Une rondelle, un disque, un palet, un caoutchouc. N'est-ce pas le petit trésor que l'on doit faire pénétrer dans le but de l'équipe adverse le plus souvent possible pour éventuellement remporter une victoire dans le cadre d'un match de hockey ?

Ce qui, à prime abord est relativement simple, est devenu au fil des ans l'un des phénomènes scientifiques parmi les plus difficiles à expliquer. Les théories d'exécution se sont multipliées à un rythme impressionnant. Mais un fait demeure : il faut que la rondelle, ou peu importe le nom que nous attribuez à la chose, soit complètement à l'intérieur de la ligne rouge démarquant le point d'entrée du but pour que vous obteniez un point.

Nous sommes bien loin aujourd'hui des objets de toute sorte utilisés lors de la présentation des premiers matchs de hockey. Dès le départ, on sentait que l'on frôlait la catastrophe. Les rondelles étaient faites de deux pièces de bois et collées l'une à l'autre.

La rondelle moderne est fait de caoutchouc galvanisé. Elle a un pouce d'épaisseur, donc 2,54 cm, et trois pouces de diamètre, donc 7, 62cm. Son poids est de 6 onces.

Quelques précisions sur le disque : Le caoutchouc galvanisé fut inventé par la compagnie Goodyear en 1839 mais ne fut pas utilisé pour la fabrication des rondelles de hockey avant les années 1880. En 1886, l'Association Amateur de Hockey du Canada a officiellement reconnu ce matériau comme étant son outil officiel.

Vous n'êtes pas sans savoir que les rondelles sont préalablement gelées avant d'être utilisées. Cela n'a rien à voir avec une consommation des produits interdits mais il s'agit plutôt d'une précaution permettant une meilleure utilisation des rondelles, notamment moins bondissantes lors de leur utilisation. On parle d'une température de 20 degrés Fahrenheit, donc environ moins 12. Vous noterez d'ailleurs que la plupart des équipes de la Ligue Nationale de Hockey disposent dorénavant d'un congélateur au banc des pénalités. Cela permet notamment d'y entreposer des sacs de glace que l'on remet aux bagarreurs dont les jointures sont meurtries à la suite de bagarres. Et cela permet aussi d'y laisser les rondelles qui seront utilisées au cours de la rencontre.

Vous serez surpris d'apprendre que les deux questions qui me sont le plus fréquemment posées à titre d'annonceur des Canadiens de Montréal sont : Pouvez-vous annoncer un but de Saku et, est-il possible d'avoir une rondelle s'il vous plaît?

Dans les deux cas, la réponse est NON. Une annonce ne s'improvise pas et je n'ai aucun contrôle sur les rondelles.

Quelques anecdotes en valent cependant la peine.

Au début du siècle, Fred Waghorne était arbitre lors d'un match au cours duquel une rondelle fut brisée en deux pièces. Une partie de la rondelle a pénétré dans le but et l'autre partie à l'extérieur du but. Après des longues discussions, il fut convenu que le but n'était pas alloué puisque la totalité de la rondelle n'avait pas traversé la ligne rouge délimitant l'entrée du but. La règle s'applique depuis.

La plupart des joueurs conservent précieusement les rondelles qui ont jalonné leur carrière. Que ce soit au niveau des buts marqués ou des mentions d'assistance obtenues.

J'ai eu ma part des rondelles historiques. Par exemple, celle que j'ai conservée pour Saku Koivu lors de la victoire de son équipe en tournoi éliminatoire lors des Jeux de Nagano. J'ai encore en ma possession l'une des rondelles utilisées lors du dernier match disputé au Forum de Montréal, l'un des moments les plus mémorables de ma carrière. Vous n'avez pas idée des montants offerts pour des rondelles de matchs disputés lors des derniers Jeux Olympiques à Salt Lake City. Les revendeurs parlaient de mille dollars pour chaque rondelle.

Il y a une rondelle que j'ai cajolée et conservée pendant plusieurs minutes. Elle est aujourd'hui, je l'espère, au Temple de la Renommée. Le dernier but de l'illustre carrière de Gordie Howe a été inscrit à Montréal alors qu'il portait les couleurs des Whalers de Hartford. Chacun des mouvements du joueur vedette a été scruté à l'approche de la fin de sa carrière. Je puis vous dire avoir obtenu, quelques instants, la rondelle de son dernier but en carrière, et surtout, de l'avoir annoncé.

Les histoires de rondelles sont uniques. La plus unique cependant appartient à Abie Goldberry, un joueur qui évoluait dans les rangs juniors au Québec dans les années 1930. On raconte qu'il fut frappé par une rondelle lors du déroulement d'un match et que le frottement du disque a enflammé les allumettes qu'il dissimulait sous son uniforme. Il a subi des brûlures sévères et ne doit sa survie, en partie, uniquement à l'intervention rapide de ses coéquipiers qui ont éteint l'incendie provoqué à cette occasion.

Pour en revenir à l'utilisation moderne des rondelles lors des matchs de la Ligue Nationale, dites-vous qu'il y a de nouvelles règles en vigueur. Elles sont utilisées, autant que faire se peut, pour un maximum de 3 à 4 minutes afin de permettre aux joueurs d'obtenir un meilleur contrôle ?

Personnellement, la rondelle que j'aurais aimé conserver est celle que j'ai perdue un soir d'hiver, quand je jouais avec des amis à l'extérieur après nos classes élémentaires. Elle est disparue dans un banc de neige entourant notre patinoire d'école. Elle n'était plus réglementaire, morcelée par des centaines de coups de bâtons et de coups de patins, mais c'était la seule qu'il nous restait pour jouer au hockey ce soir là.