MONTRÉAL – Kristopher Letang s’est assuré de faire ce qu’on est en droit d’attendre d’un bon leader depuis l’acquisition de Jeff Petry par les Penguins de Pittsburgh.

Letang est entré en contact avec son nouveau coéquipier pour lui souhaiter la bienvenue au sein de l’équipe et le féliciter pour la naissance de son quatrième enfant. « Je lui ai aussi offert mes services pour quand il va arriver là-bas », ajoute-t-il en prime.

Mais le vétéran des Penguins n’essaie même pas de le nier : le départ de Michael Matheson, obtenu par le Canadien dans la même transaction, lui a fait mal.

« Pour moi, c’est dur de voir partir Mike, soupirait Letang lorsqu’on l’a rencontré mardi soir après un match de la LSHL, une nouvelle ligue estivale de hockey à 3-contre-3 à Montréal.*

« C’est un bon ami à moi, je connais son parcours. En Floride, ça n’a pas été des bons moments. Mais il est arrivé à Pittsburgh, où on a un entraîneur extraordinaire pour les défenseurs en Todd Reirden. Il l’a vraiment pris et l’a remis comme le joueur qu’il devrait être, explosif avec beaucoup d’attaque. Je trouve que son cheminement a été incroyable. Ça me fait mal un peu, je ne le cacherai pas. Mais on sait en même temps que c’est la vie, c’est le hockey. »

Letang et Matheson ont partagé le même vestiaire au cours des deux dernières années, après que les Panthers eurent échangé le jeune Montréalais aux Penguins en retour de Patric Hornqvist. Mais le début de leur relation remonte à bien plus loin. Les deux fréquentent le gymnase de l’entraîneur Jon Chaimberg durant l’été. Letang était déjà reconnu comme l’un des meilleurs jeunes arrières de la Ligue nationale lorsqu’il y a croisé le jeune rouquin pour la première fois alors que celui-ci arrivait à la fin de l’adolescence.

Lorsqu’il prend en considération la personnalité attachante de Matheson et le progrès qu’il a vu dans son jeu depuis deux ans, Letang ne peut qu’en conclure que le Canadien a mis la main dessus au bon moment.

« Je pense que oui, lâche-t-il après une légère hésitation, comme s’il craignait de faire mal paraître ses patrons. C’est une bonne acquisition pour eux, il est encore jeune. J’ai lu ce que Kent [Hughes] a dit à son sujet, que c’est un humain exceptionnel... et c’est vrai. [...] Même à un jeune âge, tu voyais que c’était quelqu’un d’exceptionnel. Ils ont eu un méchant bon gars. »

Contrat de six ans : « ça me surprend moi aussi! »

Il serait exagéré de dire que Letang lui-même a failli faire ses valises durant l’été. Il ne le serait pas d’affirmer que le processus qui a mené à la signature de son nouveau contrat, confirmée moins d’une semaine avant l’ouverture du marché des joueurs autonomes, a traîné en longueur.

L’auteur de 68 points en 78 matchs la saison dernière s’est entendu sur les termes d’un pacte de six ans d’une valeur totale de 36,6 M$ le 7 juillet.

« Les échanges n’ont jamais été mauvais avec les Penguins. Ça a juste été vraiment long, constate-t-il. Je pense que ça aurait pu être réglé mettons l’été d’avant ou peut-être à la mi-saison. Mais il fallait arriver à un [salaire annuel moyen] assez bas [pour ne pas affecter la masse salariale] et en même temps trouver le bon nombre d’années pour le faire baisser. Il y avait un point d’entente où il fallait se rejoindre. »

La durée du contrat – Letang aura 41 ans lorsque celui-ci arrivera à échéance – en a surpris plusieurs. « Ça me surprend moi aussi! », intervient-il lui-même spontanément. Mais dans les coulisses, le quart-arrière est reconnu comme étant tout aussi efficace pour pousser de la fonte qu’il ne l’est pour pousser des plombs. Son assiduité au gymnase lui donne bon espoir que si la chance lui permet d’éviter les blessures, le reste saura suivre.

« Je suis un peu un malade d’entraînement, confesse-t-il. Les gens qui me connaissent bien savent que j’ai une passion pour le gym, la nutrition, ces affaires-là. C’est ce qui m’aide beaucoup à rester jeune, si on veut. »

Avec Chaimberg, qui l’encadre depuis une douzaine d’années, Letang a trouvé des façons d’adapter son entraînement hors glace afin de mieux supporter le poids des années. « Les entraînements sont toujours aussi intenses et exigeants, nuance-t-il. C’est plus l’aspect étirements, traitements, ostéopathie... on passe beaucoup de temps là-dessus. »

Letang fait aussi une passe sur la palette à sa femme qui l’aide à rester discipliné en cuisine.

« On a beaucoup de restriction dans la famille. Ça m’aide beaucoup que tout le monde mange la même chose à la maison. Ça m’aide à rester dans le droit chemin! »

Et la mise sous contrat du numéro 58 aura certainement le même effet sur les Penguins. Pendant un temps, on a craint de devoir assister à la rupture de la Sainte-Trinité que Letang forme depuis 15 ans avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Le noyau a plutôt été solidifié et les récents morceaux qui y ont été greffés permettent de conclure qu’à Pittsburgh, on n’est pas encore prêt à regarder trop loin dans l’avenir.

« On a eu des nouveaux proprios, un nouveau directeur général. Beaucoup de choses ont changé dans les bureaux de l’équipe. Tu ne sais jamais ce qu’ils vont vouloir faire. Mais on a prouvé toute l’année que même avec les blessures, on était une équipe gagnante de calibre à aller en séries. Et on menait quand même 3-1 contre les Rangers, on était à un match d’aller à la ronde suivante. Qui sait ce qui aurait pu arriver? Mais on sait qu’on a le noyau de joueurs pour toujours être dangereux. »

*La LSHL oppose des joueurs de hockey de haut niveau, hommes et femmes, qui souhaitent jouer du hockey d’été dans un environnement compétitif. Des parties 3-contre-3 féminines sont jouées les lundis à 17h30 et 18h45 tandis que les hommes sont en action les mardis soirs à 17h30 et 18h30 à Hockey Etcetera à Montréal. Des parties 5-contre-5 sont jouées au Complexe sportif Guimond à Laval les vendredis matins. Il est possible de se procurer des billets via l'application mobile Living Sisu. Tous les profits sont versés à la Fondation canadienne du cancer du pancréas.