RIMOUSKI, Qc - Même parti, Alexis Lafrenière a toujours un impact positif sur l'Océanic de Rimouski.

On pourrait croire que la perte d'une immense vedette comme le tout premier choix au dernier repêchage de la Ligue nationale pourrait laisser un trou béant dans les finances d'un club comme l'Océanic. S'il y a habituellement un certain impact, la formation du Bas-St-Laurent sait comment gérer ce genre de situation. Après tout, elle a vécu les départs de Vincent Lecavalier, Brad Richards et Sidney Crosby au cours de ses 25 ans d'existence.

« Quand tu as une vedette, ça a un impact (sur tes finances), parfois supérieur à celui d'une équipe de première place, a raconté Éric Boucher, président de l'Océanic. En 2015, nous avions une excellente équipe, mais ça n'a pas eu autant d'impact que la présence de Crosby ou Lafrenière. Les gens s'identifient à des vedettes. Ça attire, même au-delà de la région. Il y a des clients occasionnels qu'on ne voit pas quand on n'a pas de vedette.

« Quand cette vedette quitte, souvent l'équipe se retrouve en reconstruction, puisque tu vas bâtir autour de ta vedette. Au junior, les équipes vont par cycle. C'est souvent le début d'un nouveau cycle quand ta vedette te quitte. »

C'est un peu le cas pour l'Océanic cette saison, qui a une fiche de 4-7-2 jusqu'ici. Est-ce que ça se fait ressentir dans les coffres de l'organisation? La saison actuelle, en raison de la pandémie de COVID-19, ne peut servir de baromètre: tous les clubs jouent à huis clos. Les finances de tous les clubs en souffrent. La boutique souvenir du club ne dérougit toutefois pas.

« Évidemment, impossible pour nous de mesurer l'impact du départ d'Alexis cette année. Par contre, je n'ai jamais vendu autant d'articles promotionnels aux États-Unis depuis le repêchage, a affirmé Boucher, en poste depuis décembre 2011. Le soir du repêchage, quand les Rangers ont placé notre logo partout sur Times Square, j'ai dit : "Wow!" Le lendemain, quand je suis arrivé au bureau, la responsable des ventes me disait qu'elle avait des commandes provenant de 12 États, dont beaucoup de la région de New York.

« On voit le même phénomène avec Crosby: dès qu'il se passe de quoi avec lui, on a des commandes de partout. On lui avait donné une veste à capuchon quand il est venu avec la coupe Stanley lors de sa dernière conquête, car il faisait froid. Nous en avons ensuite vendu jusqu'en Australie! La marque voyage partout (grâce à lui).

« Il y a deux ans, un partisan a rencontré Crosby en Espagne. Que portait Crosby? Un t-shirt de l'Océanic! Il a joué ici il y a 15 ans. Il est extraordinaire pour nous. La notoriété qu'il a donnée à cette organisation contribue encore à nos succès. Il a toujours gardé un lien avec nous. »

Histoire d'amour

Les anciens porte-couleurs de l'Océanic conservent de bons souvenirs de l'organisation puisque l'organisation les traite bien. Elle a aussi la même attitude à titre de partenaire financier non seulement à Rimouski, mais dans tout le Bas-St-Laurent.

« On a une organisation de grande qualité à Rimouski, une organisation qui instille la passion du club parmi ces partisans », a souligné Jonathan Laterreur, directeur général de la Chambre de commerce et de l'industrie Rimouski-Neigette.

« C'est clair que l'Océanic, si pour quelque raison que ce soit, devait quitter la région, ça ferait un trou. Cette équipe apporte du dynamisme, elle énergise la ville et la région, a poursuivi M. Laterreur. Les soirs de matchs, autour du Colisée Financière Sun Life, c'est flagrant. On ressent cette énergie. »

Ces sentiments sont réciproques.

« C'est certain que nous avons un impact, a admis Boucher. Une étude publiée en 2011-12 faisait état de retombées potentielles de 10 millions $ par année pour une ville dans le circuit Courteau. Ici, nous ne sommes pas que l'équipe de Rimouski, mais celle de toute une région. Nous avons des détenteurs d'abonnement qui viennent de Matane, Amqui, partout. Même les jeunes de la Gaspésie s'identifient beaucoup à l'Océanic.

« De notre côté, c'est aussi une belle histoire. Nous avons pu nous positionner dans une région faiblement peuplée comme le Bas-St-Laurent et se faire reconnaître comme une des meilleures organisations à la grandeur du pays. C'est très rare qu'un joueur ne veuille pas venir jouer à Rimouski. Souvent, les joueurs qui disent vouloir aller étudier aux États-Unis disent aussi vouloir jouer soit pour les Remparts de Québec, soit pour nous.

« Il y a d'autres bonnes organisations, bien sûr. Mais je pense que pour les gens d'ici, C'est une fierté. »

Si l'équipe dynamise la région, l'inverse est aussi vrai.

« Nous avons tout un bassin de partisans: nous sommes toujours quatrièmes ou cinquièmes au classement des assistances, dans une ville de 50 000 habitants. Il y a toujours Québec au sommet, souvent suivi de Moncton et Halifax. Parfois, on se retrouve avec ces deux clubs. Puis il y a Shawinigan qui fait souvent bien. Au Québec, nous sommes souvent deuxièmes derrière les Remparts.

« On a aussi une belle réponse du corporatif. J'ai beaucoup d'entreprises locales qui mettent 15, 20 ou 25 000 $ par année dans l'équipe. En plusieurs endroits, les clubs ont du mal à avoir un engagement de 5000 $. (...) C'est une histoire d'amour qui dure depuis 26 ans. »