pour gagner deux fois en tirs de barrage et perdre à deux reprises.

Mardi soir, le capitaine des Sénateurs était à deux coups de patin de l’action pour assister au but de Kyle Turris. But qui a mis fin à la prolongation après 34 secondes seulement. But qui a aussi mis un terme à la séquence de cinq victoires consécutives du Tricolore au Centre Bell en ce début de saison.

Je ne sais pas si, au lendemain d’une première victoire, Karlsson changera d’avis sur le bien-fondé ou non d’évoluer à trois contre trois une fois les 60 minutes réglementaires écoulées. Mais dans le vestiaire de son équipe, le gardien Craig Anderson assurait préférer la nouvelle prolongation aux tirs de barrage.

« Comme on vient de le voir, le trois contre trois est très risqué. Si tu perds la rondelle à un bout de patinoire ou que tu rates la cible sur un tir, tu donnes à l’autre club une descente en surnombre et une très bonne occasion de marquer. Mais au moins, tous les joueurs sont impliqués. Si un gardien effectue un gros arrêt à son bout de patinoire et que cela offre la possibilité d’aller marquer à l’autre bout, tu te sens récompensé et c’est encore une victoire d’équipe », expliquait Anderson qui déplorait le niveau d’individualisme de la fusillade.

« En tirs de barrage, tout le poids du match repose sur le gardien. Tu as beau avoir connu une grosse soirée et limité l’adversaire à un petit but, si tu en donnes trois en fusillade, l’impression que ça laisse est que tu as été mauvais. Quand la prolongation commence, je sais comme gardien que je vais affronter de bonnes ou de très bonnes occasions de marquer puisqu’elles découleront de descente en surnombre. Mais ça demeure une situation de hockey. Mes adversaires doivent patiner à fond quand même, car mes coéquipiers les pourchassent. En fusillade, les gars ne patinent pas, ils ont tout le temps au monde pour faire des jeux qu’ils ne tenteraient pas autrement. Voilà pourquoi j’aime beaucoup plus le trois contre trois que les tirs de barrage », a conclu Anderson qui a effectué 36 arrêts sur les 37 tirs du Canadien pour signer sa cinquième victoire de la saison, sa huitième en carrière (8-7-2) contre le Canadien, face auquel le vétéran gardien des Sens connaît soit de très gros matchs, soit des matchs difficiles.

Mardi, il était en forme. En grande forme. « Il a fait la différence dans le match », a d’ailleurs admis l’entraîneur-chef Michel Therrien avant de louanger également le travail de son gardien Mike Condon qui a connu une autre très bonne sortie – deux buts sur 27 tirs – même s’il a encaissé son premier revers cette saison, son premier en carrière dans la LNH après quatre gains consécutifs.

Tactiques éteignoirs

Auteur du but gagnant, Kyle Turris est venu à la défense de son capitaine en marge de sa sortie contre la prolongation à trois contre trois.

« C’est la cinquième fois cette saison qu’on se rend en prolongation. Lors d’au moins deux des quatre premières fois, nos adversaires ont envoyé deux défenseurs et un seul attaquant sur la glace. Ils ont fermé complètement le jeu, tuant l’esprit même de ce changement qui visait à améliorer les chances de marquer en prolongation. C’est surtout cet aspect qui nous mettait en colère. À quoi bon jouer à trois contre trois si les équipes adoptent des stratégies défensives pour miner les chances de marquer », plaidait Turris.

ContentId(3.1160416):Sénateurs 2 - Canadiens 1 (Prol.)
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Le rapide patineur a profité d’une montée en surnombre orchestrée par Mike Hoffman pour déjouer Mike Condon et inscrire son huitième but de la saison déjà. Son deuxième but gagnant.

Sur le jeu en question, les Sénateurs ont eu le dessus sur les trois joueurs envoyés par Michel Therrien en début de prolongation : Tomas Plekanec et Max Pacioretty à l’attaque, puis Jeff Petry en défense.

Petry s’est lancé à l’attaque sur la montée initiale. Plekanec est venu le remplacer à la ligne bleue, mais le joueur de centre s’est retrouvé seul contre Turris et Hoffman après que Pacioretty eut perdu une bataille le long de la rampe.

Pacioretty qui ne semble vraiment pas filer depuis le début du voyage dans l’Ouest canadien, et Petry n’ont pas eu le temps de venir appuyer Plekanec avant que Turris ne déjoue Condon avec un tir précis dans la lucarne.

Pourquoi préférer deux attaquants à deux défenseurs?

J’ai posé la question à Michel Therrien après la rencontre. L’entraîneur-chef du Canadien a candidement répondu que la stratégie orchestrée n’avait rien à voir avec le fait d’y aller avec deux attaquants ou deux défenseurs.

« Ce qui compte lorsque tu joues à trois contre trois, c’est le contrôle de la rondelle. Sur le jeu qui a mené au but (gagnant) des Sénateurs, on a perdu la rondelle et ils ont contre-attaqué avec vitesse. Honnêtement, il y a du bon à y aller avec deux attaquants et aussi avec deux défenseurs. Car au fond, il n’y a pas vraiment de structure à respecter à trois contre trois contrairement à cinq contre cinq. Tu te dois de conserver la rondelle », a expliqué Michel Therrien.

En 34 secondes, Therrien, ses adjoints et leurs joueurs n’ont pas eu grand temps pour réaliser ce qui s’est produit sur la patinoire.

Il sera toutefois intéressant de voir si, lors de la prochaine prolongation, le Canadien décidera de faire appel au duo Markov-Subban avec un centre rapide comme Galchenyuk ou Desharnais, ou s’il misera encore sur deux attaquants et un défenseur, peu importe leur identité.

À suivre...

Jeux controversés

Brendan Gallagher a dominé le Canadien avec six tirs. Le petit attaquant n’a pas trouvé le fond du filet et il a coûté un but à son équipe lorsqu’il a atteint le masque de Craig Anderson avec son coude en fin de première période.

« Il est un véritable poison autour du but. Il est toujours là et tu dois t’en méfier, car il est solide et rapide pour sauter sur des rondelles libres et marquer. Mais sur le jeu, il m’a atteint au visage avec son coude et j’ai perdu la trajectoire de la rondelle. J’étais convaincu que le but serait refusé », a indiqué le gardien Craig Anderson.

ContentId(3.1160433):Premier revers à la maison
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Parce que le Canadien n’était pas convaincu du bien-fondé de la décision initiale rendue par Chris Lee, Michel Therrien a logé un appel qui a finalement été rejeté. Le Canadien a ainsi perdu son temps d’arrêt. Une situation qui n’a toutefois pas nui au Tricolore puisqu’il ne s’est pas retrouvé en situation de mise en jeu en territoire défensif après une longue et exténuante présence sur la glace sans avoir le droit d’effectuer un changement de joueur.

Une autre révision a été effectuée plus tard dans le match. Il ne s’agissait toutefois pas d’un appel logé par les Sénateurs ou d’une révision officielle effectuée par les responsables de la salle de contrôle à Toronto. Sur le jeu, les arbitres ont sifflé un arrêt de jeu alors que Mike Condon semblait avoir stoppé la rondelle sous ses jambières. La rondelle a toutefois poursuivi sa course jusqu’au fond du filet.

Malgré la décision rendue sur-le-champ, les arbitres ont été convoqués au banc des pénalités pour effectuer un brin de jasette avec les responsables de Toronto. « Ce type de jeu ne fait pas partie de la liste des buts sujets à révision. Tout ce que nous avons fait, c’est de donner une confirmation aux arbitres que la rondelle avait bel et bien franchi la ligne rouge, mais qu’ils avaient l’entière responsabilité de déterminer à quel moment ils considéraient avoir stoppé le jeu. Nous étions simplement en appui à leur travail et non en mode de révision », a précisé le responsable que j’ai joint à Toronto durant la rencontre.

Pateryn : maximum 14 jours

Pendant que nous sommes dans les précisions, simplement vous dire que Greg Pateryn ne pourra pas passer plus de 14 jours avec le club-école à moins qu’il ne soit d’abord soumis au ballottage.

ContentId(3.1160424):La bête noire du Canadien
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Le défenseur a été cédé à St. John's pour des fins de conditionnement. Cette formalité permet au Canadien d’éviter de l’offrir aux 29 autres clubs avant de l’envoyer dans les mineures. Il faut ajouter que le joueur doit aussi accepter cette rétrogradation, ce que Pateryn (et son agent) a de toute évidence fait. Le ballottage a justement été instauré pour pousser les équipes à prendre des décisions avec les joueurs qui sont sur la corde raide entre le gros club et le club-école.

Pourquoi Pateryn et non Tinordi?

D’abord, le Canadien devait en garder un à Montréal par mesure préventive. De plus, il aurait été difficile, du moins il me semble, de réclamer et d’obtenir qu’une mesure d’exception soit mise en place pour deux joueurs en même temps.

Mais disons que Pateryn se rend à la limite des 14 jours à Terre-Neuve, il ne faudrait pas se surprendre que Tinordi aille le remplacer ensuite. S’il n’est pas échangé d’ici là et qu’il accepte de se soustraire au ballottage pour aller rejouer dans la Ligue américaine.

Ce qui n’est pas acquis...

ContentId(3.1160431):Weise met la touche finale
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ContentId(3.1160430):Les moments forts dans la LNH
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