LAS VEGAS – Affirmer que Jonathan Marchessault et ses coéquipiers des Golden Knights sont en plein contrôle de la finale qui les oppose aux Panthers est nettement insuffisant pour décrire la domination des champions de l’Ouest aux dépens des champions de l’Est.

Car Marchessault et les Knights sont meilleurs que leurs rivaux sur tous les fronts. De fait, ils ne sont pas seulement meilleurs, ils sont nettement meilleurs.

Meilleurs à l’attaque; meilleurs en défensives; meilleurs devant les buts; meilleurs au chapitre des unités spéciales; meilleurs en matière de vitesse sur patin, de qualité d’exécution, de disciplines.

Ils sont meilleurs partout!

Même dans la guerre des médias sociaux alors que les responsables du compte twitter des Knights ont envoyé leurs rivaux au tapis en troisième période en publiant le gazouillis: « Des Panthers de la Floride, les Golden Knights sélectionnent Jonathan Marchessault. »

Un gazouillis rappelant que les Panthers ont offert Marchessault aux Knights au repêchage d’expansion de 2017. Un beau cadeau auquel les Panthers avaient ajouté Reilly Smith échangé aux Knights en retour d’un choix de quatrième ronde afin d’éviter de perdre les défenseurs Mark Pysyk ou Alex Petrovic qu’ils ont suite pu protéger.

Cet uppercut sur Twitter a été asséné tout juste après que le Québécois eut marqué son deuxième but du match. Son douzième des séries. Un but de moins que Leon Draisaitl qui occupe toujours, ou pour l’instant, le premier rang depuis le début des séries.

Un douzième but en 12 matchs.

L’un des cinq joueurs seulement – les autres sont Joe Sakic (Colorado en 2001), Rod Brind’Amour (avec Philadelphie en 1997), Raymond Bourque (Boston en 1990) et Adam Graves (Edmonton 1990) – à avoir marqué le premier but lors des deux premiers matchs d’une finale de la coupe Stanley, Marchessault surfe sur une séquence de sept matchs de suite avec au moins un point.

Sept rencontres au fil desquelles il a marqué sept buts et récolté 11 points.

S’il maintient se rythme, Marchessault recevra des mains du commissaire Gary Bettman le trophée Conn-Smythe avant d’avoir le privilège de soulever la coupe Stanley pour la première fois de sa carrière.

Bon! Il reste encore deux gains à ajouter avec que Marchessault et les Knights puissent réaliser leur rêve.

Mais s’ils maintiennent la domination affichée lors des deux premiers matchs, s’ils répliquent aux coups sournois des Panthers en marquant des buts en avantage numérique et non en tombant dans leur piège, il est difficile de croire que la Floride pourra freiner l’élan victorieux des Knights.

Neuf marqueurs différents

« Je crois fermement que nous formons la meilleure équipe de la LNH. On n’a peut-être pas les plus grandes vedettes de la Ligue, mais quand tu regardes les quatre trios qu’on envoie sur la patinoire, notre brigade défensive dans son ensemble, notre efficacité en attaque massive et à court d’un homme, je suis convaincu que nous sommes en haut de la liste. Peut-être que nous avions un désavantage devant les buts aux yeux de plusieurs, mais notre gars (Adin Hill) est en train de prouver à tout le monde qu’il est un excellent gardien », que Bruce Cassidy a défilé après la deuxième victoire consécutive de son équipe.

La qualité globale des Golden Knights saute aux yeux quand on les regarde aller sur la patinoire.

Elle se reflète aussi sur la feuille de pointage alors que neuf joueurs différents, dont trois défenseurs ont marqué l’un ou l’autre des 12 buts enfilés par les Knights lors des deux premiers matchs de la finale.

Un record de la LNH en matière de dispersion offensive après deux rencontres.

Quinze joueurs différents ont récolté au moins un point après deux matchs. C’est un joueur de moins que lors des cinq matchs disputés en finale de la coupe Stanley en 2018 face aux Capitals de Washington.

Vendredi dernier, lors de la journée médiatique, Jonathan Marchessault assurait que le manque de profondeur des Knights avaient contribué au revers face aux Caps il y a cinq ans. Il claironnait que la profondeur affichée cette année aiderait son équipe à se rendre jusqu’au bout.

Cette profondeur est en voie de donner raison au Québécois.

Quand discipline rime avec leadership

La discipline affichée par les Knights est tout aussi impressionnante que la qualité du jeu offert par l’équipe, par la qualité des arrêts réalisés par Adin Hill.

Le gardien des Knights a non seulement éclipsé Sergeï Bobrovsky dans un deuxième match de suite avec 29 arrêts sur 31 tirs, mais il s’est encore défendu après des assauts de ses adversaires.

«Je n’ai jamais eu autant de plaisir à jouer au hockey que maintenant», a indiqué le gardien des Knights.

«Adin réalise de gros arrêts à des moments importants. Son arrêt sur une échappée en première période nous a permis de garder le contrôle du match. Quand un gardien effectue des arrêts du genre, cela aide à racheter et à camoufler quelques erreurs commises devant lui», a indiqué Bruce Cassidy en parlant de son gardien qui n’a pas été dérangé par les attaques des Panthers.

Devant lui, ses coéquipiers ont affiché une retenue plus impressionnante alors qu’il aurait été facile de répliquer à toutes les attaques des Panthers.

Surtout que les Knights sont loin d’être un «petit» club. Au contraire, ils sont gros, forts et capables de se défendre. Mais ils contrôlent leurs ardeurs. Ce que les Panthers ne font pas, mais alors là pas du tout.

« Des fois, ça nous tente de répliquer, a candidement reconnu Nicolas Roy avec un petit sourire accroché au visage. Mais on doit se retenir. Il faut penser à l’objectif ultime qui est plus gros que nos égos. Brayden McNabb a reçu un double-échec au visage. Il aurait pu répliquer surtout que c’est un gars qui est très capable de prendre soin de lui. Mais il s’est retenu. »

Roy et ses coéquipiers sont aussi demeurés de marbre lorsque Matthew Tkachuk, en troisième période alors que l’issue du match était scellée depuis longtemps, a tiré un rat en plastique lancé sur la patinoire par des spectateurs en liesse au T-Mobile Arena en direction de leur banc.

« On sait qu’il est fera n’importe quoi pour nous déranger. On ne tombe pas dans ce piège », a indiqué Roy qui a marqué le quatrième but des siens en deuxième période. Le but qui a chassé Sergeï Bobrovsky du match.

Ce but était le premier de la finale pour le Québécois qui en a enfilé deux depuis le début des séries. «C’est spécial marquer en finale. C’est un rêve de jeunesse», a ajouté Roy qui a encore accompli de gros travail avec ses coéquipiers du quatrième trio, William Carrier et Keegan Kolesar.

C’est facile de parler de discipline. De dire à ses joueurs de tourner le dos aux adversaires lorsqu’il y a du grabuge après les coups de sifflet et qu’ils sont frappés au visage ou reçoive des coups de bâton.

Mais c’est une autre chose d’obtenir le genre de discipline qu’obtient Bruce Cassidy depuis le début de la finale.

« Comme entraîneur, tu passes tes messages. Mes adjoints rappellent ces messages eux aussi. Mais l’application de la discipline vient surtout du vestiaire. Elle vient des gars comme Alex Pietrangelo et Alec Martinez qui ont gagné la coupe. Qui savent ce que ça prend pour gagner. Qui savent à quel point il faut accepter de faire des sacrifices, d’encaisser des coups pour se rendre jusqu’au bout. Cette contribution des vétérans est essentielle pour obtenir de la discipline », a expliqué Cassidy.

L’entraîneur-chef des Knights a ensuite insisté sur l’importance de maximiser les effets positifs de la discipline affichée par ses joueurs.

«On sait à qui nous avons à faire. Ils étaient parmi les plus punis de la Ligue en saison et le sont toujours en séries. Et ce n’est pas comme si les pénalités qu’ils écopent l’étaient dans une situation de but à sauver. Il est donc important d’en profiter et de marquer. Car ils pourraient tirer une source de motivation en écoulant les pénalités sans accorder de but», a analysé Cassidy.

Après deux matchs, les Knights ont su profiter de l’indiscipline des Panthers avec quatre buts marqués en 11 avantages numériques.

Inversement, ils ont blanchi les Panthers sept fois de suite.

Un autre exemple qui donne du poids au fait que les Knights sont meilleurs que les Panthers sur tous les fronts depuis le début de la finale.

Et comme les Panthers n’ont pu compter sur les miracles de leur gardien pour les sauver, ils ont été condamnés à regarder leurs rivaux prendre les devants 2-0 dans cette finale. S’ils ne changent pas leur façon de jouer, ou si Bobrovsky est à court de miracles – la pause de 10 jours a peut-être dissipé le nuage sur lequel il flottait depuis un mois – ils regarderont les Knights gagner les deux prochains et soulever la coupe sous leurs yeux.