Chaque mardi, le RDS.ca vous offre Le Carnet LHJMQ, un assemblage des faits marquants du week-end précédent dans le circuit Courteau.

La fatigue? Un concept étranger à Zachary Bolduc

Zachary Bolduc admet qu’il accusait un léger déficit de sommeil en laçant ses patins pour son premier match dans l’uniforme des Remparts de Québec.

Jeudi dernier, le récent choix de première ronde des Blues de St. Louis apprenait qu’il allait avoir la chance de disputer son premier match hors-concours dans la Ligue nationale. Le lendemain, il récoltait une passe dans une victoire contre les Blackhawks à Chicago. Les relents d’adrénaline l’ont gardé debout pour une partie de la nuit.

Samedi, Bolduc a pris un vol de retour vers le Québec. Il a atterri dans la capitale nationale vers 21 h. L’autobus qui devait transporter les Remparts à Rimouski pour y affronter l’Océanic partait à 8 h 15 le dimanche matin.

On aurait pardonné à l’attaquant vedette s’il avait demandé une journée de repos pour reprendre son souffle et ses esprits après ces tumultueuses pérégrinations. Ce n’est toutefois pas un scénario qu’il a envisagé.  

 « La question, c’est plus "pourquoi je n’aurais pas joué?" », rétorque-t-il poliment lorsque placé devant cette possibilité.

 « Personnellement, si je pouvais être là et aider les boys, c’était sûr dans ma tête que je voulais jouer. Honnêtement, même si Patrick [Roy] n’avait pas voulu que je joue, il aurait fallu qu’il ait de bons arguments parce que je trouvais ça quand même important de jouer ma première game à Rimouski », justifie celui qui a passé les deux premières saisons de sa carrière junior avec l’Océanic.

En entrevue dans ces pages il y a quelques semaines, l’entraîneur des Remparts avait exprimé son appréhension quant au rendement de ses nombreux joueurs partis dans des camps de la LNH. « Le temps de revenir les pieds sur terre, je vais te dire une affaire, dans mon histoire, à part Radulov et Vlasic, en général les gars sont assez affectés », avait dit Roy.

Bolduc a rapidement rassuré son nouveau patron. Il a effectué une solide pièce de jeu pour préparer le but de Xavier Filion en début de troisième période, a lui-même inscrit le but vainqueur avec cinq minutes à faire au dernier tiers et a complété la marque dans un filet désert. Bilan final : trois points dans une victoire de 5-3.

 « C’est sûr que ça a été un match un peu plus difficile pour moi, a pourtant dit Bolduc, qui se dit complètement rétabli d’une blessure à une hanche qui a affecté son séjour à St. Louis. J’avais voyagé toute la journée d’avant, c’est quand même épuisant. Mais l’excitation que j’avais de commencer la saison avec une nouvelle équipe a compensé. C’est sûr que la chimie n’est pas encore tout à fait là. Ça faisait quand même trois semaines que j’étais parti, l’équipe avait continué à avancer pendant ce temps-là. Ça va être important pour moi dans les prochaines semaines d’être à l’écoute et de bien comprendre tous les détails du système de jeu. »

Bolduc, qui dit avoir été utilisé autant au centre qu’à l’aile pendant ses deux années à Rimouski, a commencé la saison à gauche de Théo Rochette sur un trio complété par le joueur de 20 ans Christophe Farmer. Ses attentes avec ces nouveaux complices sont élevées.

 « Ce sont deux gars extrêmement intelligents. Ils n’aiment pas perdre, ce sont des compétiteurs. Je me considère chanceux d’avoir des compagnons de trio comme ça. Le fait qu’on peut se parler aussi, qu’on n’a pas peur de se dire les vraies choses, je pense que ça va faire de nous un trio dominant cette saison. » (NL)

Ethan Gauthier libéré

Le dernier match d’Ethan Gauthier en saison régulière remontait aux rangs bantams. Il était excité. Nerveux.

Allait-il être à la hauteur? Comment allait-il se débrouiller au beau milieu de joueurs plus matures, d’hommes à la fois plus imposants et plus rapides? Autant de questions qu’il s’est empressé de chasser de son esprit le temps de se pointer à la première occasion devant le filet adverse.

Faire confiance à son instinct.

C’est ainsi que le tout premier choix du dernier repêchage de la LHJMQ a inscrit son premier but dès la deuxième présence sur la patinoire de sa jeune carrière et la cinquième minute de jeu du premier match de la saison du Phoenix de Sherbrooke contre les Huskies de Rouyn-Noranda, vendredi.

Les deux pieds plantés devant le gardien Samuel Richard, Gauthier se trouvait alors à l’endroit parfait pour enfoncer un retour de lancer du défenseur Maxime Blanchard dans le filet de la meute et inscrire le premier but de la campagne des siens dans un revers de 3-2.

 « C’est un peu ça son pain et son beurre, appréciait l’entraîneur-chef du Phoenix Stéphane Julien, lundi. [...] En avant du filet, c’est un gars qui va en scorer beaucoup d’ici la fin de sa carrière junior. Les joueurs qui se promènent dans ces régions-là, les Brendan Gallagher, on gratte pour les trouver. »

« Je me considère comme un gars physique, un attaquant de puissance. J’aime ça tourner autour du but, déranger le gardien. Être dans le trafic, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur », confirme la recrue.

Délivré de la pression de marquer un premier but qui accompagne inévitablement un attaquant repêché au premier rang, le fils d’un ancien joueur de la LNH de surcroît (Denis Gauthier), l’athlète de 16 ans promet de se pointer à nouveau le nez dans le trafic.

 « Ça m’a libéré un peu du stress de penser à mon premier but. J’ai eu deux grosses présences après mon but. Je pense que ça m’a vraiment donné confiance. Maintenant je fais juste penser à jouer ma game dans le système. »

 « C’est sûr que c’est beaucoup mieux de scorer à sa première game qu’à la game no 10, ça c’est sûr, renchérit Julien. Ça enlève beaucoup de pression à un jeune comme lui. Veux, veux pas, les gens le voient comme un premier choix au total et ils s’attendent à ce que le gars fasse un point ou deux par match. Ce ne sera pas le cas. »

Jouer à 16 ans dans la LHJMQ, c’est dur rappelle Julien, tout en rappelant que seuls les joueurs exceptionnels de la trempe des Sidney Crosby et Alexis Lafrenière sont capables à cet âge de faire la différence.

 « On a eu Samuel Poulin, un 2e choix au total, et à 16 ans ç’a été difficile. C’est une question d’adaptation. »

C’est pourquoi Julien se promet d’offrir à Gauthier toutes les occasions de grandir.

 « Tu ne peux pas laisser un gars aussi talentueux sur le banc. Quand tu repêches des joueurs comme lui, il faut que tu sois ouvert à l’idée que certaines soirées seront plus difficiles. Quand on joue deux matchs en deux jours, les gars comme lui sont parfois moins aguerris physiquement pour [performer lors du deuxième]. Faut vivre avec ça, mais je ne suis pas inquiet parce qu’il a tellement déjà le sang d’un professionnel que les choses vont bien se passer pour lui. »

Gauthier n’est pas le seul attaquant de la cohorte 2021 à avoir brisé la glace lors de la première semaine du calendrier. Tyler Peddle, un attaquant sélectionné au 2e rang par les Voltigeurs de Drummondville, a notamment inscrit un but dans chacun de ses deux premiers matchs. Mathieu Cataford (6e, Mooseheads) et Nathan Baril (18e, Drakkar) ont aussi marqué leur premier but.

 « C’est le fun de voir ces gars-là scorer leur premier but aussi parce que je l’ai vécu aussi en fin de semaine. C’est un but dont je vais me rappeler toute ma vie. » (MF)

Justin Robidas, joueur d’impact

À la conclusion de chaque séance d’entraînement, Justin Robidas prend position dans le cercle de mise en jeu droit et se met à dégainer. Un tir des poignets après l’autre. De 25 à 50 lancers, parfois même plus.

 « Sur le jeu de puissance, je sais que je vais être placé à droite. [...] J’essaie de me mettre dans des situations de matchs. De cette façon, la fin de semaine, je sais quoi faire. »

Le week-end dernier, la mémoire musculaire a pris le dessus. Face aux Voltigeurs de Drummondville d’abord, le capitaine des Foreurs de Val-d’Or s’est exécuté aux dépens du gardien Francesco Lapenna, qu’il a déjoué tout juste au-dessus de l’épaule droite, profitant notamment de l’écran que lui offrait son coéquipier Zackary Michaud pour inscrire son deuxième du match. Le lendemain, contre le portier du Phoenix de Sherbrooke David Provencher, Robidas y est allé d’un copier-coller. Même écran, même lancer, même résultat.

Fort d’un autre but marqué face au Phoenix, son quatrième, le joueur de centre a ainsi conclu la première semaine du calendrier régulier au sommet du classement des meilleurs buteurs du circuit Courteau et au quatrième échelon chez les meilleurs pointeurs (5), à une longueur de ses compagnons de trio Alexandre Doucet et Jérémy Michel, de même que Bennet MacArthur du Titan d’Acadie-Bathurst.

 « Je suis en confiance. C’est bizarre à dire, mais il y a une différence entre être un joueur de 17 ans et être un joueur de 18 ans. Ça paraît », tente d’expliquer celui qui avait enfilé cinq buts en deux matchs préparatoires à son retour du camp des Hurricanes de la Caroline.

Jakob Pelletier, Samuel Poulin et Nathan Légaré ayant tous gradué chez les professionnels, Robidas démontre à 18 ans qu’il est prêt à prendre la relève en cette année de transition pour les Foreurs.

 « À 16-17 ans, tu regardes les choses aller un p’tit peu plus, tu te laisses impressionner un p’tit peu plus par les plus vieux. Mais là, je suis rendu à un stade où je suis parmi les plus vieux de la ligue. Je suis un joueur qui veut avoir un impact. Mon état d’esprit est différent quand j’entre dans les matchs et ça donne ces résultats-là. »

Si Robidas a laissé des traces évidentes de sa contribution sur les feuilles de pointage des deux rencontres remportées par les Foreurs la fin de semaine dernière, c’est avant tout dans le jeu de ses coéquipiers que le choix de 5e ronde des Hurricanes au dernier repêchage risque de laisser sa marque cette année.

 « On a des gars qui ne connaissent qu’une seule façon de jouer et Justin est l’un d’eux, dépeint l’entraîneur-chef recrue des Foreurs, Maxime Desruisseaux. Il n’a qu’une façon d’être et c’est la droiture, être au fond chaque fois qu’il rentre à l’aréna. On est chanceux, avec la jeunesse qu’on a dans notre équipe. »

Avec 10 recrues au sein de sa formation, dont la majorité n’ont pas joué l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, Desruisseaux détient en Robidas le modèle parfait pour illustrer la marche à suivre.

 « Les gars n’ont pas le choix de le suivre parce qu’il est tellement engagé et dévoué envers son équipe. » (MF)

L’Armada se sort de la « sloche » à Gatineau

Bruce Richardson s’attendait au pire et croyait avoir préparé ses gars en conséquence. Il se trompait.

En n’importe quelle circonstance, l’entraîneur de l’Armada aurait craint une réplique percutante des Olympiques de Gatineau, qui revenaient à domicile après avoir été battus la veille à Boisbriand. Mais dans le contexte où l’adversaire inaugurait en plus son nouveau domicile flambant neuf, Richardson savait que son équipe était due pour vivre un mauvais quart d’heure.

 « J’avais dit aux gars qu’il faudrait vraiment gérer la tempête en première période et on n’a pas été capables de le faire. On dirait qu’on était encore en train de regarder la cérémonie. On dirait qu’on était des spectateurs dans le match », récapitulait-il candidement lundi.

Armada 4 - Olympiques 3

L’Armada a été dominé 12-1 au chapitre des tirs et tirait de l’arrière 2-0 au premier entracte. « On a vraiment pris une période de congé. Ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ça », a ajouté le coach après avoir vanté les mérites du jeune gardien Charles-Edward Gravel.

C’est rapidement devenu 3-0 en début de deuxième période. Puis le vent a tourné. L’Armada a brisé la glace moins d’une minute plus tard, puis a purgé une pénalité de cinq minutes décernée au défenseur Félix Poulin. « Après ça, j’ai vu comme une différente équipe », continue Richardson.

C’est une histoire qui finit bien pour l’Armada. Simon Pinard, qui revenait du camp des Panthers de la Floride, a rétréci l’écart avant la fin de la deuxième. Miguel Tourigny, qui a quant à lui passé la fin de son été chez les Ducks d’Anaheim, a préparé le but égalisateur avec 45 secondes à faire en troisième et celui de la victoire en prolongation.

Ça n’avait pas été aussi dramatique la veille, mais pour la deuxième fois en 24 heures, l’Armada remportait un match dans lequel il avait concédé le premier but.

 « C’est le fun de voir ça parce que tu sais, on est encore en train d’analyser notre équipe dans des moments clés comme ça, apprécie Richardson. Dans les matchs préparatoires, tu es encore en mode évaluation, préparation. Quand il y a deux points au bout, c’est là que tu vois quel genre d’équipe tu as. Avant ça, tu l’espères, mais tu ne peux pas vraiment dire que tu as du caractère. Je pense qu’on l’a démontré en fin de semaine. On a du caractère, on n’abandonne pas. Ça fait partie de nos valeurs, ça a toujours fait partie de nos valeurs. »

Selon les données compilées par le site Elite Prospects, Richardson dirige l’une des deux plus jeunes équipes de la LHJMQ cette année. Il y aura d’autres soirées comme celle-là chez l’Armada et elles ne se termineront pas toutes dans l’allégresse. Mais une expérience comme celle vécue samedi au Centre Slush Puppie permettra au moins d’y croire à tout coup.   

 « Ça fait en sorte qu’on bâtit notre identité. On veut apprendre de ça et espérer qu’on n’aura plus besoin de faire ces remontées-là », souhaite quand même Richardson. (NL)

Un miracle porteur d’espoir à Rouyn

Mathieu Gagnon a commencé sa carrière junior dans la ouate. L’édition des Huskies de Rouyn-Noranda à laquelle il s’est greffé à l’âge de 17 ans a remporté 59 de ses 68 matchs de saison régulière, la coupe du Président et la coupe Memorial. Du fun noir, il en a eu. Des fins de matchs sur le gros nerf, il en a connu aussi.

Ce qu’il a vécu samedi, au 148e match de sa carrière junior, arrive quelque part en haut de la liste.

« En saison régulière, c’est top-3 facile », estimait-il lundi soir.  

Imaginez : Gagnon était sur le banc des Huskies quand les Voltigeurs de Drummondville ont pris une avance de 2-1 avec 14 secondes à jouer en troisième période. Pendant que les officiels avaient recours à la reprise vidéo pour s’assurer qu’il n’y avait pas eu hors-jeu sur la séquence, l’entraîneur-adjoint Patrice Lefebvre a réuni son monde pour dessiner une stratégie en vitesse. Mais à partir de la zone centrale? Existe-t-il un équivalent sur patins de l’Annexion de Porto Rico?

Mais les Voltigeurs ont commis un dégagement refusé, rapatriant l’action dans leur zone avec huit secondes à faire. Gagnon a été mandaté pour aller gagner la mise en jeu à la droite du gardien, ce qu’il a fait. Dans le chaos qui a suivi, il a fait dévier un tir dans l’enclave. Daniil Bourash a poussé le retour dans le but avec moins d’une seconde au cadran.

Plus fou encore? Ça a pris seulement 15 secondes en prolongation pour que Gagnon se fasse complice du but vainqueur d’Alex Arsenault sur une descente à 2-contre-1.  

En moins de 30 secondes de jeu, donc, une équipe qui ne compte que sur trois joueurs de plus de 18 ans et qui n’avait marqué que 19 buts en huit matchs préparatoires s’est façonné un petit début de saison parfait. Son capitaine ne pouvait espérer un meilleur porte-voix pour transmettre son message.  

« On avait eu une présaison un peu difficile, mais on était toujours confiants en nos moyens, on savait que ça allait finir par débloquer, affirme Gagnon. C’est le fun de commencer la saison comme ça pour la confiance de notre équipe. C’est aussi important pour montrer aux plus jeunes qu’il faut faire preuve de caractère, que c’est pas fini tant que c’est pas fini. On ne pouvait pas avoir un meilleur exemple que ça. C’est sûr que ça va nous aider pour la suite. Faut juste pas se satisfaire de ça. »

À Rouyn, la victoire de samedi pourrait fort bien s’inscrire comme le moment fort d’une saison pour laquelle « patience » est le mot d’ordre. Les attentes sont modestes et de façon réaliste, Gagnon devrait terminer sa carrière junior au sein d’une équipe perdante. Mais il tient absolument à laisser derrière un héritage positif comme l’ont fait les Jacob Neveu, Samuel Harvey, Peter Abbandonato et Rafaël Harvey-Pinard pour lui.

« Je ne considère pas qu’on est en reconstruction nécessairement. C’est sûr que selon les prédictions et les fameux cycles de la LHJMQ, on n’est pas rendus à notre apogée à Rouyn-Noranda. Mais je crois qu’on peut vraiment accomplir des belles choses. Mon rôle c’est vraiment de montrer l’exemple aux plus jeunes. J’ai eu des bons modèles qui m’ont fait comprendre à quel point c’était une fierté de porter cet uniforme. Je veux passer le même message et contribuer à perpétrer une culture gagnante ici. » (NL)

Citation de la semaine

« Des fois l’hiver quand on revient chez nous il goale et je l’ai souvent avec cette feinte. Il va me dire par texto que j’ai été chanceux, et je vais lui répondre non. » – Olivier Coulombe au journal La Nouvelle Union

Pour la première fois de sa carrière dans la LHJMQ, l'attaquant des Tigres de Victoriaville a marqué contre son frère jumeau Antoine Coulombe, gardien des Cataractes de Shawinigan, inscrivant le but décisif en tirs de barrage dans une victoire de 3-2 samedi.

Dans vos oreilles

Pour le premier épisode de la nouvelle saison du balado « Sur la glace », le collègue Stéphane Leroux a réalisé des entrevues avec le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau, l'ancien directeur général des Olympiques de Gatineau Charles Henry et l'attaquant des Islanders de Charlottetown Xavier Simoneau. Bonne écoute!