Voici le 3e volet d'une série d'articles au sujet d'une dizaine d'espoirs en vue du repêchage de la LNH qui sera présenté à Dallas les 22 et 23 juin.

 

BUFFALO – Nombreux sont ceux qui se questionnent sur la valeur des tests physiques effectués au Combine de la LNH dans l’équation du repêchage. Si les équipes se laissent influencer par ces résultats, Gabriel Fortier et Xavier Bouchard vont aisément reprendre les rangs qu’ils ont perdus durant la saison.

 

Les deux espoirs du Drakkar de Baie-Comeau ont obtenu des performances spectaculaires dans ces épreuves qui permettent de récolter 20 mesures différentes.

 

Du haut de ses cinq pieds dix pouces et 170 livres, Fortier est parvenu à se classer 15 fois dans le top-25 sur 20 tests. Il a remporté l’un de ceux-ci en plus de finir six fois dans le top-5. Quant à Bouchard, qui présente une charpente de six pieds trois pouces et 190 livres, il a terminé 10 fois dans le top-25 tout en gagnant deux tests avec un total de quatre présences dans le top-5.

 

Ces performances sont survenues à un excellent moment pour les deux joueurs de l’entraîneur Martin Bernard. Auparavant, la saison de Fortier et Bouchard avait été ponctuée d’une baisse au classement de la Centrale de recrutement de la LNH. Fortier a chuté de 14 échelons (de 35e à 49e) sur la dernière liste comparativement à 33 pour Bouchard (de 41e à 74e).

 

Cependant, comme le rappelait cependant Trevor Timmins, ce sont les observations du rendement sur la patinoire qui influencent le plus les recruteurs. Alors comment expliquer que ces deux coéquipiers ont emprunté la même tangente cette année ?

 

Avant d’investiguer, précisons que Fortier est pourtant reconnu pour sa vitesse fulgurante et sa grande combativité sur la patinoire. Tandis que Bouchard affiche un gabarit attirant et des possibilités offensives intéressantes.

 

Dans le cas de Fortier, son entraîneur évoque la raison la plus valable.

 

« C’était sa vraie première année complète dans la LHJMQ. L’an passé, il a commencé à jouer à la fin janvier (en raison d’une opération à une épaule). Il n’a pas de demi-mesure donc toute l’expérience, de gérer son niveau d’énergie et les voyagements, est rentrée cette année. Il a connu une petite baisse de régime durant le mois de janvier même s’il jouait du bon hockey », a exposé Bernard.

 

En ce qui concerne son imposant coéquipier, il a été mis en échec par un autre facteur.

 

« Une chose est sûre, on ne peut pas douter de tous les sacrifices qu’il a accomplis et de sa préparation. Il vient d’une famille de hockey, il sait ce que ça prend. Maintenant, il reste à gérer la pression d’une année de repêchage et les attentes. On a perdu trois bons vétérans dans notre brigade défensive et Xavier s’est imposé énormément de pression sur les épaules pour tenir le fort, mais on avait l’une des brigades les plus jeunes de la LHJMQ », a décrit l’entraîneur.

 

Cet élément peut surprendre puisque Bouchard dégage une maturité fascinante. Parmi les 104 espoirs présents à Buffalo, il détonne avec ceux qui ressemblent encore à des adolescents. En lui parlant, vous avez l’impression d’échanger avec un jeune homme de 22 ou 23 ans.

 

« Je me considère comme un gars sérieux à l’extérieur de la patinoire, mais il est une coche en haut de moi », a relevé Fortier pour confirmer le tout.

« Il est vraiment mature et il a un esprit analytique au-dessus de la moyenne. Tu peux avoir de bonnes discussions avec Xavier. En bas âge, il fait déjà tout ce que les pros font », a ajouté son entraîneur.

 

Son rendement en demi-teinte n’a donc aucune corrélation avec un manque de sérieux.

 

« Pantoute, ce n’est pas ça l’affaire. En anglais, on entend souvent l’expression 'sophomore year'. Il y a plusieurs gars qui ont une bonne saison à 16 ans et qui pensent que la suivante va être facile. Ce n’était pas ça dans mon cas, je suis sérieux dans vie et je travaille fort. Je voulais prouver que je peux être encore meilleur. Ça n’a rien à voir avec un manque d’effort, c’était plus du côté mental », a admis Bouchard.  

 

« Mon année a été assez difficile, mais l’important c’est de rester positif. Parfois, ça peut être frustrant, mais il faut garder la tête haute et avoir une bonne attitude », a confié le fils de l’entraîneur Gilles Bouchard.

 

Des atouts qui devraient convaincre les recruteurs

 

Perfectionnistes dans l’âme, Fortier et Bouchard ont sans doute voulu trop en faire. Ce bilan qui se termine avec une flèche vers le bas n’empêche pas que les deux protégés du Drakkar misent des qualités séduisantes dans le hockey actuel.

 

« Gabriel, c’est un warrior qui se présente tous les matchs. Pour ses habiletés offensives, il doit accélérer la vitesse de ses mains et de son exécution, mais il se crée tellement d’opportunités avec sa fougue et sa détermination », a relevé un recruteur d’une équipe de l’Est dans la LNH.

 

« Sa qualité principale, il la connaît. C’est sa vitesse et il l’exploite assez bien. De la façon dont le hockey se joue en ce moment, tu as toujours de la place pour des gars comme lui. La grande question pour lui sera de voir ce qu’il peut exécuter avec la rondelle dans un haut niveau », a renchéri un dépisteur de l’Ouest sur l’auteur de 26 buts et 33 aides en 66 parties.

 

À ce sujet, Bernard réclame de la patience en dressant un parallèle intéressant avec Matthew Lombardi qu’il a dirigé à Victoriaville.

 

« Ce sont deux marchands de vitesse, parmi les meilleurs patineurs que j’ai pu diriger. Ces gars-là doivent parfois apprendre à ralentir le jeu, ils font tout à 100 milles à l’heure. C’est un processus, c’est du développement et une question de reconnaître les situations. C’est à 19 ans que Lombardi a réussi à ajouter cette diversité à son jeu », a soulevé Bernard qui compare aussi Fortier à Andrew Cogliano des Ducks d’Anaheim.

 

« Parfois, j’essaie d’aller trop vite quand j’ai la rondelle. Présentement, je suis plus un joueur défensif, un gars d’énergie. Mais, si je travaille bien sur mes faiblesses, je pourrais devenir plus complet », a admis Fortier qui finissait par entendre parler des classements via son frère et ses parents.  

 

Les sources consultées pour Bouchard croient qu’il serait gagnant de corriger quelques aspects de son répertoire.

 

« Il l’a eu tough cette saison. C’est le genre de défenseur qui doit simplifier son jeu et il devra être plus combatif en zone défensive », a émis le premier intervenant.    

 

« C’est un gars qui demeure un bon espoir avec son gabarit et son intelligence même s’il n’a pas connu une aussi bonne saison qu’à 16 ans », a ajouté un dépisteur d’une deuxième équipe de l’Est.

 

« Ça n’enlève rien à son potentiel. Il a beaucoup de qualités que les gens aiment. C’est une question de laisser du temps à son jeu de se peaufiner. Il reste à voir si c’est le côté défensif ou offensif qui prendra le dessus dans son cas », a conclu Bernard.