MONTRÉAL - Le refus de la population de Tempe d’accepter la proposition d’installer les Coyotes dans cette banlieue cossue est la plus grosse des nombreuses mises en échec que Gary Bettman a encaissées depuis qu’il a pris le pari d’implanter le hockey de la LNH dans le désert de l’Arizona en 1996.

 

Et ce sera peut-être la dernière.

 

Car le NON offert par la population de Tempe dans le cadre du référendum tenu mardi est synonyme de relocalisation.

 

Où iront-ils? Quand partiront-ils?

 

Il y a autant de réponses qu’il y a de points de vue à offrir quant à l’avenir de cette franchise et à l’avenir de la LNH tout court. Car une éventuelle expansion à 34 clubs offrirait des scénarios supplémentaires.

 

Mais voilà : comme Gary Bettman assure que lui et ses propriétaires n’ont pas de plan d’expansion à court terme, les options sont un brin ou deux plus limités.

 

Houston demeure la solution la plus évidente.

Déjà propriétaire des Rockets de la NBA et du Toyota Center où ils évoluent, Tillman Fertitta n’a jamais caché son intention de combler le calendrier d’événements offerts dans son amphithéâtre avec 41 matchs de hockey de la LNH.

 

Houston est un matché gigantesque. La ville est déjà dans l’Ouest. Le building répond aux exigences de la LNH. Il y a déjà eu du hockey professionnel de haut niveau dans cette ville avec les Aeros dans la défunte AMH. Les Aeros de la Ligue internationale y ont joué aussi jusqu’en 2013. Cet historique de hockey pourrait rapidement se traduire par des ventes importantes aux guichets et des cotes d’écoute intéressantes.

 

Quant à la situation financière de Tilman Fertitta, il a plus peur de la fin du monde que de la fin du mois. On me l’a déjà décrit comme le genre de gars capable de signer un chèque, de le donner à Gary Bettman et de dire au commissaire de mettre lui-même le montant qu’il désire.

 

Cela dit, il n’est pas encore acquis que le propriétaire actuel des Coyotes, Alex Meruelo, vendra ses actifs maintenant que la population de Tempe a rejeté sa proposition. Il pourrait orchestrer la relocalisation et demeurer propriétaire s’il en a l’intention. Mais s’il veut vendre, Fertitta peut acheter les Coyotes sans avoir à passer à la banque.

 

Québec?

 

C’est clair que le nom de la Capitale est relancé par ceux et celles qui sont nostalgiques des Nordiques aux quatre coins de la LNH. Et il y en a encore beaucoup. Les amateurs de hockey de Québec scandent haut et fort qu’ils ont un amphithéâtre plus qu’adéquat. Ce qui est vrai. Qu’ils ont un bassin de partisans amoureux du hockey. Ce qui est vrai aussi. Que Québec est et sera toujours un marché naturel de hockey. Ce qui est tout à fait vrai également.

 

Mais ce qui fait mal à Québec, et c’est ce qui a conduit au départ des Nordiques vers Denver en 1995, c’est le manque d’appuis corporatifs sans lesquels la LNH refuse de s’aventurer.

 

On entend aussi les noms de Kansas City. Un marché que je ne connais pas, mais qui, comme Québec, a déjà perdu un club de la LNH.

 

Salt Lake City a été avancée comme destination possible. C’est une ville spéciale. Une ville avec des conditions de vie particulière alors que les Mormons y imposent des cadres plus rigides qu’à Montréal, disons!

 

Mais Salt Lake demeure une grande ville. Une ville qui a un club de la NBA, une ville qui a eu les Jeux olympiques en 2002, une ville qui a aussi une tradition de hockey.

 

On parle même d’un troisième retour de la LNH à Atlanta.

 

Comme quoi plusieurs options sont disponibles. Sans oublier que d’autres, moins en vue, pourraient s’ajouter.

 

Un retour avec les Suns?

 

Il serait surprenant que les Coyotes déménagent au cours de l’été.

 

Rien n’est impossible, mais ce serait surprenant.
 

D’autant que Bill Daly, le bras droit de Gary Bettman et celui qui a orchestré le déménagement des Trashers d’Atlanta vers Winnipeg où les Jets ont ressuscité en 2011 – 15 ans après le départ des premiers Jets vers Phoenix – a déclaré à nos collègues d’ESPN qu’il serait très surpris que les Coyotes ne jouent pas au Mullett Arena la saison prochaine.

 

Alex Meruelo a dépensé plusieurs dizaines de millions $ pour aménager des bureaux et des vestiaires au Mullett Arena afin de le rendre conforme aux normes de la LNH.

 

Mais comme il ne peut y ajouter les 15 000 sièges manquants pour faire de ce petit aréna universitaire un amphithéâtre de la LNH, il est difficile de croire que les Coyotes pourraient jouer plus d’une autre saison en Arizona.

 

À moins que...

 

Il reste encore une sortie d’urgence. Une bien petite qui verrait le retour des Coyotes là où tout a commencé il y a déjà un quart de siècle. Un retour dans l’amphithéâtre qui s’appelle aujourd’hui le Footprint Center qu’ils pourraient partager à nouveau avec les Suns de la NBA.

 

Ce scénario était impensable il y a trois ans à peine. Robert Sarver, propriétaire des Suns, étaient à couteaux tirés avec ses anciens locataires qui ont quitté le America West Arena – l’ancien nom de l’amphithéâtre – en 2003 pour mettre le cap vers Glendale. Une banlieue aux allures de village fantôme qui avait un domicile inoccupé à leur proposer.

 

Mais voilà : Robert Sarver n’est plus le propriétaire des Suns. Suspendu par la NBA en raison de sa personnalité caustique – genre, comme! – il a décidé de tout vendre. Matt Ishbia, qui a tout acheté, s’est déjà dit quant à lui ouvert à l’idée d’ajouter un club de la LNH à sa collection de jouets de luxe.

 

Est-ce qu’il y a là une possible piste de solution?

 

C’est loin d’être évident. Car l’ancien America West Arena n’était pas propice au hockey dans le temps. C’était très beau. C’était surtout très bien situé au centre-ville de Phoenix. Et ça grouillait d’activités lors des matchs locaux.

 

Mais les amateurs entassés à une des extrémités de l’amphithéâtre ne pouvaient voir le but le plus rapproché.

 

Lorsque Robert Sarver a rénové le America West Arena, il était hors de question de faire la paix avec les Coyotes et de faire les modifications nécessaires pour rendre le building conforme aux besoins associés à la présentation de matchs de hockey.

 

Il ne l’est donc pas plus aujourd’hui qu’il ne l’était en 1996 à la naissance des Coyotes. Il faudrait donc dépenser une fortune pour modifier les gradins.

 

Mais avec tout ce que la LNH a fait au fil des ans pour maintenir cette organisation en vie en Arizona, est-il possible de croire qu’elle pourrait tenter de trouver une autre option de la dernière chance?

 

La réponse viendra bien assez vite.

 

Pour une fois que le plan était bon!

 

Le plus triste, ou ironique, dans ce que vivent les Coyotes et Gary Bettman dans la foulée du NON obtenu dans le cadre du référendum de mardi, c’est que le projet sur la table était, et de loin, le meilleur de tous ceux qui ont été présentés au fil des dernières années.

 

Et c’est dommage, car le hockey aurait vraiment pu s’établir en Arizona. À leur arrivée en 1996, les Coyotes attiraient les foules. Ils avaient aussi du succès sur la patinoire comme en témoignent leurs cinq présences en séries lors de leurs six premières saisons.

 

Après, la franchise a piqué du nez. Sur la glace où elle a raté les séries six ans de suite. Mais aussi sur le plan des affaires alors que les Coyotes ont quitté vers Glendale.

 

Ce fut la plus grosse erreur de Gary Bettman. Car une fois à «l’autre bout du monde», loin de Phoenix et plus loin encore de Scottsdale et de Tempe, des banlieues beaucoup plus importantes à conquérir que celle de Glendale, les Coyotes ont commencé à vivoter. La tutelle – la Ligue a géré les Coyotes quelques saisons – et le défilé de mauvais propriétaires n’ont fait qu’empirer les choses autour du Gila River Arena, un diachylon qui ne pouvait panser les plaies qui minaient cette organisation.

 

Oh! Il y a bien eu ces trois belles saisons orchestrées par Dave Tippett comme entraîneur-chef. Trois saisons et trois présences consécutives en séries dont une participation à la finale de l’Ouest en 2012.

 

Mais le fait que les Coyotes ont atteint les séries une seule fois en 11 ans depuis cette finale d’association et qu’ils n’ont jamais signé plus de 39 victoires au cours des 11 dernières saisons démontre que les performances obtenues sous David Tippett n’ont jamais pu servir de tremplin.

 

Avis est donc donné aux amateurs de hockey qui aiment tellement ce sport qu’ils et elles se font un devoir de visiter tous les amphithéâtres au moins une fois, il vous reste – et ce n’est même pas officiel encore – qu’un an pour aller voir les Coyotes en Arizona.

 

À moins d’une très grosse surprise.