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Sidney Crosby venait de répondre aux questions des collègues de Pittsburgh après la victoire de 4-2 de ses Penguins aux dépens des Red Wings de Detroit.

 

Après avoir analysé le but d’assurance qu’il avait marqué en fin de rencontre en fonçant au filet comme il nous a habitués à le faire si souvent, après avoir offert ses commentaires en marge de son premier match préparatoire et défilé ses projections sur ce qu’il entend compléter d’ici la fin du camp pour maximiser sa préparation en vue de sa 15e saison dans la LNH qu’il amorcera la semaine prochaine contre les Sabres de Buffalo, Crosby était recroquevillé sur ses patins qu’il délaçait avec vigueur.

 

Quand « le Kid » a terminé son point de presse et que les caméras quittent le coin qu’il occupe au fond du vestiaire, il esquive généralement les questions supplémentaires et retraite rapidement vers les douches.

 

Lorsque je lui ai demandé s’il voulait transgresser à ses habitudes et élaborer un peu sur la cérémonie de vendredi au cours de laquelle l’Océanic de Rimouski retirera le chandail 87 qu’il a porté de 2003 à 2005, Crosby s’est relevé et a esquissé un large sourire.

 

« Ce sera une très belle journée », qu’il a lancé en français.

 

Même s’il a gagné tout ce qu’il est possible de gagner, ou presque, dans le monde du hockey, que son chandail des Penguins ira rejoindre un jour celui de Mario Lemieux au plafond du PPG Arena à Pittsburgh et que sa place est déjà réservée au Temple de la renommée du hockey, Crosby affirme avec conviction que le retrait de son chandail vendredi représente un grand moment de sa carrière.

 

« Ça fait quelques jours que j’y pense. Ce sera vraiment spécial de refaire ce beau voyage dans le temps. Je n’arrive pas à réaliser que ça fait déjà 15 ans que j’ai quitté l’Océanic. Ce n’est pas possible comme le temps file. Mais même après tout ce temps, je peux t’assurer que j’ai passé deux saisons formidables là-bas et j’ai très hâte de retrouver les amateurs et de vivre cette cérémonie », a d’abord souligné le 87 qui a marqué l’histoire de l’équipe, de la ville et de la LHJMQ au grand complet pendant son court séjour dans le bas du fleuve.

 

Quand je lui ai demandé quels souvenirs parmi tous ceux qui se bousculaient dans sa tête il chérissait le plus, Crosby s’est accroché à un seul mot : les gens.

 

« Mes meilleurs souvenirs sont associés aux gens chaleureux qui m’ont entouré à Rimouski. Les gens de l’organisation d’abord, à commencer par Monsieur (Maurice) Tanguay, les coachs, les trainers, les coéquipiers bien sûr, mais aussi tous les amateurs qui étaient tellement réunis derrière leur équipe. C’était sensationnel de jouer là-bas. D’être appuyés comme nous l’étions. On sentait l’appui de la ville pour son équipe. C’était la première fois que je vivais ce genre d’expérience alors que tous les Rimouskois que je croisais dans la rue savaient que je jouais pour l’Océanic. C’était excitant », a poursuivi Crosby.

 

Jet privé

 

Seul regret de Crosby : le temps manquera pour offrir à l’organisation et aux amateurs tout le temps nécessaire pour vivre pleinement l’honneur qu’on lui réservera avant le premier match de la saison au Colisée dans le cadre des célébrations des 25 ans du club.

 

Parce qu’il sera sur la patinoire en matinée avec ses coéquipiers des Penguins dans le cadre d’un entraînement et qu’il chaussera les patins samedi pour son deuxième et dernier match du calendrier préparatoire, Crosby ne passera que quelques heures dans la ville qui l’a adoptée en 2003.

 

Afin de maximiser chaque minute de son retour à Rimouski, Crosby a dressé un horaire serré et il fera le voyage aller-retour dans un jet privé avec sa famille pour minimiser les contretemps susceptibles de gâcher la fête.

 

« Ça me chagrine un peu de faire une visite éclair vendredi. Ce sera tellement serré que je n’aurai pas le temps de revoir la famille à ma pension et les amis que j’ai encore là-bas. Mais je suis retourné plusieurs fois au fil des années. Je suis même allé faire un tour en juin dernier et j’ai pu renouer avec tout ce monde. La saison a terminé tellement abruptement pour nous – élimination en quatre matchs contre les Islanders de New York en première ronde – que j’ai eu beaucoup de temps à moi cet été. Beaucoup trop. J’aime jouer au hockey jusqu’à la fin du mois de juin et non avoir à me demander quoi faire. Ça m’a au moins permis de retourner à Rimouski et de revoir tous ces gens.

 

« J’aurai moins de temps vendredi, mais j’espère au moins pouvoir les croiser et les saluer une fois encore. Malgré le tourbillon qui m’attend, j’ai hâte de revoir Donald (Dufresne) qui a été mon premier coach avec l’Océanic avant d’être l’adjoint de Doris (Labonté) lors de ma deuxième saison. Donald est toujours derrière le banc, comme Francis St-Pierre qui était préposé à l’équipement quand j’étais là, la famille Tanguay bien sûr et tous ceux qui gravitent encore autour de l’équipe. Ce sera vraiment très spécial de vivre ce qui m’attend », a conclu le 87.

 

Letang a déjà subi les foudres de Crosby

 

Sidney Crosby a marqué l’histoire de l’Océanic aux sens propre et figuré. À sa première saison (2003-2004), il a enfilé 54 buts et récolté 135 points en 59 matchs. Malgré une récolte de 16 points en neuf matchs éliminatoires, il n’a pu aider son club à franchir la demi-finale.

 

L’année suivante, il s’est repris. Crosby a marqué 66 buts et ajouté 102 passes en 66 matchs seulement. Il a ensuite mené son équipe au championnat dans la LHJMQ (coupe du Président), mais Crosby et l’Océanic se sont inclinés en finale de la coupe Memorial aux mains des Knights de London.

 

En plus des 120 buts qu’il a marqués et 303 points qu’il a récoltés en 125 parties avec Rimouski, Crosby a ajouté une médaille d’or et une médaille d’argent remportées avec Équipe Canada Junior. Des résultats qui donnent une petite idée de sa domination sur le hockey junior à l’époque. Domination qui dépassait les statistiques se rappelle son ami et coéquipier à Pittsburgh Kristopher Letang qui a déjà subi les foudres de Crosby dans les rangs juniors.

 

« Sid était déjà tellement bon qu’il était clair qu’il dominerait un jour dans la LNH aussi. Il était dans une classe à part. Tu avais beau tout tenter pour le ralentir, il trouvait une façon de s’échapper. Et quand il se choquait, ça devenait l’enfer. Je me rappelle d’un match qu’il était venu jouer à Val-d’Or. Ce soir-là, ça n’allait pas bien pour lui et l’Océanic. On menait 5-1, il me semble. Sid s’est choqué. Il a poussé notre filet par-derrière sur notre gardien et s’est fait chasser pour 10 minutes de mauvaise conduite. Il avait passé la fin de la première période et les cinq premières minutes de la deuxième au banc des punitions. Lorsqu’il est revenu sur la glace, il était enragé. Il avait pris le match en main et on a finalement perdu 7-5. Je pense qu’il avait fini avec trois buts et quatre passes tout ça malgré 10 minutes de punitions. »

 

Triple couronne et autres honneurs

 

Le retrait du chandail orchestré par l’Océanic de Rmouski vendredi s’ajoute à la déjà très longue liste d’honneurs et de grands honneurs qui ont marqué la carrière de Sidney Crosby.

 

Il a bien sûr soulevé la coupe Stanley à trois reprises. Deux fois, il a mis la main sur le Conn-Smythe. Il détient deux titres de meilleur franc-tireur dans la LNH (trophée Maurice-Richard), deux autres de meilleur marqueur (trophée Art-Ross) et il a gagné deux fois plutôt qu’une le titre de joueur le plus utile à son équipe (trophée Hart) en saison régulière.

 

Comme s’ils voulaient s’assurer que les journalistes ne soient pas les seuls à couvrir Crosby de gloire, les joueurs de la LNH lui ont décerné à trois reprises le titre de meilleur joueur de la saison soit le trophée Ted-Lindsay.

 

Rien que ça?

 

Eh non! Il a aussi marqué le but de la victoire, en prolongation si vous vous souvenez bien, pour donner la médaille d’or au Canada lors des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver. Il a ajouté des médailles d’or aux JO de 2014 à Sotchi et une autre dans la cadre de la Coupe du monde.

 

Son implication dans la victoire du Canada au Championnat du monde en 2015 lui a permis de devenir le 26e des 29 membres du club exclusif des triples médaillés d’or de la Fédération internationale de hockey (IIHF). Il est toutefois pour l’instant le seul membre de ce club sélect à avoir remporté ces trois titres en tant que capitaine de son équipe.