LAS VEGAS - Marc-André Fleury ne porte pas vraiment attention à sa moyenne de buts alloués par match ou à son pourcentage d’efficacité. « Je suis le premier à savoir quand ça va bien et quand ça va mal », réplique avec son sourire habituel le gardien québécois.

 

Il en va tout autrement des victoires qui sont la seule statistique personnelle à laquelle le gardien des Golden Knights accorde une importance réelle.

 

Vendredi, contre les Sénateurs d’Ottawa, Fleury sera en quête de sa 22^e victoire de la saison, mais surtout de sa 397^e en carrière. À quatre gains du plateau des 400 victoires dans la LNH, Fleury reconnaît que ce chiffre est bien plus qu’une simple statistique.

 

« Je suis bien conscient que ça s’en vient et je dois admettre que ça représente à mes yeux une grande étape dans ma carrière. Les victoires traduisent tes succès personnels, mais aussi les succès de ton équipe. Comme on joue tous pour gagner, le fait d’atteindre 400 victoires me donnera une grande satisfaction », défile le gardien vedette des Golden Knights.

 

Même si Fleury tentait de ne pas trop accorder d’attention au plateau impressionnant qu’il atteindra bientôt, il ne pourrait y arriver complètement. Car Nicholas Joyal, un de ses cousins, le lui rappelle souvent par le biais de messages aux allures de temps de passage dans un long marathon.

 

« Quand j’ai dépassé Mike Vernon (385 victoires), il m’a envoyé un message pour me l’annoncer. Il a fait la même chose quand j’ai dépassé Dominik Hasek (389 victoires). Nous avons grandi ensemble. Nous étions tous les deux gardiens. On aimait imiter les gardiens de la LNH et c’est vraiment spécial de voir que je me retrouve avec des gars que j’adulais quand j’étais petit », a convenu Fleury.

 

Une fois le plateau des 400 gains atteint, Fleury rejoindra et dépassera ensuite assez rapidement les Chris Osgood (401) et Grant Fuhr (403) avant de rejoindre le légendaire Glen Hall (407). Une fois Hall rejoint et dépasser, Fleury aura une place bien à lui au sein des gardiens comptant le plus de victoires dans l’histoire de la LNH.

 

Seuls Roberto Luongo (463) et Henrik Lundqvist (429) revendiquent plus de victoires que Fleury au sein des gardiens encore actifs.

 

Tout premier choix de la cuvée 2003, le vétéran aujourd’hui âgé de 33 ans vient d’atteindre le plateau des 20 victoires pour une dixième fois en carrière. Au rythme actuel, il pourrait atteindre le plateau des 30 gains pour une neuvième fois. Sans oublier qu’il compte deux saisons de 40 victoires.

 

Dans la course au Vézina

 

Malgré tous les succès qu’il a connus avec les Penguins de Pittsburgh au fil des ans, Marc-André Fleury ne s’est jamais approché du trophée Vézina. Non seulement ne l’a-t-il jamais soulevé, mais il n’a jamais même été parmi les finalistes. De fait, il n’a jamais terminé plus haut que septième (en 2011-2012, alors qu’il avait signé 42 victoires) dans la course au trophée décerné par les directeurs généraux de la LNH. L’année précédente, il s’était classé au huitième rang.

 

La commotion cérébrale qui l’a contraint à rater 25 rencontres en début de saison minera peut-être ses chances de soulever le trophée Vézina encore cette année. Surtout que les gardiens Andrei Vasilevskiy – 37 victoires, 2,34 buts alloués par match, efficacité de 92,7 % – du Lightning de Tampa Bay, Pekka Rinne – 33 victoires, 2,33 buts alloués par match, efficacité de 92,7 % – des Predators de Nashville et Connor Hellebuyck des Jets de Winnipeg connaissent des saisons sensationnelles.

 

Mais attention : Fleury revendique déjà 21 victoires malgré son absence de 25 matchs. Il n’a perdu que sept fois en temps réglementaire et trois autres en prolongation (2) et tirs de barrage (1). Il maintient une moyenne de 2,15 buts alloués par match et une efficacité de 93 %. Des statistiques qui, même si elles laissent le principal intéressé de marbre, militent grandement en sa faveur.

 

Si Fleury devait atteindre le plateau des 30 victoires, malgré sa blessure, il devrait être considéré au même titre que Vasilevskiy et les autres favoris.

 

« Je n’aime pas accorder d’importance aux honneurs individuels. Je n’ai jamais été comme ça. Mais il est clair que plus les saisons avancent plus je réalise que je n’ai encore jamais été considéré. Plusieurs gardiens ont des saisons formidables. Et je n’en reviens pas encore de l’arrêt que Vasilevskiy a fait en fusillade l’autre soir contre le Canadien alors qu’il a balayé sa mitaine derrière son dos pour faire l’arrêt – c’était aux dépens de Charles Hudon – surtout qu’il en a réussi un autre semblable – contre Anze Kopitar des Kings de Los Angeles – plus tôt cette saison. Mais sans en faire une fixation, c’est certain que j’aimerais être au moins considéré », a plaidé Fleury.

 

« Marc-André est notre roc, a commenté le vétéran défenseur Deryk Engelland. C’est vrai qu’il a raté beaucoup de matchs et que l’équipe a su résister pendant son absence. Mais il demeure la principale raison de nos succès. Il a amorcé la saison en lion ce qui a permis de donner le ton positif à notre année. Depuis qu’il est revenu, il est toujours notre meilleur joueur sur la patinoire. Je suis d’accord sur le fait que quelques autres gardiens ont de grosses saisons cette année, mais la candidature de "Flower" doit être considéré au même titre que celles des autres meilleurs gardiens. Je suis biaisé, je l’admets. Mais à mes yeux, il doit gagner. »

 

Du hockey au curling

 

Lundi dernier, à Los Angeles, Marc-André Fleury s’est transformé en joueur de curling au cours de la partie l’opposant aux Kings. Devant une rondelle qui glissait lentement vers son filet, il s’est mis à gratter la glace avec son bâton comme s’il tenait un balai de curling pour permettre à la rondelle d’avancer au lieu de simplement la manier pour l’offrir à son défenseur Colin Miller qui s’apprêtait à la récupérer.

 

« Je n’ai pas été surpris le moins du monde quand j’ai vu Flower faire ça. J’ai joué avec lui à Pittsburgh. Il est toujours souriant. Ce gars-là est une bombe de bonne humeur et cette façon qu’il a de détendre l’atmosphère est essentielle pour l’équipe. C’est quand tu le vois faire une chose pareille sur la glace que tu réalises à quel point il est bien dans sa peau et confiant. Et cette confiance, il sait la transmettre au reste de l’équipe », a ajouté Engelland.

 

Entraîneur-chef des Golden Knights, Gerard Gallant n’a pas vu le geste effectué par Fleury en direct lors du match. « Mon adjoint responsable du vidéo m’a appelé après la période pour me montrer ça. Je n’ai pu m’empêcher de partir à rire. Comment faire autrement? Je ne connaissais pas Marc-André personnellement avant cette année. Je l’avais salué ici et là sans plus. Je savais, comme tout le monde, qu’il est toujours souriant parce que ça ne passe pas inaperçu. Mais je n’en reviens pas de voir à quel point ce gars-là est en mesure de propager la bonne humeur autour de lui. Que ce soit dans le vestiaire, sur la glace, lors des matchs ou des entraînements, il est toujours de bonne humeur, ou en donne l’impression, même si je suis convaincu que ce n’est pas toujours drôle. Quand tu vois un gars comme Marc-André être aussi positif, il est difficile de ne pas suivre son exemple, comme coach ou comme coéquipier. Il a un talent immense, il est un excellent gardien, mais cette bonhomie qui le caractérise est certainement sa plus grande force après son talent. »

 

Pourquoi avoir, comme ça, imité un joueur de curling en sortant de son demi-cercle?

 

« Je n’en ai pas la moindre idée. C’est une bulle comme ça qui m’a passé dans la tête. J’ai vu beaucoup de curling à la télé durant les Olympiques. Peut-être que c’est ça. Je ne sais pas. Mais j’aime faire des petites choses spéciales comme ça durant les matchs pour me garder sur le qui-vive. Mais je t’assure que c’était complètement improvisé », a assuré Fleury.

 

Après avoir obtenu congé mardi – il avait amorcé les 11 matchs précédents de son équipe – Marc-André Fleury sera de retour devant la cage des Golden Knights vendredi contre Ottawa.

 

Avec encore 19 matchs à disputer, il ne sait pas encore combien lui seront accordés. « On n’a pas de plan précis et honnêtement je n’en parle pas beaucoup avec mon coach des gardiens (David Prior) ou avec Gerard. Ils viennent me faire part des plans et je donne mon avis quand il me le demande. Mais la décision ne me revient pas. Je voulais rejouer tout de suite mardi contre les Kings pour venger la défaite en prolongation de la veille. Mais ils ont préféré me donner congé. Je veux jouer le plus possible. C’est tout ce que je peux dire. Quand tu as goûté au banc – Fleury s’assure de ne pas élaborer davantage sur sa dernière année avec les Penguins à Pittsburgh – tu ne veux pas y rester trop longtemps. »