LAS VEGAS – À l’aube de sa première présence en finale de la Coupe Stanley, Lars Eller admettait qu’il lui serait difficile de marquer un but plus important que celui qu’il a enfilé en deuxième période de prolongation lors du troisième match de la série opposant les Capitals aux Blue Jackets de Columbus en première ronde.

 

Et pourtant! Eller s’est surpassé jeudi alors qu’il a marqué le but qui a propulsé les Capitals de Washington vers une victoire de 4-3 aux dépens des Golden Knights de Las Vegas. Un but qui a pavé la voie aux célébrations entourant la première conquête de la coupe Stanley de l’histoire des Capitals.

 

« Je n’ai jamais été aussi fier de ma vie. Je réalise un rêve en soulevant la coupe Stanley et j’ai enfilé le but gagnant. Disons qu’il est vraiment difficile de demander mieux. En fait non : c’est impossible », a lancé l’ancien du Canadien avec un large sourire accroché au visage.

 

Comment comparer les deux buts?

 

« Il est impossible d’égaler en valeur sentimentale un but gagnant dans le cadre du match qui te permet de mettre la main sur la coupe Stanley. Mais quand tu y penses un peu plus, il est clair que le but en deuxième prolongation est somme toute peut-être plus important. Si nous avions perdu ce troisième match et que Columbus avait pris les devants 3-0, nous aurions été dans un sérieux pétrin et peut-être que jamais nous n’aurions atteint la grande finale. Disons que je suis pas mal heureux et fier d’avoir marqué ces deux buts », a ajouté Eller.

 

C’est en compagnie de son épouse et de ses parents qu’Eller célébrait sa conquête lorsque je l’ai croisé sur la patinoire du T-Mobile Arena. Il venait d’ailleurs de terminer une longue accolade avec son père Olaf qui a fait carrière dans le hockey à titre de joueur, mais surtout à titre d’entraîneur-chef de l’équipe nationale danoise.

 

« C’est un moment très significatif pour nous et pour le reste de la famille. La coupe nous renvoie 20 ans en arrière alors que j’étais haut comme trois pommes et que la LNH n’était qu’un rêve impossible. On en a mis du temps, des efforts, de l’énergie pour gravir les échelons un à un, pour traverser les épreuves et finalement me retrouver ici pour célébrer avec les miens cette coupe Stanley », a poursuivi Eller qui a paradé avec la coupe à bout de bras après qu’il l’eut reçue des mains du gardien Braden Holtby.

 

En plus de compter sur l’appui de sa famille, Eller, qui est devenu le premier Danois de l’histoire de la LNH à soulever la coupe Stanley, comptait sur celui de plusieurs centaines de partisans de sa ville natale Rodovre qui se sont réunis dans un cinéma pour suivre le match numéro cinq.

 

« Je suis heureux de ne pas les avoir laissés tomber. Je suis très fier de ce que je viens d’accomplir et j’espère que cela aider la cause du hockey au Danemark. J’aimerais que cette conquête de la coupe Stanley éveille le goût du hockey chez des jeunes de mon pays pour qu’ils décident de prendre un bâton de hockey dans leurs mains et chaussent des patins au lieu de se lancer automatiquement sur un ballon de soccer. »

 

Le rugissement du tigre

 

Emporté par la griserie de la victoire, Lars Eller a accepté de lever le voile sur les raisons qui ont incité ses coéquipiers à lui accoler le surnom de « tiger » dans le vestiaire.

 

« Ça n’a rien à voir au hockey. L’équipe avait organisé une réunion de motivation avec Anthony Robbins l’an dernier. Il faisait sa présentation et il m’a invité le premier à monter sur scène. Une fois près de lui, il m’a demandé de choisir quel animal je serais si j’avais à choisir. J’ai répondu sans réfléchir que je voudrais être un tigre et j’ai rugi comme cet animal lorsqu’il m’a demandé d’expliquer mon choix. Les gars sont partis à rire. Semble-t-il qu’il y a même une bande vidéo de cette rencontre. Depuis ce jour, le surnom "tiger" tient toujours. »

 

Lars Eller a joué un rôle important dans la conquête de la coupe Stanley. Son but gagnant jeudi et celui qui a changé le cours de la série contre Columbus en première ronde l’ont guidé vers une production de sept buts et 18 points en 24 matchs éliminatoires.

 

« J’ai toujours aimé Lars et dès que nous avons fait son acquisition, je l’ai appelé dans les minutes qui ont suivi la transaction avec Montréal parce que je voulais lui dire que j’étais heureux de l’avoir avec nous et surtout pour lui dire qu’il serait mon centre de troisième trio. Je ne voulais pas qu’il y ait d’incertitude dans son statut. Lars est un gars de talent, qui patine, qui a un gros gabarit et qui peut contribuer de bien des façons. Mais je voulais qu’il sache qu’il évoluerait au sein d’un troisième trio dès le départ afin qu’il ne soit pas déçu. Il s’est toujours très bien acquitté de son rôle et a toujours su nous aider avec succès lorsque nous avions besoin de lui pour remplacer Backstrom (Nicklas) ou Kuznetsov (Evgeny). Nous avons des forces à plusieurs endroits au sein de notre formation, mais la profondeur de notre ligne de centre est certainement l’une des plus belles qualités de notre équipe », a commenté l’entraîneur-chef Barry Trotz.

 

Les performances d’Eller et le fait qu’il ait accepté de remplir le rôle que l’état-major des Caps lui réservait ont permis à l’ancien du Canadien de signer, en février dernier, un contrat de cinq ans d’une valeur globale de 17,5 millions $. Soit un salaire annuel de 3,5 millions $.

 

Parlant du Canadien et de Montréal, Eller s’est dit déçu de ne pas être en mesure de visiter Montréal qui vibrera en fin de semaine au rythme des F-1 dans le cadre du Grand Prix du Canada. Une étape de la saison à laquelle Eller aimait bien assister lorsqu’il défendait les couleurs du Canadien.

 

En passant, Eller a eu de bons mots pour Montréal et pour Sylvain – Le Doc – Guimond qui l’a aidé à titre de psychologue sportif alors qu’ils étaient tous les deux membres de l’organisation du Canadien. « C’est drôle que tu me parles de lui, car nous avons échangé des messages pas plus tard qu’hier. Il m’a beaucoup aidé lorsque je jouais à Montréal et que j’avais des ennuis avec ma confiance. Tu sais, j’aurais bien aimé que les choses fonctionnent mieux pour moi et pour le Canadien lorsque j’étais à Montréal. J’aurais aimé gagner cette coupe à Montréal. Mais il faut croire que ce n’était pas dans les astres. »

 

Encore DSP

 

Lars Eller n’est pas le seul ancien du CH qui a contribué de façon significative à la conquête de la coupe Stanley par les Capitals.

 

Devante Smith-Pelly a marqué aux dépens des Golden Knights dans un troisième match de suite jeudi. Et comme il l’avait fait lors des deux autres occasions, il a marqué un but à la façon d’un franc-tireur doté de mains agiles et non à titre de membre d’un quatrième trio qui récolte un but de temps en temps en se contentant de simplement foncer au filet.

 

Après avoir marqué le but gagnant lors de la quatrième rencontre – son deuxième but décisif en séries ce printemps – DSP a marqué le but qui créait l’égalité 3-3 en milieu de troisième période.

 

Smith-Pelly a donc inscrit sept buts en séries (24 matchs) égalant du coup sa récolte obtenue en 75 matchs de saison régulière.

 

« C’est vraiment un sentiment exceptionnel de gagner la coupe Stanley et de savoir que j’ai contribué aux succès de l’équipe de bien des façons. Depuis le temps que je rêvais de la coupe, je peux t’assurer que c’est sensationnel. Ça dépasse même les rêves les plus fous que je jouais dans ma tête. Après avoir traversé pas mal d’épreuves au fil des dernières saisons et d’avoir signé un contrat à deux volets pour me retrouver au sein de cette équipe, je dois te dire que c’est vraiment satisfaisant de me sentir au bon endroit au bon moment alors qu’il y a un an à peine, je n’avais pas la moindre idée de ce que l’avenir me réservait dans la LNH. »