Les Coyotes de l’Arizona ont plusieurs fois repoussé les limites du ridicule depuis qu’ils ont migré de Winnipeg à Phoenix en 1996.

Que ce soit en raison des changements répétés de propriétaires, du fait que la LNH a même dû prendre les rênes de cette équipe dont personne ne voulait, des nombreuses rumeurs de relocalisations, de l’expérience moins que plus convaincante de Wayne Gretzky derrière le banc et du fait que cette équipe est encore aujourd’hui à la recherche d’un domicile fixe à remplir de partisans bien discrets, les Coyotes ont toujours trouvé une manière de moins bien paraître hors de la patinoire que sur la glace.

 

Et ce n’est pas comme si cette équipe y a multiplié les succès.

 

Que non!

 

Exception faite des trois premières saisons de Dave Tippett à la barre de l’équipe – de 2009-2010 à 2011-2012 – les Coyotes ont raté les séries 13 fois en 16 saisons disputées depuis 2002-2003. On pourra en ajouter une 14e d’ici une dizaine de jours si les Coyotes ne parviennent pas à éliminer les Predators de Nashville en ronde de qualification.

 

Le départ du directeur général John Chayka ajoute donc simplement un autre chapitre à ce vaudeville des plus divertissants.

 

Mensonges répétés

 

Ce n’est pas tant le départ de Chayka qui fait sourire. Car après tout, ce directeur général âgé de 26 ans – un record dans l’histoire de la Ligue – lorsqu’il a été embauché, ce jeune DG bien plus fort en analyses de statistiques qu’en analyses de talent n’a rien fait de bon ou si peu depuis qu’il a hérité de cette équipe en 2016.

 

C’est la façon dont il est parti qui permet de se moquer des Coyotes... même s’il n’y a rien de vraiment drôle dans tout ça.

 

Car selon les informations obtenues auprès de personne très au fait du dossier, il est clair que Chayka a carrément tourné le dos à son équipe, ses joueurs, ses coachs et son organisation sans la moindre considération à leur égard.

 

Dimanche, les Coyotes ont qualifié d’abandon le départ de leur jeune directeur général. Ils ont qualifié de mensonges les fondements sur lesquels Chayka s’est appuyé pour orchestrer son départ.

 

Des mots forts. Des mots durs dans un monde où généralement on couvre de belles phrases et de beaux compliments les congédiements les plus soudains, les démissions les plus inattendues.

 

« Il a menti à tout le monde », a lancé une source de la LNH bien au fait des événements qui noircissent une fois de plus l’histoire des Coyotes.

 

« John a menti une première fois alors qu’il a contacté le propriétaire de l’équipe – Alex Meruelo – pour lui demander la permission de parler à une autre formation de la LNH. Cette permission a été refusée puisque Meruelo vient tout juste de lui offrir une prolongation de contrat de quatre ans », a indiqué notre source.

 

Ce n’était que le premier mensonge.

 

« Il a menti une deuxième fois lorsqu’il a contacté à nouveau Meruelo pour lui dire que l’opportunité qui s’offrait à lui n’avait rien à voir avec des opérations hockey, mais bien plus à voir avec une occasion de devenir un partenaire d’affaires. En raison de cette nuance, le propriétaire des Coyotes a donné le feu vert à cette rencontre pour apprendre plus tard que l’équipe qui s’intéressait à Chayka et qui intéressait Chayka cherchait un homme de hockey. »

 

Confrontés à cette situation, le propriétaire Alex Meruelo et le président de l’équipe Xavier Gutierrez ont tenté de s’opposer au départ de leur directeur général. Surtout que ce départ arrivait à quelques jours du départ de l’équipe vers Edmonton pour la reprise des activités.

 

Rendez-vous raté, tests de dépistage annulés

 

Ce qui s’est passé par la suite n’aide à rien à redorer l’image de John Chayka. Encore moins à adoucir la portée de ses mensonges.

 

« John a carrément cessé de travailler. Des médias ont rapporté qu’il ne s’était pas présenté à une rencontre entre la haute direction de l’équipe et le futur joueur autonome Taylor Hall. Qu’il n’était pas même au courant de cette réunion. C’est vrai qu’il était absent, mais c’est lui qui l’avait organisée. Il n’est pas allé parce qu’il a décidé de mettre de la pression sur l’équipe afin d’obtenir le droit de quitter. »

 

Cette permission ne venait pas et n’allait pas venir non plus. Du moins pas à court terme.

 

« Meruelo et Gutierrez lui auraient donné cette permission si Chayka avait accepté de reporter son départ. À quelques jours de la reprise des activités, la dernière chose dont les joueurs et l’équipe avaient besoin c’est d’une distraction pareille. Ce n’est pas comme si les Coyotes forment une puissance de la Ligue. Ils entrent par la porte de côté dans cette reprise et auront besoin que tout fonctionne au quart de tour pour avoir une chance d’accéder aux séries. Ils n’avaient certainement pas besoin de ça. »

 

Notre source assure que Chayka tenait à partir et à partir maintenant. Loin de se plier aux demandes de son propriétaire, le jeune DG a moussé ses chances de quitter en cessant de subir les tests de dépistages de la Covid-19 tel que stipulé par le protocole de la LNH pour permettre aux joueurs, entraîneurs, dirigeants, membres du personnel médical et de soutien de pouvoir entrer dans les bulles protectrices à Toronto et Edmonton.

 

« En n’étant pas testé, Chayka ne pouvait faire le voyage à Edmonton. Il a donc abandonné son équipe, son coach et ses joueurs en agissant comme un bébé gâté qui décide de retenir son souffle parce que ses parents refusent de se plier à ses quatre volontés », a insisté cette source de la LNH proche du dossier.

 

Les circonstances du départ de Chayka mettent en lumière une facette de sa personnalité que le directeur général cachait à merveille derrière son look d’adolescent tout juste sorti de l’école avec un beau diplôme en poche.

 

Meilleur vendeur que dépisteur

 

Au-delà des circonstances qui pourraient être difficilement être plus mal choisies, est-ce que le départ de John Chayka est vraiment une si mauvaise nouvelle pour l’organisation des Coyotes.

 

Ma réponse est non. Pas le moindrement.

 

Quand on regarde la feuille de route du directeur général et surtout l’état de l’organisation qu’il a bâtie et à laquelle il vient de tourner le dos, on est très loin de la révolution annoncée lorsqu’il a obtenu le poste.

 

L’embauche de Rick Tocchet qui complète sa troisième saison derrière le banc est certainement un plus. L’acquisition de Taylor Hall des Devils du New Jersey représente aussi un bon coup de Chayka.

 

Mais pour le reste, c’est ordinaire. Très ordinaire même. Ce grand maître des statistiques avancées devait révolutionner le hockey. Il devait maximiser le rendement de chacun de ses joueurs en cessant de gaspiller des fortunes pour des joueurs sous productifs.

 

On est loin de la révolution.

 

Les Coyotes sont parmi les équipes qui ont le nez collé au plafond salarial au lieu d’avoir une marge de manœuvre pour respirer. Cette équipe qui a déjà le nez au plafond n’a jamais atteint les séries sous le règne de ce gourou des chiffres. Et ce n’est pas comme s’il elle comptait sur des jeunes piliers solides capables de porter le poids d’une reconstruction sur leurs épaules. Oui Clayton Keller est très bon. Mais peut-il porter le poids de son équipe? Pas sûr! Pas plus que Barrett Hayton ou Jakob Chychrun. Du moins je ne crois pas.

 

Pourquoi alors Alex Meruelo s’est-il empressé d’offrir une prolongation de contrat de quatre ans à un DG qui était loin de répondre aux attentes et qui avait encore 18 mois à écouler à son contrat initial.

 

« C’est une excellente question », a renchéri une autre source gravitant autour de la LNH et bien au fait des événements des dernières années en Arizona.

 

« John Chayka a une très belle personnalité. C’est un gars très intelligent qui est capable de jongler avec les chiffres mieux que tous les spécialistes en la matière que je connais. Et quand il se met à jongler avec les chiffres il sait être très convaincant. C’est un très bon vendeur. Et je suis convaincu que lorsque Meruelo s’est assis avec Chayka après avoir acheté l’équipe, il a été impressionné par ses qualités et par son plan. Il devait beaucoup l’aimer pour lui offrir la prolongation qu’il lui a offerte en novembre dernier. Le voilà devant rien », a ajouté notre source.

 

Pour le moment, Steve Sullivan l’ancien adjoint de John Chayka, prendra la relève sur des bases intérimaires. Sullivan a connu une carrière de 16 saisons dans la LNH qu’il a terminée avec les Coyotes.

 

Dans ses anciennes fonctions, Sullivan occupait le poste de DG du club-école – les Roadrunners de Tucson – et supervisait le développement des jeunes joueurs de l’organisation.

 

Quant à Chayka, on verra où il se retrouvera. Le fait que les Sabres soient la seule organisation à la recherche d’un directeur général a moussé les rumeurs que Buffalo soit sa destination. Une rumeur que le collègue Darren Dregger de TSN à Toronto a démentie.

 

Où alors?

 

Les spéculations laissant entendre de Dale Tallon soit en danger en Floride permettent d’inscrire le nom des Panthers comme possibilité.

 

On verra.

 

D’ici là on peut toujours jongler avec les chiffres. Ce que Chayka fait à merveille sans toutefois s’assurer que le compte soit toujours bon!