MONTRÉAL - Je sais! Le Canadien a perdu. Encore! Il amorce donc sa deuxième moitié de saison avec un cinquième revers de suite; avec une septième défaite à ses 10 derniers matchs.

Ce n’est pas fort.

Le fait d’avoir perdu 3-2 en prolongation lui a permis de stopper à quatre ce qui était déjà sa plus longue séquence de revers consécutifs en temps réglementaire.

Il a au moins ça de gagné!

Ce point prime récolté dans la défaite et le fait que le Canadien a perdu ses cinq derniers matchs par un but – les Canes ont marqué dans un filet désert le 31 décembre en Caroline pour sceller une victoire de 3-1 – devraient aussi aider à composer avec le résultat du match. Du moins un peu même si les Leafs et le Lightning continuent de creuser l’écart en deuxième et troisième places de la division parce que pendant que le Canadien perd et perd encore, eux ils gagnent encore en encore...

Malgré les défaites qui s’accumulent, malgré le fait les joueurs du Canadien n’ont plus les bras assez longs pour toucher, même du bout des doigts, aux séries et que bientôt, il sera sans doute même difficile d’y rêver, j’ai bien aimé le match auquel j’ai assisté samedi.

Price solide, Lehkonen récompensé, Domi relancé

J’ai aimé la performance de Carey Price qui s’est imposé devant son filet réalisant 34 arrêts, dont 10, peut-être même 12, qui entrent dans la catégorie des arrêts clefs. Des arrêts nécessaires pour qu’une équipe comme le Canadien ait des chances de gagner. Des arrêts auxquels les partisans sont en droit de s’attendre de la part d’un gardien élite.

J’ai moins aimé le fait que Price ait refusé de venir parler de sa performance et de partager ses impressions sur le jeu controversé – j’y reviendrai plus loin – qui a permis aux Penguins de l’emporter alors que le but gagnant a été maintenu malgré le fait que le gardien du Canadien ait été atteint par le bâton d’un rival tout juste avant le tir qui a mis fin au match.

J’ai aimé voir Artturi Lehkonen marquer deux buts pour la deuxième fois cette saison. J’ai aimé en fait voir ses efforts et son travail être récompensés au point qu’il a obtenu une chance de compléter son tour du chapeau une fois en prolongation.

J’ai aimé voir Max Domi prolonger à neuf sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point (6 buts, 12 points), une première chez le Canadien depuis que Vincent Damphousse, en 1992-1993 et 1993-1994, a connu des séquences de 12 matchs (7 buts, 19 points) et 10 matchs (8 buts, 19 points) consécutifs avec au moins un point.

Gavé par Suzuki

Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est d’être gavé par l’utilisation, pour ne pas dire la surutilisation, de Nick Suzuki qui a non seulement été l’attaquant le plus sollicité chez le Canadien, mais l’attaquant le plus utilisé des deux équipes.

Je sais! Evgeni Malkin et Bryan Rust ont effectué 31 présences : quatre de plus que Suzuki. Et Phillip Danault a effectué trois présences de plus que son jeune coéquipier.

Mais Suzuki a passé près de 22 minutes (21:52) sur la patinoire. Et j’ai tout aimé de ce qu’il a démontré. À commencer par la passe initiale qui a mené au premier but du match, le premier de la soirée de Lehkonen, alors que la recrue est allée récupérer la rondelle dans le coin de la patinoire au profit de Max Domi qui a ensuite effectué une passe parfaite à Lekhonen à l’embouchure du but.

Suzuki n’a pas fait que de bonnes choses. Il s’est rendu coupable de deux revirements; il n’a gagné qu’une des six mises en jeu qu’il a disputées; il a pris quelques mauvaises décisions ici et là.

Mais j’ai aimé le voir être utilisé à profusion. J’ai aimé le voir se débattre dans plusieurs situations pas évidentes. J’ai aimé le voir mordre à une feinte sur une entrée de zone des Penguins, en prolongation, au point de se sortir complètement du jeu et d’ouvrir la porte à la séquence qui a ensuite mené au but gagnant. Aie! J’ai même aimé le voir prendre la vilaine décision de se rendre au banc pour effectuer un changement à un moment très mal choisi puisque c’est cette décision qui a permis aux Penguins de couler l’équipe.

Pourquoi j’ai aimé tout ça?

Parce que Suzuki c’est l’avenir du Canadien. Un avenir qui sera meilleur lorsque le petit gars aura appris qu’à trois contre trois, si tu mords à belles dents sur une feinte ou que tu retraites à un mauvais moment au banc, tu offres automatiquement un surnombre et sans doute une occasion en or de marquer à tes adversaires.

Comme c’est arrivé en prolongation samedi.

Mais pour apprendre, on doit faire des erreurs. Et pour faire des erreurs, il faut être sur la patinoire. Vrai que la LNH n’est pas une ligue de développement et que les erreurs commises dans la LNH peuvent coûter des matchs et donc des points précieux au classement.

Mais Suzuki affiche tellement d’intelligence sur la patinoire, il semble être doté d’un tel sens du hockey que je suis convaincu qu’il n’aura pas à multiplier les erreurs pour comprendre.

Kotkaniemi, Fleury, Poehling

Ce qui est vrai pour Suzuki l’est pour les autres jeunes du Tricolore.

Tenez : Jesperi Kotkaniemi a perdu son homme en repli défensif sur le premier but des Penguins. KK était assis sur le meilleur siège de tout le Centre Bell pour voir Zach Aston-Reese déjouer Carey Price sur la deuxième échappée accordée par le Canadien au Penguins dans les 46 secondes qui ont suivi le premier but de Lehkonen.

Mais après cette erreur – en passant, KK n’était pas le seul fautif sur le jeu en question – Kotkaniemi a distribué plusieurs belles passes à ses ailiers au cours du match. Ça n’a pas donné de buts, c’est vrai, mais ça nous a permis de réaliser que le talent est là et que le temps permettra d’en récolter les fruits avant longtemps.

Regardez aller Ryan Poehling aussi. Il file sur la glace, il travaille, il se bat pour les rondelles, pour ses positions. Il n’a toujours pas le moindre point à sa fiche après 15 matchs cette saison avec le grand club. On est donc très loin de son départ canon de quatre buts lors de son tout premier match en carrière, lors du tout dernier du Canadien la saison dernière.

Mais j’aime ça aussi.

Car après avoir connu un départ trop facile, un départ qui est loin de l’avoir aidé puisqu’il a ainsi créé des attentes démesurées chez plusieurs partisans, Poehling, réalise que les buts ne viennent pas facilement dans la LNH.

Tant qu’il jouera comme il a encore joué samedi, il sera intéressant de le suivre. Il sera nécessaire d’être patient. Il sera aussi nécessaire de réaliser que ce n’est sans doute pas un marqueur de 30 buts qui se cache sous le chandail 25. Mais un marqueur de 15-20 buts qui sera enlevant à regarder aller avec sa fougue, sa vitesse et son implication.

Et comment ne pas aimer Cale Fleury?

Il a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de plus 2, samedi. Mais c’est son implication physique, les deux mises en échec officielles à son actif et les autres qui n’ont pas été créditées, et la qualité d’ensemble du jeu qu’il offre qui le rendent si plaisant à regarder.

Jumelé à Marco Scandella qui a disputé un bon premier match dans l’uniforme tricolore, Fleury est encore une verte recrue. Mais il a su se créer une place au sein du troisième duo. Une place que personne derrière lui ne peut lui ravir pour l’instant.

À la lumière de ce qui arrive au Canadien et à ses rivaux sur le plan des résultats depuis deux semaines, il semble clair qu’il faudra bientôt se tourner vers demain.

Mais si on a assisté à une vague en troisième période jeudi dernier alors que le Canadien était en voie de perdre contre les Lighnting de Tampa Bay et si on a vu une autre vague se lever samedi soir alors que les Penguins venaient de niveler les chances 2-2 en troisième période, c’est peut-être là un signe que les partisans comprennent que le présent est moche, mais que l’avenir est vraiment prometteur.

On peut bien leur proposer Ilya Kovalchuk en attendant le retour des Drouin, Gallagher, Armia et Byron. Mais il serait bête de ne pas d’abord et surtout miser sur l’apprentissage dont Suzuki, Kotkaniemi, Poehling et Fleury ont besoin pour s’assurer qu’ils puissent un jour offrir l’avenir meilleur que les amateurs attendent depuis longtemps. Très longtemps. Trop longtemps...

En bref

- Marco Scandella est passé à deux cheveux de marquer dès son premier match dans l’uniforme du Canadien. Un puissant tir frappé décoché de la ligne bleue n’a pu être stoppé par Matt Murray, mais la rondelle a ensuite frappé le poteau, permettant aux Penguins d’amorcer une sortie de zone qui s’est soldée par le but qui a créé l’égalité 2-2...

- C’était la neuvième fois cette saison qu’un match du Canadien se décidait en prolongation. Il a encaissé sa sixième défaite. Ses trois victoires en prolongation ont été obtenues à Las Vegas le 31 octobre – but de Max Domi – contre Ottawa le 11 décembre – but de Ben Chiarot – et le 19 décembre à Calgary une fois encore grâce à un but de Max Domi...

- C’était la septième fois samedi que le Canadien accordait un but au cours de la première minute suivant un but qu’il venait de marquer. Sa fiche en pareille circonstance depuis le début de l’année : une seule victoire, trois revers en temps réglementaire et trois autres en prolongation...

- Malgré son poteau, et la défaite, Scandella était heureux d’avoir disputé son premier match devant ses parents, ses amis et ses nouveaux partisans. « C’était vraiment spécial comme émotion. J’ai commis quelques erreurs, mais je suis quand même satisfait de ce premier match. J’étais vraiment motivé et c’est peut-être pour ça que je me suis porté plus à l’attaque qu’à mon habitude et j’ai beaucoup aimé la complicité qui s’installe entre moi et Cale (Fleury) », a indiqué le défenseur Montréal qui a répondu « beaucoup » quand on lui a demandé combien de membres de sa famille étaient dans les gradins. « Heureusement, plusieurs avaient acheté leurs propres billets. Ça m’a aidé» , a-t-il conclu...

- Selon les statistiques officielles de la LNH, Alex Galchenyuk a effectué 18 présences totalisant 9 min 22 s de temps d’utilisation. Bien qu’il était sur la patinoire pour la mise en jeu initiale, qu’il ait obtenu un tir, ait raté la cible à une reprise et ait même été crédité d’une mise en échec, je ne me souviens pas l’avoir vu sur la glace du Centre Bell lors du match. C’est vous dire à quel point ce joueur n’est plus l’ombre du joueur qu’il était en début de carrière et qu’il ne sera sans doute jamais le joueur que l’on croyait – moi en tout cas je le croyais – qu’il deviendrait...

-  Pendant que les Penguins quittaient le Centre Bell en direction de l’aéroport de Saint-Hubert, les « poches » contenant les équipements encore mouillés des joueurs des Jets étaient empilées près de la porte du vestiaire des visiteurs pour y être accrochées. Battus 3-2 en prolongation par le Wild, en après-midi samedi au Minnesota, Paul Maurice et ses joueurs profitaient déjà de la fièvre du samedi soir à Montréal. Ça veut dire qu’ils devraient se reposer dimanche et être en bonne forme pour le duel de lundi...

Bon dimanche!