Par Félix Séguin - Il y a 20 ans, Guy Lafleur surprenait le monde du hockey en effectuant un retour au jeu dans l'uniforme des Rangers.

Le 6 octobre 1988, Lafleur disputait son premier match alors que les Rangers avaient fait match nul 2 à 2 face aux Blackhawks.

À la retraite depuis quatre ans, Lafleur continue de jouer au hockey pour garder la forme.

“Je jouais avec Steve Shutt 55 matchs à travers le Canada contre des équipes de niveau junior. C'est à ce moment que l'un de mes amis, Yves Tremblay, m'a contacté pour me proposer d'effectuer un retour au jeu au lieu de me promener un peu partout au pays”, raconte Lafleur.

Âgé de 36 ans, Lafleur est alors convaincu qu'il peut effectuer un retour au jeu, mais pas question de revenir avec le Canadien.

“Mon chandail était déjà retiré et je voulais qu'il demeure au plafond du Forum. Le mal était fait et je ne voulais pas revenir là-dessus”, explique-t-il.


Trois équipes sont dans la mire de Lafleur : les Kings, les Penguins et les Rangers de Michel Bergeron.

“Son représentant Yves Tremblay m'appelle et me dit: “Michel, Guy Lafleur veut effectuer un retour au jeu”. Je n'en revenais pas”, détaille Bergeron.

“Ils m'ont invité au camp d'entraînement sans contrat. Ça ne me dérangeait pas”, avoue Lafleur.




À la demande de Bergeron, le camp d'entraînement des Rangers se tient à Trois-Rivières et les spectateurs sont nombreux.

“C'était incroyable, il devait y avoir plus de 3000 personnes qui attendaient à l'extérieur de l'aréna”, se souvient Bergeron.

“J'ai pris ce support des partisans comme un encouragement. Avec tout cet appui, je ne pouvais pas les décevoir. J'étais prêt à donner le maximum”, souligne Lafleur.

Arborant le numéro 44, Lafleur ne déçoit pas dès le premier match intra-équipe.

“En plus, il compte le premier but du camp d'entraînement des Rangers. Phil Esposito jubilait, il voulait qu'on le signe immédiatement”, explique Bergeron.

“Je n'étais pas dans une position pour exiger un salaire énorme. L'offre était de 400 000$ par saison avec une année d'option”, précise Lafleur.

La saison régulière se met en marche et Lafleur retrouve son numéro 10 que lui laisse Pierre Larouche.

Lafleur fait sa niche dans le Big Apple. Malheureusement pour lui, une blessure à une cheville le force à rater le match du 17 décembre 1988 au Forum de Montréal.

Le grand retour de Lafleur survient 2 mois plus tard, soit le 4 février.

“Je ne voulais pas décevoir le public côté performance. Je voulais être à mon meilleur”, insiste-t-il.

Les craintes de Lafleur sont rapidement mises de côté. Le démon blond sème l'hystérie en marquant face à Patrick Roy.

“Marquer le premier but m'a enlevé tout un poids sur les épaules. J'étais fier puisque je n'avais pas déçu mes partisans. Pour moi, c'était ce qui comptait ce soir-là”.

Mais un sentiment étrange habite Lafleur.

“À chaque fois que j'étais assis sur le banc des Rangers, je regardais en direction du banc du Canadien et je me disais que ma place était de l'autre côté”.

Pour Lafleur, son retour au jeu est la meilleure décision de sa carrière.

“Je n'aurais probablement pas été heureux si je n'avais pas effectué ce retour au jeu”.

Après une saison avec les Rangers, Lafleur revient au Québec et il se joint aux Nordiques. Il écrira alors un autre chapitre de sa brillante carrière.