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MONTRÉAL - Quand Shea Weber s’est levé au banc des joueurs et s’est mis à saluer de la main des gradins vides après que Michel Lacroix eut annoncé que le capitaine du Canadien disputait le 1000e match de sa carrière, je me suis dit : non, mais quel rendez-vous raté.

Dans un Centre Bell à guichets fermés, Weber aurait eu droit à une ovation monstre. Une ovation pleinement méritée. Une ovation chaleureuse qui l’aurait peut-être un brin embarrassé au point de lui soutirer le début d’un sourire, voire une petite larme dans le coin d’un œil.

 

Fidèles à leur habitude, les partisans du Canadien auraient scandé son nom. Ils auraient chanté en chœur des Weber! Weber! Weber! comme ils l’ont fait si souvent dans le passé avec les Guy! Guy! Guy! les Saku! Saku! Saku! les Carey! Carey! Carey! sans oublier les PK! PK! PK!

 

Mais non, en ce soir de 1000e match, dans un Centre Bell dont les portes et non seulement les guichets sont fermés à double tour pour éviter que la COVID décide d’y entrer, Weber a dû se contenter de saluer des gradins vides en se tournant vers la gauche, en se tournant ensuite vers la droite et en levant les yeux au ciel pour être sûr de n’oublier personne.

 

C’était presque triste.

 

Mais au fond, cette célébration intime à laquelle étaient conviés ses coéquipiers, ses adversaires, des arbitres et juges de lignes qui se sont assurés de lui afficher un respect évident, sans oublier son épouse et les trois petits enfants du couple à qui le Canadien avait offert une loge dans un coin de l’amphithéâtre, était peut-être la plus belle et la meilleure façon de souligner les 1000 matchs de ce monument sur le flanc droit de la ligne bleue. De cette montagne aux sens propres et figurés. De ce défenseur à la fois sensationnel et sensationnellement discret.

 

En fait non : la meilleure façon de pleinement honorer la 1000e partie du capitaine était de lui offrir une victoire pour l’auréoler de la seule chose qui compte à ses yeux quand il pose les patins sur la glace. Ses coéquipiers se sont assurés de lui faire ce cadeau en battant les Canucks de Vancouver 5-3.

 

Les officiels mineurs ont fait leur part en trouvant une façon de lui accorder une passe sur le deuxième but du match de Tyler Toffoli. Les journalistes ont aussi contribué à la fête en lui décernant une première étoile symbolique.

 

Mais pour ce joueur couvert d’éloges par ses coéquipiers d’aujourd’hui et d’hier, par les entraîneurs-chefs qui l’ont dirigé et les autres qui auraient aimé avoir cette chance, par ses adversaires de toujours, même les plus redoutables, un but, une passe, une étoile, même la première, et le feu des projecteurs qu’elle entraîne n’ont pas la même valeur qu’une victoire.

 

Où étiez-vous le 29 juin 2016?

 

C’est en voyant Weber jouer devant des gradins vides pour son 1000e match et en regardant défiler les hommages présentés sur l’écran géant surplombant la patinoire que je me suis mis à repenser à cet après-midi du 29 juin 2016.

 

Vous vous souvenez du 29 juin 2016? D’où vous étiez? De ce que vous faisiez et que vous avez cessé de faire lorsque vous avez appris que Marc Bergevin et le Canadien venaient d’échanger P.K. Subban aux Predators de Nashville en retour de Shea Weber.

 

Je jouais au golf lorsque la nouvelle est tombée. Le patron me cherchait. Mais quand je joue au golf, le cellulaire reste au vestiaire. Il n’y a que le bruit du vent, le chant des oiseaux, le sifflement du bâton avant et après l’impact, le bruit de la balle quand elle tombe dans le trou – sans oublier les jurons qui sortent parfois quand la balle refuse d’y tomber – qui comptent.

 

Mais parce que Subban était échangé, le patron tenait à me parler. Il a appelé à la boutique et c’est le professionnel roulant en trombe sur une voiturette électrique qui est venu m’annoncer la nouvelle et qui a mis la table aux contrecoups de cette transaction.

 

Adulés des uns à cause de son talent et de sa flamboyance, honnis des autres à cause de son talent et de sa flamboyance, P.K. Subban ne laissait personne indifférent.

 

Ceux qui l’adulaient ont hurlé de rage : comment le Canadien pouvait bien « donner » un joyau comme P.K. aux Predators et miser sur un défenseur qui avait commencé à ralentir et dont les meilleures années semblaient passées?

 

Ceux qui le vilipendaient ou jalousaient l’attention dont il faisait l’objet ont hurlé de joie : comment le Canadien avait-il pu réussir à obtenir Shea Weber en sacrifiant seulement P.K. Subban?

 

Entre les deux camps diamétralement opposés: le vide. Ou presque.

 

Dans les heures, les jours, les semaines, les mois et les premières années qui ont suivi cette transaction, les deux camps se sont affrontés dans des guerres de mots sans merci. Je me souviens m’être fait apostropher par un partisan du CH et davantage fan de P.K. qui imputaient aux « méchants journalistes » la responsabilité d’avoir chassé Subban de Montréal.

 

C’était bien sûr du gros n’importe quoi puisque l’histoire a démontré que le Canadien et Bergevin s’intéressaient à Weber depuis longtemps et que les Predators étaient prêts à écouter afin d’économiser une prime de 10 millions $ qui devait être versée à Shea Weber deux jours après la transaction.

 

Dans le tumulte provoqué par le départ de Subban, je me souviens avoir écrit que sur le plan marketing, le Canadien pourrait difficilement sortir gagnant de cette transaction. Je me souviens aussi avoir insisté que sur le plan hockey, il faudrait attendre cinq ans avant d’avoir en mains assez de données à analyser pour établir si le Canadien avait, ou non, fait un bon coup en misant sur Shea Weber.

 

Avantage Weber!

 

Cinq ans plus tard, ou presque, les statistiques accumulées par les deux joueurs avantagent Shea Weber. Elles démontrent aussi et surtout que le « vieux » n’étaient pas sur le point d’amorcer une baisse de régime laissant toute la place au jeune qui était encore en ascension.

 

Bien qu’il ait disputé 51 matchs de moins, Shea Weber a marqué plus de buts que Subban (54 vs 42) depuis le 29 juin 2016. Sa moyenne de points récoltés par match est aussi légèrement supérieure (.56 vs .52).

 

Weber confirme sa domination en attaque massive avec 24 buts marqués lors de supériorités numériques offertes au Tricolore contre les 12 pour Subban avec les Predators et les Devils.

 

Weber affiche 11 buts gagnants, Subban : trois.

 

Weber a maintenu un différentiel de plus-36 avec le Canadien alors que Subban présente un différentiel combiné de moins-11 : soit plus-15 à Nashville et moins-26 au New Jersey.

 

Les deux arrières affichent des temps moyens d’utilisation équivalents. En fait, la moyenne favorise légèrement Weber ce qui est un brin surprenant considérant le fait qu’il soit presque quatre ans plus vieux.

 

Weber a aussi bloqué plus de tirs que Subban (452 vs 370) asséné plus de mises en échec (457 vs 345) tout en écopant moins de minutes de pénalité (121 vs 275).

 

Le fait que les Devils sont nettement moins forts que le Canadien désavantage certainement Subban dans ces comparaisons statistiques qui sont loin de dire toute la vérité, rien que la vérité.

 

Inversement, Subban s’est retrouvé avec une bien meilleure formation que Weber lorsqu’il a quitté le vestiaire du Canadien pour se retrouver dans celui des Predators avec qui il s’est rendu en finale de la coupe Stanley est-il besoin de le rappeler. C’était en 2017 alors que les « Preds » ont perdu en grande finale aux mains des Penguins de Pittsburgh qui ont soulevé le précieux trophée pour une deuxième année de suite.

 

Impondérables

 

Au-delà les statistiques, plusieurs impondérables favorisent aussi Shea Weber dans l’analyse de la transaction.

 

Premièrement, il est un des joueurs les plus respectés de la LNH. Quand on souligne à ses coéquipiers et ses rivaux qu’il n’a pas encore remporté le trophée Norris depuis le début de sa carrière, les réactions sont unanimes : il s’agit là d’une erreur que le principal intéressé, malgré son âge et le fait que la LNH regorge de plus en plus de jeunes défenseurs rapides et agiles et de moins en moins de monuments comme lui, pourrait encore corriger avec ses performances de haut niveau.

 

Weber est aujourd’hui le capitaine du Canadien. Et il le sera encore tant et aussi longtemps que la santé lui permettra de maintenir le niveau de jeu qui lui permet d’être encore aujourd’hui la pierre d’assise de la défensive. Tant et aussi longtemps qu’il se sentira en mesure de jouer à la hauteur de ses attentes avec le Tricolore et dans la LNH. D’aider son équipe à gagner, peu importe les buts, les passes, les étoiles qui lui sont décernées, même les premières.

 

Dans le cas de PK Subban, c’est différent.

 

Il est toujours un défenseur de grand talent. Il est toujours flamboyant. Mais ses performances ne sont plus à la hauteur de sa flamboyance.

 

Les Predators ayant décidé d’échanger Subban – ils l’ont envoyé au New Jersey en retour de trois fois rien simplement pour larguer son salaire – après trois saisons passées à Nashville, Bergevin et le Canadien peuvent claironner qu’ils ont grandement eu le dessus sur les Preds dans l’équation.

 

Le fait que les Devils aient déjà commencé à jongler avec la possibilité d’échanger Subban n’aide en rien les partisans de P.K. à soutenir encore aujourd’hui que le Canadien a commis une grave erreur le 29 juin 2016.

 

C’est d’ailleurs tout le contraire qui est vrai.

 

Car cinq ans après avoir pris la décision de préférer l’efficacité solide, tranquille et prévisible de Shea Weber à l’effervescence spectaculaire, mais imprévisible de P.K. Subban, il est clair que le Canadien a gagné haut la main.

 

Entre les lignes

 

-Tyler Toffoli a maintenu son travail de sape à l’endroit des Canucks en marquant deux autres buts contre son ancienne équipe mardi. Des neuf buts qu’il revendique cette saison, Toffoli en a marqué huit en cinq matchs aux dépens des Canucks. Il aurait pu en ajouter un neuvième et compléter son deuxième tour du chapeau aux dépens de ses anciens coéquipiers s’il avait tiré dans la cage abandonnée par le gardien Tatcher Demko à la faveur d’un sixième attaquant. Toffoli a plutôt remis la rondelle à Jeff Petry pour lui faire cadeau du but...

 

-Le geste de Toffoli ne l’a pas rendu plus populaire dans le vestiaire de Canucks : « Nous savons que c’est un bon joueur, car il était avec nous l’an dernier. Mais il n’est pas question de le féliciter maintenant qu’il est un adversaire. Je suis venu ici pour gagner ce soir, et il a contribué à ajouter une défaite à notre fiche », a commenté J.T. Miller...

 

-Josh Anderson a lui aussi marqué deux fois mardi. Il a lancé le Canadien en avant 2-0 dès la première période...

 

-En ajoutant aux neuf buts de Tyler Toffoli et aux six de Josh Anderson, ceux marqués par Corey Perry, Joel Edmundson et Alexander Romanov, les nouveaux venus ont marqué 18 des 44 buts enfilés par le Canadien depuis le début de la saison...

 

-Nick Suzuki a ajouté deux passes à sa fiche personnelle mardi. Avec sa récolte de 11 points (3 buts) lors des 10 premiers matchs de la saison, Suzuki est devenu le 4e joueur du Canadien âgé de 21 ans et moins en près de 40 ans à atteindre ce plateau. Doug Wickenheiser (16 points lors des 10 premiers matchs en 82-83), Saku Koivu (14 points en 96-97) et Stéphane Richer (11 points en 85-86 et 87-88) sont les seuls à afficher des récoltes supérieures à celle de Suzuki depuis 1982...

 

-Dans la défaite, une quatrième en cinq matchs pour les Canucks face au Canadien, Quinn Hughes a récolté deux passes. Elles lui permettent d’atteindre le plateau des 60 passes en carrière en 86 matchs seulement. Seulement quatre défenseurs ont récolté 60 passes plus rapidement que Hughes en début de carrière : Larry Murphy en 78 matchs avec les Kings, Mark Howe en 79 matchs avec les Whalers de Hartford devenus Hurricanes de la Caroline, Stephan Persson en 80 matchs avec les Islanders et Brian Leetch en 84 parties avec les Rangers...

 

-C’est congé pour le Canadien mercredi. Claude Julien dirigera le prochain entraînement jeudi matin quelques heures avant le premier de deux affrontements consécutifs face aux Sénateurs d’Ottawa...

 

-Battus 4-2, à Edmonton, mardi soir, les Sénateurs qui ont perdu leurs neuf derniers matchs après avoir surpris les Maple Leafs de Toronto lors du premier match de la saison seront au Centre Bell jeudi avant de recevoir le Tricolore, samedi après-midi, au Centre Canadian Tire d’Ottawa. Les deux matchs sont présentés à RDS...

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