MONTRÉAL – Patrick Roy s’apprête à amorcer sa dixième saison derrière le banc des Remparts de Québec. En 2006, son équipe n’a perdu que douze matchs et a atteint la finale des séries de la LHJMQ. Pendant cinq années consécutives, de 2008 à 2013, elle a clôturé son calendrier avec au moins 40 victoires. La dernière édition qu’il a dirigée avant d’ouvrir une parenthèse de trois ans à la barre de l’Avalanche du Colorado comptait six joueurs qui ont éventuellement joué dans la Ligue nationale.

« Sincèrement, je ne me rappelle pas d’avoir bâti une équipe avec autant de profondeur », avance-t-il pourtant après avoir décliné dans le détail les noms de ceux qui formeront ses quatre trios, ses trois paires de défenseurs et son duo de gardiens cet automne.

Les Remparts, c’est un fait, seront équipés pour veiller tard en cette année qui marque le 25e anniversaire de la renaissance de la franchise. Roy, qui en est aussi le directeur général, a passé une partie de son été à côté du fax afin de faire de son équipe une sérieuse prétendante à la coupe du Président, qui n’a pas été soulevée à Québec depuis 1976, mais aussi en rêvant à la coupe Memorial. Jusqu’à hier, les Remparts espéraient encore se voir attribuer l’organisation du prestigieux tournoi de fin d'année, dont les hôtes seront finalement les Sea Dogs de Saint John.

Par le biais de transactions qui lui ont coûté un total de neuf choix au repêchage, Roy a fait l’acquisition du nouvel espoir des Blues de St. Louis Zachary Bolduc, de deux vétérans qui viennent de célébrer un championnat avec les Tigres de Victoriaville et de deux nouveaux joueurs de 20 ans, le défenseur Louis Crevier et l’attaquant Christophe Farmer.  

Ces nouveaux visages viennent se greffer à une reluisante mosaïque de jeunes talents qui comprend Théo Rochette, James Malatesta, Viljami Marjala, Evan Nause et Nathan Gaucher. Ce dernier est considéré comme un choix de première ronde potentiel au prochain repêchage de la LNH.

À cet alignement de feu seront légitimement associées des attentes élevées. Si les Diables Rouges ont historiquement connu du succès en saison régulière sous la gouverne de Roy, ils n’ont franchi le deuxième tour des séries éliminatoires qu’à trois reprises et même si leur noyau actuel a été bâti pour un cycle de deux ans, il serait difficile de leur pardonner un parcours abrégé le printemps prochain.

Roy dit n’avoir qu’effleuré le sujet avec ses protégés depuis qu’ils se sont rapportés au camp d’entraînement. Et il a choisi prudemment ses mots. Comme tout bon entraîneur moderne, il leur a parlé de processus, de constance, de l’importance de contrôler ce qu’ils peuvent contrôler. Les grands discours et les objectifs à long terme ne font pas partie de son plan de communication.

« Je trouve que ce sont des grandes phrases qui veulent rien dire, finit par lâcher le membre du Temple de la renommée. Et c’est mettre de la pression inutile sur l’équipe parce que malheureusement, quand bien même que toi et moi on le voudrait, on ne peut pas la gagner aujourd’hui, la coupe Memorial. Ça va se jouer au mois de juin. Quand je te parle du processus, c’est vraiment ça. Aujourd’hui, on est au mois de septembre et on se concentre sur le quotidien. »

« Moi la dernière affaire que je veux, ajoutera-t-il quelques instants plus tard, c’est que mes joueurs ressentent de la pression. Je veux qu’ils viennent à l’aréna et qu’ils se concentrent sur le processus. »

Des automatismes à trouver

Pour l’instant, la principale préoccupation de Roy concerne la façon dont ses gars vont amorcer la saison à partir du 1er octobre contre l’Océanic de Rimouski.

En plus des sept joueurs qu’il a obtenus sur le marché des transactions et des trois recrues qui ont réussi à percer son alignement, le grand patron a dû gérer l’absence de sept joueurs partis participer au camp de développement d’une équipe de la LNH. « Je ne me rappelle pas d’en avoir eu autant », réfléchit-il avant d’ajouter sur la pile le dossier du nouveau venu Vsevolod Komarov, qui est toujours coincé en Russie en attente de son visa.  

« Que tu le veuilles ou pas, les joueurs qui vont revenir des camps pros, ils vont aussi avoir une période d’ajustement. Ils vont avoir vécu le rêve. Le temps de revenir les pieds sur terre, je vais te dire une affaire, dans mon histoire, à part Radulov et Vlasic, en général les gars sont assez affectés. »

Une fois que tout le monde aura repris la place qui lui est destinée, les Remparts devraient former une dangereuse machine de hockey. En attaque, Roy a l’intention de garder intact le trio formé de Malatesta, Gaucher et Marjala. Bolduc sera jumelé à Rochette et Farmer et « n’aura pas la pression de traîner l’offensive ou son trio » comme il devait le faire avec l’Océanic, suggère son nouveau coach.

« Je ne veux pas qu’il soit le visage de notre attaque, je veux qu’il apporte de la profondeur à notre attaque. Rochette et Farmer, c’est vraiment deux fabricants de jeu que je place avec un gars qui a un excellent tir. Je ne dis pas que Zach n’est pas un fabricant de jeu, mais il a tout un lancer. Avec eux autres, je pense qu’il risque d’avoir du plaisir », parie Roy. 

Il faudra trouver une façon de combler le départ inattendu d'Hugo Audette, qui devait commencer la saison au centre d'un trio complété par Pier-Olivier Roy et Mikaël Huchette. Davis Cooper, Xavier Filion et Zachary Gravel devaient former l’autre unité. « Sincèrement, on n’a pas de quatrième trio, analysait Roy avant de devoir gérer cet imprévu. On a deux troisièmes trios. Un soir ça va être l’un, l’autre soir ça va être l’autre. »

En défensive, le jeune quart-arrière Evan Nause, lorsqu’il sera rétabli d’une blessure à une épaule, devrait patrouiller la ligne bleue avec le géant Louis Crevier. Nicolas Savoie devrait se retrouver avec Komarov, que Roy décrit comme « un gars très physique, qui bouge bien la rondelle et qui fait très peu d’erreurs en sortie de zone. » Charles Truchon et Édouard Cournoyer formeront quant à eux la troisième paire d'arrières.

Une formation bien garnie, donc, à laquelle Roy ne prévoit pas pour l’instant apporter de grosses retouches en cours de saison.

« Les transactions de Cooper et Gravel, on pensait les faire aux Fêtes, mais l’opportunité s’est présentée et on les a faites tout de suite au lieu d’attendre. Les prix étaient bons et c’est le type de transactions qui faisaient notre affaire. À partir de là, c’est sûr qu’on va évaluer notre équipe, mais je ne m’attends pas vraiment à faire beaucoup de changements. »