Je ne me suis jamais laissé emporter par les succès rencontrés par mes équipes dans les deux premières rondes des séries éliminatoires. Pour moi, c'est un obstacle que les bonnes formations sont simplement supposées franchir.

C'est pourquoi avant que le Canadien ne parvienne à éliminer les Penguins de Pittsburgh, champions en titre de la coupe Stanley, je refusais d'embarquer dans toutes ces histoires reliées à notre conquête de 1993. Je trouvais ça trop prématuré.

Mais maintenant, on peut vraiment commencer à parler des vraies choses. Après tout, il n'y a que huit victoires qui séparent la ville de Montréal de sa 25e coupe Stanley!

Dans ma carrière d'entraîneur, je me suis rendu trois fois de suite en finale d'Association (en 1986 avec les Blues de St. Louis et les deux années suivantes avec les Red Wings de Detroit) et c'est toujours à ce moment que je commençais à être excité. Pour avoir une bonne saison, il fallait que je gagne deux rondes. C'était ma philosophie.

En 1993, quand on est entré en troisième ronde, on sentait vraiment que les portes s'ouvraient devant nous. On avait une chance d'accomplir quelque chose de très spécial pour les partisans du Canadien, notre public chéri. Ça faisait sept ans que l'équipe n'avait pas remporté les grands honneurs et je disais à mes joueurs qu'on allait surprendre le monde du hockey.

Présentement, on n'a pas le choix de prendre le Canadien au sérieux. Il fait partie du dernier carré d'as de la Ligue nationale. Il y a encore beaucoup de travail à faire avant de parler d'une parade sur la Ste-Catherine, mais il est dans une mozusse de bonne position.

Pour se rendre là, je crois que le Canadien a joué son meilleur match des séries mercredi à Pittsburgh. Maintenant, on ne peut plus se dire surpris par les succès qu'il connaît. En première ronde, surtout quand il a remonté du déficit de 1-3, il était normal d'être étonné. Mais aujourd'hui, il faut prendre cette équipe au sérieux.

On voit que c'est une formation habilement dirigée par Jacques Martin, inspirée par un gardien de but tout simplement exceptionnel et composée d'une bande de jeunes entourés de bons vétérans qui ont le goût de gagner. Ça se sent, cette équipe est soudée par une chimie exceptionnelle. Les gars ont du plaisir à jouer ensemble, à être ensemble. C'est entre autres ça qui donne espoir aux partisans.

Des excuses pour Bob

Je ne m'inclus pas dans le groupe parce que je ne l'ai jamais critiqué, mais je crois qu'aujourd'hui certaines personnes doivent des excuses à Bob Gainey.

L'ancien directeur général du Canadien a subi les foudres de nombreux observateurs après son grand ménage à l'été 2009, mais ce qui se passe présentement prouve qu'il avait vu juste quand il a décidé que c'était le temps de nettoyer l'équipe.

Gainey jugeait que l'ancien groupe ne se tenait pas, qu'il n'y avait pas de chimie entre les joueurs. Il croyait que les gars ne travaillaient pas l'un pour l'autre, qu'il y avait trop de cliques. Il avait vu juste.

Gainey a fait des erreurs, comme tout le monde qui a rempli les mêmes fonctions que lui. Mais il reçoit aujourd'hui une partie du crédit qu'il mérite.

Bye bye l'Igloo!

Ça ne me fait pas trop de peine de penser que le Mellon Arena de Pittsburgh a accueilli son dernier match de hockey. Je n'ai pas trop de bons souvenirs qui accompagnent l'Igloo, parce qu'on se faisait toujours battre par Mario Lemieux et Jaromir Jagr!

Sérieusement, j'aime beaucoup les gens de Pittsburgh, des gens avec beaucoup de classe. Mais l'Igloo n'est pas un amphithéâtre qui occupe une place de choix dans mon cœur.

Les arénas que j'ai particulièrement aimés étaient ceux de Chicago et Boston. Mais il n'y a jamais rien eu d'excitant avec le domicile des Penguins. C'était le temps, et pas à peu près, de changer de place.

Mais surtout, je suis content pour les partisans de Pittsburgh qui auront l'occasion de voir leur équipe préférée dans un édifice flambant neuf. Quand on pense qu'ils ont déjà failli perdre leur club...

*Propos recueillis par Nicolas Landry.