TERREBONNE – La scène voulait tout dire. Dès son arrivée, à sa première apparition publique depuis son terrible AVC, Jacques Demers s’est empressé d’étreindre de son mieux sa grande amie et collègue, Chantal Machabée, quelques minutes avant son intronisation au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec.

Homme de cœur, M. Demers avait le visage absolument resplendissant en serrant sa chère partenaire et il n’a pas perdu l’éclat de bonheur dans ses yeux en rencontrant tous ses proches qui sont venus le saluer. Communicateur hors pair, il s’est justement servi de son regard pour témoigner toute son affection.

Toujours diminué par l’accident vasculaire cérébral subi au début avril, M. Demers s’est présenté en fauteuil roulant qui était poussé par son capitaine Guy Carbonneau et il était notamment escorté et protégé par Yvon Lambert.

En raison des caprices des AVC, les médecins ne peuvent pas prédire si M. Demers sera en mesure de retrouver la plupart de ses capacités. Pour le moment, il est en mesure de prononcer quelques mots sans pouvoir faire de phrases ni entretenir de discussions et il demeure limité par une certaine paralysie du côté droit.

Même s’il n’a pas retrouvé son énergie contagieuse, il s’est assuré d’être aussi chaleureux qu’il le pouvait. À titre d’exemple, quand on lui a montré une photo en sa compagnie à un match de « ses » Colts d’Indianapolis, il était ému et aussi démonstratif qu’il le pouvait.   

Évidemment, sa condition a fait que ce 26e gala est devenu très spécial et encore plus émotif qu’à l’habitude. Généreux comme il est, M. Demers n’aurait jamais voulu retenir toute l’attention, mais les autres intronisés comprenaient très bien la situation.Jacques Demers et Chantal Machabee

Les autres intronisés qui ont reçu cette superbe reconnaissance sont l’ancien de la NFL, Jean-Philippe Darche, l’ancienne plongeuse Émilie Heymans, l’ancienne gardienne de but Kim St-Pierre, l’ancien hockeyeur Dave Keon, le bâtisseur Maurice Tanguay et l’athlète en para-athlétisme André Beaudoin.

Ce n’est pas parce que M. Demers a eu le bonheur de soulever la Coupe Stanley avec le Canadien en 1993 en plus d’avoir été le seul entraîneur à mériter le trophée Jack-Adams deux années de suite qu’il n’a pas été touché par cet hommage.

« Il était hyper content quand il l’a su. Quand ils lui ont annoncé en février, il m’a tout de suite appelé et il a aussi été très touché par le documentaire de RDS sur sa carrière », a exprimé son frère et proche confident, Michel Demers.

L’annonce de sa nomination a provoqué une ovation très nourrie des convives (près de 300) qui ont voulu lui signifier leur appui. Son frère a parlé en son nom alors qu’il était entouré de sa femme, ses trois enfants et d’autres membres de sa famille.

Claude Mailhot, qui agissait comme maître de cérémonie, a très bien résumé la contribution de ce bâtisseur si apprécié.

« Il est intronisé pour sa carrière comme entraîneur, mais il aurait aussi mérité d’être admis au Panthéon comme homme », a-t-il vanté.  

Sans surprise, l’intronisation de M. Demers a attiré plusieurs personnalités de marque, dont de nombreux anciens membres du Tricolore comme Lambert, Yvan Cournoyer, Mario Tremblay, Réjean Houle, Guy Carbonneau, Benoît Brunet, Patrice Brisebois, Mathieu Darche et Ronald Corey.

Cette visite a réchauffé le cœur de M. Demers qui doit traverser des jours plus difficiles que d’autres malgré son moral de nature exceptionnellement bon.

Tous ces amis de M. Demers tenaient absolument à être présents pour le féliciter et surtout l’encourager.

« Je l’aime beaucoup, je ne pouvais pas manquer ça », a expliqué M. Corey.

« C’est un être humain exceptionnel. Ça fait tellement de peine de voir ce qui lui est arrivé. J’ai changé mon horaire pour être ici, je voulais absolument y être », a poursuivi l’ancien président du Canadien.

Autre hommage pour Jacques Demers

Guy Carbonneau a été un joueur marquant dans le parcours de M. Demers et l’inverse est aussi vrai.

« C’est un homme qui a fait non seulement partie de ma carrière, mais de ma vie. C’est la beauté du sport, tu rencontres des gens avec lesquels ça clique », a confié Carbonneau qui parlait du fond du cœur.  

Tout au long de sa vie dans le monde du hockey, M. Demers a exercé des influences positives sur les personnes autour de lui. Mario Tremblay a raconté qu’il a été fasciné par les accomplissements de cet entraîneur qui est parti de bien loin pour atteindre la LNH.

« J’ai travaillé avec Jacques Lemaire pendant 10 ans et combien de fois est-ce qu’on a pu parler de Jacques Demers. On se disait : ‘Crime, un petit de Châteauguay qui a remporté la coupe Stanley, deux fois le Jack-Adams et plus de 1000 matchs dans la LNH, c’est miraculeux ce qu’il a fait », a exposé celui qui a souligné son côté rassembleur hors du commun.

Si l’édition 1993 du Canadien a accompli un petit miracle en remportant la Coupe Stanley sous son impulsion positive, M. Demers s’accroche à un espoir similaire pour son état de santé. Présentement, de petits progrès lui permettent de croire en cette possibilité comme quand son équipe tirait de l’arrière 0-2 face aux Nordiques.

Jacques Demers, le collègue!
Les réalisations du coach
Les manchettes pour Jacques