Dès 19h, RDS et RDS Direct présenteront le 3e match de la série entre le Rocket et le Crunch de Syracuse.

LAVAL – Le dernier passage d’Anthony Richard à la Place Bell pourrait difficilement être classé ailleurs que dans la catégorie des mauvais souvenirs. Pourtant, c’est avec « un enthousiasme jamais vu dans l’histoire de l’humanité », pour reprendre une phrase fétiche de l’ancien entraîneur des 49ers de San Francisco Jim Harbaugh, qu’il aborde les deux matchs que s’apprête à disputer le Crunch de Syracuse sur la glace du Rocket de Laval.

Bon, d’accord, on exagère un peu. Richard n’est pas « si » excité que ça, ou en tout cas il ne l’exprime pas avec autant de ferveur. Mais il a hâte, ça c’est certain. Et il s’attend à un bien meilleur dénouement que lors de ces trois damnés matchs de février, joués devant des gradins vidés par la COVID-19, tous perdus par son équipe en l’espace de quatre jours.

« C’est pas mal plus excitant que la première fois qu’on est venus, comparait l’attaquant natif de Trois-Rivières mercredi. C’était la première semaine après mon échange et l’atmosphère était pas mal différente. Dans l’Ouest, il y avait des fans dans tous les buildings. Quand je suis arrivé ici, on a joué à Belleville et Laval. C’était un peu bizarre pour commencer. »

Les souvenirs de ces premières semaines dans l’organisation du Lightning de Tampa Bay sont un peu flous pour Richard. Il n’avait jamais changé d’adresse en quatre années passées dans la LHJMQ et en était à sa sixième saison dans la structure des Predators de Nashville, l’équipe qui l’avait accueillie dans le hockey professionnel. La loyauté à l’équipe originelle, il ne connaissait que ça.

Les signes d’une séparation éventuelle avaient fait leur apparition, c’est vrai. Son temps de jeu avait diminué et il voyait bien que des patineurs plus jeunes commençaient à hériter de ses anciennes responsabilités. Il se disait qu’il se retrouverait probablement avec une nouvelle équipe à l’été, à la fin de son contrat.

Pas en plein milieu de la saison, avec une copine enceinte de sept mois à la maison.

« Le choc de la première semaine a été quand même assez important. Dans le junior, ça doit être différent, t’as pas besoin de déménager tes choses, de te trouver un nouvel appartement. C’est beaucoup l’aspect hors glace qui a été difficile. Ça a été un gros ajustement, mais l’équipe a été vraiment bonne pour nous. Les médecins ont pris ma blonde en charge, en deux semaines on avait notre maison. Ça n’aurait pas pu être plus facile comme transition. »

Un complice derrière le banc

La présence de nombreux coéquipiers québécois à Syracuse a naturellement facilité la vie de Richard, qui a toutefois probablement trouvé son plus grand complice dans le personnel d’entraîneurs du Crunch. Adjoint de Benoît Groulx, Gilles Bouchard a jadis dirigé le jeune Trifluvien pendant une saison au niveau Midget AAA.

« Non seulement ça, mais il a été le directeur de la structure intégrée au sports-études à Trois-Rivières, donc il me voit jouer depuis que j’ai 10 ans. Il me racontait l’autre jour comment il m’a toujours suivi. Nos équipes étaient souvent bonnes et quand tu es dans le Midget AAA, tu commences à recruter les équipes un peu plus jeunes pour savoir quel genre de bassin tu vas avoir quatre ou cinq ans plus tard. Donc il m’a vu en masse jouer au hockey, c’est sûr. »

« Depuis le Jour 1, les entraîneurs m’ont fait confiance en désavantage numérique et c’est sûrement en grande partie grâce à Gilles qui connaissait mes qualités dans cet aspect du jeu. Il a vraiment pris le temps de s’asseoir avec moi pour faire de la vidéo et m’expliquer le système. C’était comme un match parfait parce qu’on se connaissait déjà d’avance. Ça a vraiment été facile de ce côté-là. »

Richard a marqué à son troisième match avec le Crunch, puis a trouvé le fond du but une seule fois dans ses 18 matchs suivants. C’est qu’il gardait le meilleur pour la fin : dans le sprint final, il a connu une séquence de sept buts en dix matchs. À la conclusion du calendrier, il avait récolté 26 points en 40 parties pour sa nouvelle équipe.

« J’ai eu un creux, mais quand on a eu un push à faire pour les séries, l’énergie est revenue. Chaque match avait une grande importance et je pense que j’ai répondu présent en fin de saison. »

Richard est resté chaud au début des séries avec une performance de deux buts et une aide dans le match numéro 1.

« Les deux équipes sont rapides, le flow de la game est vraiment intense et je pense que ça cadre bien avec mon style de jeu », a-t-il constaté.

Carrier et Gaudreau, des inspirations

Depuis qu’il a changé de camp, Richard continue de suivre ce qui se passe dans son ancien club. Son point d’intérêt principal : les performances de son bon ami Alexandre Carrier, qui vient de vivre sa première saison complète dans la Ligue nationale.

Les deux Québécois ont été repêchés à 15 rangs d’intervalle en 2015, ont été colocataires à leur première saison chez les pros et ont vécu les hauts et les bas du sport de haut niveau ensemble.

« Il a eu un petit creux de vague à sa troisième saison, mais il est revenu en force l’année suivante. J’étais vraiment fier de lui parce que dans la Ligue américaine, quand t’as une mauvaise saison, c’est dur mentalement. Des fois, t’as l’impression que tu n’auras plus ta chance, mais il a vraiment travaillé fort et j’étais vraiment fier de lui quand il est revenu au camp et qu’il a fait l’équipe. »

Quand on lui fait remarquer qu’il a maintenant un bon modèle sur lequel appuyer ses ambitions, Richard opine et ajoute l’exemple d’un autre grand chum, l’attaquant du Wild du Minnesota Frederick Gaudreau, qui vient d’éclore à 29 ans avec le Wild du Minnesota.

« Il est arrivé vraiment tard et il attendait juste une chance. Le but, c’est de ne jamais arrêter d’espérer quand t’es dans le hockey professionnel en Amérique du Nord. Il y a toujours une chance. »