MONTRÉAL - Denis Coderre, le maire de Montréal, a une fois de plus prouvé qu’il n’est pas du style à contourner les problèmes lors d’une conférence de presse du Championnat mondial junior dont les billets ne s’envolent pas comme des petits pains chauds.

À partir de la fin décembre, l’édition 2015 de ce tournoi d’envergure prendra son envol à Montréal pour se conclure à Toronto où la plupart des matchs décisifs – dont la finale – seront disputés. Ceci dit, la formation canadienne devrait évoluer au Centre Bell à cinq occasions cette année. En 2017, l'événement reviendra au Canada et les rôles seront inversés entre Montréal et Toronto.  

Le hic, c’est que les billets du volet montréalais (dont les prix sont relativement élevés) ne suscitent pas l’intérêt prévu alors que s’est amorcé le décompte des 100 jours en vue du lancement de la compétition. 

Plus que 100 jours avant le CMJ

« Je suis ici pour booster les troupes! On doit vendre des billets et je veux battre Toronto. Montréal, c’est la mecque du hockey et ça fait partie de nos gênes », a lancé le maire avec conviction en faisant ensuite allusion à un match tenu au Forum de Montréal entre le Canada et l’Armée rouge le 31 décembre 1975.

D’ailleurs, il s’agira de la première fois depuis 1978 que des matchs du Championnat mondial junior seront présentés en sol montréalais. Le public québécois, qui est souvent reconnu pour s’approprier des billets à la dernière minute, pourrait ressentir l’engouement plus rapidement. En effet, Hockey Canada a lancé une série de 100 capsules en autant de jours avec 100 personnalités de différents milieux pour inciter les gens à emboîter le pas.

Mais le Championnat mondial junior demeure un tournoi avec un riche passé qui permet aux représentants des différents pays de vivre des expériences déterminantes en vue de la suite de leur carrière.

À ce chapitre, Martin Lapointe possède l’un des palmarès les plus éloquents parmi les joueurs québécois. Celui qui œuvre maintenant comme directeur du développement des joueurs chez le Canadien a notamment été le capitaine de la formation canadienne qui a remporté l’or en 1993 en Suède.

« Ça m’a sans aucun doute grandement aidé dans ma carrière autant sur la patinoire qu’à l’extérieur. C’était un gros mandat d’hériter de telles responsabilités à 19 ans et je l’ai pris au sérieux », a raconté Lapointe qui était l’un des invités de marque en compagnie de Jean-Jacques Daigneault, Clément Jodoin, Marc Denis et Geoff Molson.

Lapointe a peut-être enfilé le chandail de l’unifolié canadien il y a plus de 20 ans, mais il se souvient que la frénésie atteignait déjà des niveaux exceptionnels lors de sa première expérience en 1991.

« La réalité est différente aujourd’hui avec l’émergence des médias sociaux, mais je me rappelle à quel point c’était l’euphorie à Saskatoon. Je ne jouais pas beaucoup et je me souviens qu’on se tenait la main – les joueurs du quatrième trio - sur le banc », a confié Lapointe en faisant un lien avec les rares présences de cette unité sur la patinoire.

En participant à l’effort canadien de 1991 à 1993, Lapointe a mérité l’or à sa première et à sa dernière tentative, mais il a surtout développé ses aptitudes pavant la voie à une carrière de 991 rencontres dans la LNH avec les Red Wings, les Bruins, les Blackhawks et les Sénateurs.

Tout comme Lapointe, Denis agit en tant que capitaine honoraire pour l’édition à venir et le gardien a eu le privilège de participer à la série de cinq médailles d’or consécutives de l’unifolié entre 1993 et 1997.

Gardien numéro un de la formation en 1997, Denis avait aidé une équipe négligée à conserver l’or.

« Les experts ne nous voyaient pas sur le podium, mais contre toute attente et deux verdicts nuls plus tard, nous sommes passés par les quarts de finale pour mériter les grands honneurs », a mentionné Denis qui n’a pas oublié un moment déterminant avec l’entraîneur Mike Babcock.

« Après notre premier match nul contre les États-Unis, je n’étais pas entièrement satisfait de ma performance et c’était la première fois que ça m’arrivait à travers mes expérences avec l’uniforme canadien. J’étais dans le corridor de l’aréna à Genève et Mike Babcock m’avait aperçu pour venir me dire : « J’espère que tu ne t’apitoies pas sur ton sort parce que tu seras de retour dans le filet pour le prochain match et jusqu’à la fin du tournoi. » Ce fut un élément déclencheur et on a affronté de nouveau les États-Unis en finale et j’ai réussi un blanchissage pour savourer l’or. C’était une marque de confiance incroyable de sa part », a-t-il raconté.

Il faut remonter au début des années 1980 pour revivre les souvenirs emmagasinés par Daigneault à ce tournoi. L’entraîneur des défenseurs du Tricolore avait quitté le programme olympique afin de participer à la compétition en Suède aux côtés de Kirk Muller, Russ Courtnall et Ken Wregget notamment.

« Ce fut le moment pour se créer beaucoup d’amitiés et c’était aussi intéressant de connaître des joueurs de nations étrangères comme Petr Svoboda et Ulf Samuelsson », a-t-il évoqué.

Un passage bénéfique pour les entraîneurs

Au fil des ans, une multitude d’entraîneurs québécois se sont retrouvés derrière le banc du Canada dont Clément Jodoin à trois reprises en tant qu’adjoint.

Cet entraîneur érudit a même eu le privilège d’assister à l’un des moments marquants des dernières années alors que Jonathan Toews et Carey Price avaient donné tout un spectacle lors d’une séance de fusillade remportée face aux États-Unis en 2007. 

« J’ai eu la chance de vivre une victoire en prolongation lors du match final (en 2008). C’est éprouvant comme expérience, mais c’est encore plus intéressant », a noté celui qui a découvert de nouvelles solutions en dirigeant avec des entraîneurs comme Brent Sutter et Craig Hartsburg.

Outre ces moments de tension extrême, des plaisirs partagés entre collègues conservent une place de choix dans la mémoire de Jodoin.

« On avait toujours nos présentations à préparer, mais ensuite on jouait aux cartes, à des jeux de société et nous avions beaucoup de plaisir », a témoigné Jodoin qui a partagé une partie de son expertise avec la nation allemande – dirigée par un Canadien – cet été.

En plus de ces expériences, souvenirs et anecdotes, le Championnat mondial junior rime aussi avec le mot sacrifice. Pour le bien de leur équipe, une panoplie de joueurs talentueux doivent accepter un rôle très restreint comme l’ont fait Chris Phillips et Joe Thornton respectivement en 1996 et 1997.

Récemment, le Championnat mondial a pris un virage jeunesse et le Canada en sera la preuve éloquente cette année alors que la sensation Connor McDavid représentera le visage et la pierre angulaire de la troupe de Benoit Groulx qui essaiera de renouer avec l’or pour la première fois depuis 2009.

Le mot de la fin est revenu à la directrice générale de l'événement, Marie-Christine Boucher, qui a affirmé qu'il s'agira du meilleur Championnat mondial jamais organisé.