Les prédictions de nos experts

À partir du moment où l’état-major du Canadien a décidé qu’il était hors de question de passer une autre saison sans capitaine, la sélection de Shea Weber allait de soi.

Contrairement à bien des observateurs et beaucoup d’anciens joueurs du Canadien qui voyaient poindre le scénario des saisons 2009-2010 et 2014-2015 alors que l’équipe a joué sans capitaine en attendant la nomination de Brian Gionta et l’élection de Max Pacioretty, je n’en avais rien à cirer que le Tricolore amorce ou non l’année avec un capitaine.

Après tout, la saison qui commence en sera une de transition. Une fois de retour en forme et en santé sur la glace d’ici les fêtes ou un peu après le Nouvel An, je me disais même que la direction de l’équipe pourrait jongler avec l’idée de peut-être échanger Weber s’il était possible d’obtenir en retour un ou des jeunes en mesure d’assurer un avenir meilleur pour le Tricolore.

En confirmant Weber immédiatement, le Canadien ferme donc la porte à un million de questions et de spéculations. Ce qui est, il faut l’admettre, un motif des plus suffisant pour procéder à cette annonce malgré l’absence du principal intéressé sur la patinoire.

Bon! Il est vrai que le Canadien ne s’est jamais vraiment gêné d’échanger des capitaines. Guy Carbonneau, Kirk Muller, Mike Keane, Pierre Turgeon et Vincent Damphousse sont autant de capitaines qui sont passés par là. Ça n’assure donc pas Shea Weber d’éviter pareil scénario. Mais parce que Brendan Gallagher représentait un candidat de premier plan lui aussi, il me semble que l’état-major n’aurait pas effectué l’annonce d’aujourd’hui s’il n’avait pas d’abord et avant tout convaincu que Weber est, et sera, un rouage important de l’équipe pour encore plusieurs années.

On verra.

La stature d’un papa

Dès les minutes qui ont suivi la transaction qui a fait passer Max Pacioretty aux Golden Knights de Las Vegas, deux noms et deux noms seulement figuraient sur la liste des successeurs potentiels. Celui de Weber, bien sûr et celui de Brendan Gallagher.

Pourquoi avoir préféré le plus vieux au plus jeune?

À cause de sa stature. Autant sa stature physique que sa stature de leader. Malgré les doléances des fans de P.K. Subban qui n’accepteront jamais la transaction qui a chassé leur préféré au profit de Weber, le nouveau capitaine du Canadien est l’un des défenseurs les plus respectés de la LNH. Les blessures l’ont empêché l’an dernier de jouer à la hauteur de son potentiel. Elles retardent sa rentrée cette année. Et qui sait, elles mineront peut-être le reste de sa carrière. Ce que personne ne souhaite. Même pas les plus ardents défenseurs de Subban. Du moins je l’espère…

Mais Weber demeure un défenseur élite. En prime, il a l’expérience nécessaire pour ne pas se laisser écraser par une période de transition qui devrait apporter son lot de revers. Il a le leadership nécessaire pour garder son club uni. Pour convaincre ses jeunes coéquipiers de maintenir le cap malgré la houle qui pourrait brasser l’organisation. Il est aussi le seul à avoir l’ascendant nécessaire pour aider Carey Price à non seulement redevenir le gardien qu’il doit être pour assumer son contrat, mais à le faire dans le cadre d’une saison au cours de laquelle il pourrait encore subir plus de revers que célébrer des victoires.

Ce qui rendra sa quête de rédemption aux yeux des partisans plus difficile. Peut-être même très difficile.

Quel genre de capitaine sera le 30e capitaine de l’histoire du Canadien?

Un capitaine à l’image du joueur qu’il est. Un capitaine à l’image du surnom de «Papa» que lui ont déjà accolé ses jeunes coéquipiers. Et des moins jeunes aussi. Un capitaine solide, calme, qui ne devrait pas sombrer dans les excès de mots et de colères pour faire passer ses messages. Que ce soit à ses coéquipiers, à ses patrons ou aux amateurs en passant par les journalistes.

Weber ne deviendra certainement pas un clown, encore moins une bête de cirque pour mener à bien son mandat de capitaine. Il l’a d’ailleurs assuré dans le cadre d’une de ses premières réponses à titre de capitaine.

Et c’est tant mieux.

Car avec le gros boulot de reconstruction qui attend les joueurs du Tricolore dans le cadre de la transition qui commence, la dernière chose dont le Canadien ait besoin en ce moment est un bouffon pour alléger l’atmosphère. Il a besoin d’un roc sur lequel s’appuyer. S’accrocher. Et parfois derrière lequel des jeunes devront peut-être se réfugier.

Pour toutes ces raisons, Weber représentait le choix logique.

Nomination versus élection

Parce que je suis plus démocrate que dictateur, j’aurais préféré un vote des joueurs plutôt qu’une décision «unanime» de Marc Bergevin et Claude Julien. Surtout que comme l’ont assuré le directeur général et son entraîneur-chef, je suis convaincu que le vote aurait également été unanime si on avait tenu un scrutin dans le vestiaire.

Mais la décision a été prise, et cela règle au moins un dossier.

Si la sélection de Weber comme capitaine allait de soi, je crois qu’on sera tout aussi unanime pour dire et écrire que la sélection de Brendan Gallagher comme assistant allait tout aussi de soi. J’ai d’ailleurs bien aimé la comparaison qui a été faite avec les Bruins de Boston. Patrice Bergeron pourrait être capitaine des Oursons et de n’importe quel club de la LNH depuis des années. Mais parce que Chara est là depuis toujours, il est un adjoint de premier ordre. Ce que Gallagher sera à Weber sans l’ombre d’un doute dans mon esprit.

Vivement Paul Byron

L’annonce que Paul Byron devient le troisième membre du triumvirat me surprend… agréablement.

Le choix facile aurait été de se tourner vers un Jonathan Drouin, un Jeff Petry, voire même Max Domi qui s’en vient à Montréal avec le mandat de faire oublier Alex Galchenyuk.

Je n’emploie pas le qualificatif facile au détriment de Drouin et des autres qui auraient pu hériter d’un A. Pas du tout. Mais en décidant de «récompenser» Paul Byron, la direction lance un message clair : il y a des joueurs qui peinent à atteindre les objectifs que nous sommes en droit d’attendre de leur part alors que d’autres prennent les moyens de dépasser les objectifs associés à leur nom.

Paul Byron fait partie de la deuxième catégorie. Et c’est pour cette raison que je considère que le Canadien a très bien fait de prendre un gars qui a toujours été négligé comme lui pour s’en servir d’exemple en le plaçant au sein de son groupe de leader.