Vous êtes-vous déjà posé cette question? Moi je le fais depuis des années. Est-ce seulement un titre ronflant que les chroniqueurs sportifs mettent sur leurs articles pour attirer le regard, ou y a-t-il un fond de vérité?

Je lisais récemment que Les Chevaliers de Lévis, une équipe de hockey de niveau midget AAA, vivent une séquence incroyable de 40 triomphes, et je me disais encore : la victoire est-elle finalement contagieuse?Ces jeunes joueurs en sont-ils atteints de façon chronique, ce qui les condamne à gagner?

Nous connaissons tous assez le sport pour mettre cette affirmation en doute. Si c’était possible et vrai, ça se saurait et les équipes professionnelles donneraient leur âme pour être contaminées.

En toute franchise, je ne sais pas quoi vous dire, car il nous faut avouer qu’aucune étude sérieuse ne s’est penchée sur ce dossier. Il n’y a donc pas de réponse mathématique ou psychologique à cette question.

Par ailleurs, le bonheur lui est contagieux. Cela a été prouvé scientifiquement par deux sociologues américains dont les résultats de recherche, menée sur plus de 20 ans, ont été publiés, il y a quelques années, par le British Medical Journal. Les professeurs Christakis et Fowler tentaient d’évaluer si le bonheur pouvait se répandre d’une personne à une autre. Ils sont parvenus à la conclusion que le bonheur s’attrape, un peu comme un rhume, qu’il se déploie comme un germe.

Mieux encore, ils en ont calculé les probabilités. Ainsi, avoir un ami heureux augmente vos chances d’être vous-même heureux de 15,3 %. Toutefois, pour que ça fonctionne, il faut entrer en contact direct avec le porteur du bonheur. Les textos, les cellulaires ou les médias sociaux en général n’ont à peu près pas d’influence.

Les chercheurs ont aussi noté que les gens heureux sont généralement très entourés, ce qui est un atout, puisque le bonheur semble se comporter comme un virus. Donc, plus une personne heureuse rencontrera de gens, plus elle pourra les influencer et plus il y aura d’individus heureux.

Cela dit, quel rapport entre le bonheur et la victoire, me demanderez-vous?

À première vue, aucun.

On peut néanmoins extrapoler que gagner rend les joueurs plus heureux. Or, comme le bonheur est contagieux, il se propagera rapidement et largement auprès de tous les membres l’équipe. On tentera donc naturellement de recréer les conditions qui ont rendu ce bonheur possible pour continuer à être heureux. En d’autres mots, les joueurs viseront la victoire pour revivre ce sentiment. Dans ce sens, il est effectivement possible que la victoire soit contagieuse.

À l’inverse, quand on est malheureux, quand l’ambiance, tant sur la glace que dans le vestiaire, est lourde, que le goût de jouer et de se donner s’effrite, il est possible d’imaginer que cela aura un impact réel sur les résultats de l’équipe. On n’a qu’à se souvenir des déboires de la saison dernière du CH. Les dirigeants ont diagnostiqué que l’attitude n’était pas bonne, ce qui, en d’autres mots, signifie que les joueurs n’étaient pas heureux. On constate avec plaisir que la présente saison s’est ouverte sous un ciel bien différent.

Bien entendu, ce n’est pas une séquence de trois victoires qui entraînera nécessairement une série prolongée de gains. Il m’apparaît toutefois clair que les victoires détendent l’atmosphère dans la chambre, que les joueurs jouent moins sur les talons, qu’ils s’amusent davantage, qu’ils sont heureux de se retrouver ensemble, qu’ils se réjouissent des performances d’un coéquipier, bref, qu’ils ont du plaisir à jouer et surtout à gagner.

Quel impact cela peut-il avoir sur les résultats que connaîtra le CH d’ici la fin de la saison? Personne ne peut le dire. Mais, quand on regarde ces joueurs, il semble se dégager une aura de bonheur, ce qui est encourageant. Quand Price a chaleureusement félicité Niemi pour sa performance plus tôt cette semaine, on sentait la chaleur et la sincérité dans son sourire.

Alors, la victoire est-elle contagieuse? Rien n’est moins certain. Mais, si jamais il y avait là une petite part de vérité, cela amènerait au moins une note d’espoir.