BUFFALO - Quelques semaines avant le jour le plus important de sa jeune carrière, celui du repêchage de la Ligue nationale de hockey, Antoine Crête-Belzile profitait de la tribune idéale pour se faire valoir et augmenter sa valeur aux yeux des recruteurs.

Son équipe, l’Armada de Blainville-Boisbriand, avait accédé à la finale des séries éliminatoires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. La présence dans le camp adverse des Thomas Chabot, Julien Gauthier et Mathieu Joseph avait de quoi donner de sérieux maux de tête au défenseur de 17 ans, mais elle était accompagnée d’une opportunité au potentiel énorme, celle de faire dévier de nombreux regards dans sa direction.

Sauf que ce n’est pas exactement comme ça que ça s’est passé. L’Armada a été balayé par les Sea Dogs de Saint John. Le navire a coulé après avoir accordé 17 buts en quatre matchs. Et pour Crête-Belzile, il y a eu pire.

Avant le troisième match de la série, son entraîneur Joël Bouchard lui a annoncé qu’il avait décidé de le laisser dans les gradins. Lui, le deuxième défenseur le mieux côté au Québec par la Centrale de recrutement de la LNH.

« Il n’a pas eu d’explication à me donner, se rappelait le jeune homme originaire de Québec au camp d’évaluation des espoirs du circuit Bettman. Je n’avais pas eu ma meilleure game, j’avais pris une pénalité stupide. Je savais que je ne méritais pas de jouer. »

L’arrière de 6 pieds et 191 livres supportait alors le poids d’une longue et dure saison. Une entorse à un genou lui avait fait rater les mois de novembre et décembre et une blessure à l’épaule l’avait gardé à l’écart du premier tour des séries éliminatoires contre les Voltigeurs de Drummondville. Ce dernier contretemps avait été assez sérieux pour l’empêcher de participer à tous les tests physiques au Combine de la LNH deux mois plus tard.

« Ça a peut-être eu une influence, mais je suis un gars qui ne se trouve pas d’excuses, répond-il lorsqu’on fait le lien logique entre son corps meurtri et ses performances sous les attentes. Il y a plein de gars qui jouent blessés en séries. Je ne me suis pas apitoyé sur mon sort et je suis simplement resté prêt pour revenir au jeu. »

Crête-Belzile a effectivement repris sa place dans l’alignement pour ce qui allait être le dernier match de sa saison. Après l’élimination, il a pris quatre jours de repos avant de retourner dans le gymnase. Un été crucial l’attendait et l’heure n’était pas à la détente ni à l’introspection.

« C’est sûr que perdre en finale de cette façon, ça a été dur mentalement, récapitulait-il lorsque RDS l’a rencontré à Buffalo. Pour tous les gars, ça a été frustrant. Mais il a fallu que j’oublie ça rapidement parce que je ne pouvais pas arriver ici dans un mauvais état d’esprit. [...] Ça a été une saison up and down, mais ça a été de l’adversité dont je crois être ressorti grandi. En revenant de ma blessure au genou, j’ai connu une bonne fin de saison régulière. C’est sûr que ce n’était pas idéal, mais c’est le genre d’expérience dont on peut ressortir plus fort. »

Peaufiner le volet offensif

Antoine Crête-Belzile n’a jamais été reconnu comme un défenseur à vocation offensive. À sa seule saison avec le Blizzard du Séminaire St-François, au niveau midget AAA, il a récolté 4 points en 19 matchs. À sa saison recrue avec l’Armada, il en a amassé 10 en 43 parties. Sa production est restée stable à son année de repêchage avec 7 points en 39 matchs.

Le défenseur gaucher n’est donc pas projeté comme le futur quart-arrière d’un jeu de puissance, mais il demande un peu de patience à quiconque serait tenté de le cataloguer dans un rôle purement préventif.

« C’est sûr que ma production cette année, je sais que je peux faire mieux et je suis sûr que je peux faire mieux dans les prochaines années. Dans mon style, je veux être bon dans les deux sens de la glace, pas juste défensivement. Je veux jouer dans la LNH en tant que défenseur complet. »

Avant de se joindre à l’Armada, qui l’avait repêché avec le 11e choix au total de l’encan midget en 2015, Crête-Belzile avait annoncé son intention de prendre la route des universités américaines plutôt que de rester dans le système de développement québécois. Il avait visité des institutions réputées comme Boston University, Boston College et Yale.

L’adolescent avait finalement tourné le dos à la vie sur ces prestigieux campus et opté pour les charmes de Blainville parce qu’il y voyait le meilleur endroit pour arriver à ses fins. Bon élève, c’est sur la glace et nulle part ailleurs que Crête-Belzile veut imaginer son avenir.

« J’avais eu des offres parce que j’avais fait les Jeux du Canada quelques mois avant et ça m’avait permis de me faire voir. Ce n’est pas que j’aime l’école, mais je porte une bonne attention à ça parce que je sais que c’est un plan B. Sauf que dans la vie, je veux faire un joueur de hockey », met-il au clair.

En se laissant convaincre par Bouchard, qui jouit d’une position favorable au sein de Hockey Canada, Crête-Belzile s’est aussi positionné pour atteindre un autre de ses objectifs à court terme, celui d’attirer l’attention des dirigeants qui bâtiront la prochaine édition d’Équipe Canada junior. L’hiver dernier, après avoir participé au tournoi Ivan Hlinka chez les moins de 18 ans durant l’été, il avait suivi de près les déplacements d’ÉCJ lorsqu’elle avait établi ses quartiers généraux pour trois matchs préparatoires au Centre d’excellence Sports Rousseau.

« Observer cet environnement, ça donne le goût d’en faire partie. Je n’ai pas eu de mot par rapport à ça et je ne me fais pas d’attente non plus. Mais c’est sûr que si j’ai une invitation, je serai vraiment excité. »