MONTRÉAL – Les observateurs du sport mettent souvent l'accent sur l'influence des partisans à domicile, mais la majorité des équipes de la LHJMQ devront s'en passer cette saison. Du moins, pour le moment.

Après avoir lancé ses camps d'entraînement la fin de semaine dernière, la LHJMQ a franchi une autre étape en dévoilant son calendrier pour la saison 2020-2021 et en tenant ses premiers matchs préparatoires devant des gradins vides, ou presque.

Lors d'une visioconférence tenue il y a quelques semaines, le commissaire du circuit, Gilles Courteau, a annoncé que les 12 équipes évoluant au Québec joueraient une saison complète à huis clos tant qu'il n'y aura aucun changement du côté des autorités de la santé publique.

Le monde du hockey a déjà eu un aperçu de ce à quoi pouvaient ressembler les matchs à huis clos, alors que depuis plus d'un mois, la LNH dispute ses séries dans deux bulles, à Toronto et Edmonton. Le niveau de compétition somme toute relevé sur la patinoire en a d'ailleurs rassuré quelques-uns.

« J'étais un peu inquiet parce que nos joueurs se nourrissent de l'énergie des partisans, mais après avoir regardé les séries de la Coupe Stanley, je me dis qu'ils ont pu voir que quand tu arrives à l'aréna, c'est une question de "business", a déclaré l'entraîneur-chef de l'Armada, Bruce Richardson. Nous sommes dans un domaine de performance et si un joueur est affecté par le manque de partisans, il va perdre sa place parce qu'un autre ne sera pas dérangé par cette situation. »

Les six équipes des Maritimes ont pour l'instant un peu plus de chance, alors que quelques centaines de partisans, voire un millier, pourront assister aux matchs.

Pour les joueurs, ce nombre de spectateurs, bien que diminué, donnera une impression de retour à la normale, mais ils ne perdent pas de vue qu'ils ont été sélectionnés pour leur capacité à contrôler ce qui se passe sur la glace, et non dans les gradins.

« Nous sommes chanceux, mais notre travail, c'est de jouer au hockey, qu'il y ait des partisans ou non. On ne se le cachera pas, ça va être une ambiance différente, mais je pense qu'après quelques matchs, nous allons nous habituer. Nous voulons jouer au hockey et il y a des sacrifices à faire, mais nous sommes prêts à les faire », a exprimé le défenseur des Sea Dogs de Saint-Jean, William Villeneuve.

Le hockey est un sport qui se joue avec intensité et émotion et force est d'admettre que les joueurs veulent toujours en donner un peu plus lorsqu'ils se retrouvent devant leurs partisans.

C'est à se demander si l'avantage de la glace et le facteur intimidation que peut amener un match à domicile ne seront pas relégués aux oubliettes pour la saison 2020-2021.

« Je ne suis pas vraiment dérangé par ce qui se passe dans les gradins, mais c'est sûr que parfois, quand tu es à l'étranger, il y a des partisans qui te huent ou qui s'en prennent à toi. Il y a peut-être du positif à retirer sur ce point, a affirmé le gardien des Olympiques de Gatineau, Rémi Poirier. En même temps, quand tu es à domicile et que tu réalises un bel arrêt, ça fait du bien d'entendre la foule et ça te donne du momentum. Il faudra voir si ce sera plus facile pour les équipes à l'étranger de jouer parce qu'il n'y a plus l'influence des partisans. »

Sans l'énergie apportée par les partisans, les joueurs devront trouver d'autres façons de garder un niveau de jeu et d'intensité élevé. Ils pourront se motiver entre eux, mais les entraîneurs derrière le banc auront également un travail à faire pour redoubler les encouragements.

« Au banc des joueurs, ce sera à nous de nous créer du momentum, de rehausser le niveau d'énergie et d'être plus émotifs. Pour ce qui est des entraîneurs, on ne peut pas dire qu'on ne les entend pas sur la glace. Ce sont probablement eux qui font le plus de bruit dans l'aréna », a dit en riant l'attaquant du Drakkar de Baie-Comeau Nathael Roy.

À défaut d'avoir l'occasion d'encourager leur équipe favorite sur place, les partisans pourront se tourner vers la diffusion des parties en ligne. Les formations de la LHJMQ tentent souvent de rendre l'expérience en aréna intéressante, mais elles devront maintenant la transposer sur le web.

« On le voit avec les sports professionnels en ce moment. Ils ont bien sûr des moyens différents et des captations visuelles différentes, mais chaque organisation de la LHJMQ devra mener un petit combat pour rendre les matchs à distance intéressants à regarder, a mentionné le directeur général des Foreurs de Val-d'Or, Pascal Daoust. Nous devrons également penser à des façons de rendre l'expérience intéressante pour les athlètes malgré l'absence de spectateurs. »

La première journée d'activités de la saison régulière se déroulera le vendredi 2 octobre, alors que 16 des 18 équipes seront en action.