Le moins qu'on puisse dire, c'est que le Canadien n'abandonne pas facilement.

En réussissant à combler un déficit de deux buts pour finalement l'emporter 3-2 en prolongation, samedi soir contre les Bruins de Boston, le Tricolore est parvenu à revenir de l'arrière pour soutirer au moins un point à l'adversaire lors d'un quatrième match consécutif. Et deux de ces remontées ont été orchestrées alors que l'équipe a été confrontée à l'adversité engendrée par la perte du défenseur Josh Gorges pour le reste de la saison.

On peut appeler cela de la résilience.

Ce qui est encourageant en l'absence d'Andrei Markov et de Gorges à la ligne bleue, c'est que la moyenne de buts alloués par match du Canadien n'a pas augmenté, bien au contraire. La venue de James Wisniewski y est pour quelque chose, tout comme la solide tenue de Carey Price qui semble avoir retrouvé son élan des mois d'octobre et de novembre devant le filet. Le congé de trois jours dont a bénéficié l'équipe plus tôt cette semaine semble avoir fait le plus grand bien au jeune gardien du Tricolore.

Malgré cela, je demeure persuadé que le Canadien a besoin de renfort à la défense. C'est qu'avec la perte de Markov et de Gorges, deux arrières gauchers, le Canadien doit se défendre avec de vertes recrues telles que P.K. Subban et Yannick Weber et avec Alexandre Picard qui n'a pas encore montré qu'il avait l'étoffe pour jouer plus de 20 minutes par match sur une base régulière. Et je ne crois pas que la solution se trouve à Hamilton. Mathieu Carle pourrait dépanner, mais encore...

Le directeur général du Canadien cherchera donc à compléter son magasinage du côté des équipes qui sont déjà éliminées, soit les Maple Leafs de Toronto, les Islanders de New York, les Devils du New Jersey et même les Flames de Calgary.

Quel défenseur Pierre Gauthier pourrait-il vouloir acquérir? Je serais tenté de suggérer le nom de François Beauchemin. Certains diront qu'il serait surprenant que les Maple Leafs échangent leur défenseur à des rivaux de division, mais je ne crois pas que cela dérangerait le directeur général de l'équipe, Brian Burke.

Après tout, Beauchemin (un but, neuf passes, moins-4) ne connaît pas une saison extraordinaire, il a essuyé sa part de critiques cette saison et Toronto a un surplus de défenseurs. Changer d'environnement et évoluer à Montréal pourrait être une façon de relancer sa campagne...

Tirer profit de l'avantage numérique

Le Canadien entamera la deuxième portion de son calendrier régulier par une semaine cruciale. La troupe de Jacques Martin se rendra d'abord à New York mercredi afin d'y affronter les Rangers sur la glace du Madison Square Garden avant d'accueillir les Penguins de Pittsburgh jeudi et ces mêmes rivaux new-yorkais samedi.

La victoire acquise à l'arraché contre les Bruins insufflera une bonne dose de confiance au Canadien. Une confiance qui est tellement importante à ce stade-ci de la saison, là où la ligne entre la victoire et la défaite est mince, la plupart des matchs se décidant par un écart d'un seul but. Le Tricolore étant déjà privé de joueurs clés à la ligne bleue, le personnel d'entraîneurs devra absolument trouver la solution qui permettra à l'avantage numérique d'être plus dangereux.

Jeudi face Penguins, le Canadien a été incapable de marquer alors qu'il a bénéficié d'un cinq contre trois pendant près de deux minutes et demie à mi-chemin en troisième période. Et samedi contre les Bruins, le jeu de puissance montréalais n'a pas été en mesure de sceller l'issue de la rencontre en prolongation.

En raison de leur faible production offensive à égalité numérique, les joueurs de la Sainte-Flannelle ne peuvent pas se permettre de laisser filer ces occasions en or de trouver le fond du filet. Au cours des trois prochaines rencontres, le Canadien devra concrétiser par un but au moins 20% de ses avantages numériques, sans quoi la prochaine semaine pourrait être longue.

D'ailleurs, les conséquences de l'absence de Markov n'ont jamais été aussi flagrantes que sur le jeu de puissance. Le défenseur russe agissait tel un véritable quart-arrière, lui qui repérait facilement le joueur droitier au point d'appui afin de générer un bon tir sur réception.

Contre Boston, on a vu Subban et Wisniewski évoluer à gauche au point d'appui sur l'avantage numérique. Subban semblait vraiment inconfortable à cette position et il paraissait évident que Wisniewski était plus à l'aise lui aussi lorsqu'il jouait à droite. D'ailleurs, la nouvelle acquisition du Canadien a marqué chacun de ses cinq buts cette saison lorsqu'il était employé à droite.

La solution réside peut-être dans le fait d'utiliser un attaquant avec beaucoup d'imagination, tel que Michael Cammalleri ou Tomas Plekanec, au point d'appui. Je me rappelle qu'à l'époque où j'étais derrière le banc des Nordiques, je pouvais compter sur Jean-François Sauvé en avantage numérique. Il n'avait pas nécessairement la meilleure garnotte, mais il avait cette facilité à repérer ses ailiers et a frappé le filet lorsqu'il effectuait un tir.

J'aimerais aussi que David Desharnais ait un plus grand rôle lorsque le Canadien évolue avec l'avantage d'un homme. Contre Boston, il a joué un peu plus de 13 minutes. Le trio qu'il forme en compagnie de Mathieu Darche et Benoit Pouliot a généré des choses intéressantes, mais Desharnais a tellement démontré de belles qualités sur le jeu de puissance à Hamilton qu'il serait intéressant de le voir obtenir plus de responsabilités sur cette unité spéciale.

Et je reste convaincu que Desharnais contribuerait à faire fructifier la production offensive du Canadien à cinq contre cinq s'il était jumelé à Max Pacioretty.

Après tout, cette paire n'a-t-elle pas connu sa part de succès à Hamilton? Je ne vois pas pourquoi ces deux joueurs ne retrouveraient pas leurs repères dans la grande ligue.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest