L'ancien homme fort de la Ligue nationale de hockey, Gino Odjick, a reconnu qu'il souffrait d'une maladie mentale, lors d'un symposium sur les commotions cérébrales tenu dans un hôpital pour enfants de la Colombie-Britannique et où étaient réunis plusieurs sportifs.

Même après avoir quitté la LNH depuis 12 ans, le cerveau d'Odjick montre toujours des signes de traumatisme, ce qui ne surprend pas le principal intéressé. L'athlète originaire de Maniwaki pense que sa condition est liée aux nombreux combats qu'il a livrés sur les patinoires de la LNH.

En 12 saisons, dont huit avec les Canucks, il a écopé de 2 567 minutes de pénalité. Quand il a pris sa retraite en 2002 après un séjour qui a survolé deux saisons avec le Canadien de Montréal, Odjick avait du mal à trouver la patinoire.

« Je me souviens avoir subi une commotion à Philadelphie, a dit Odjick, dont les propos ont été rapportés par le Vancouver Sun. Les gens me regardaient comme si j'étais un Martien. Ils croyaient que je venais d'une autre planète. Pendant au moins la moitié de la saison, je ne me souviens pas comment j'ai fait pour retrouver la patinoire. Je ne me souvenais plus de ce que je devais faire. Pour me rendre à la patinoire, je tournais à droite, à gauche et je me perdais en cherchant la glace. Tous les joueurs voulaient jouer aux cartes avec moi parce qu'ils savaient qu'ils allaient me battre. »

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Se battre était devenu une étrange dépendance pour lui. Se battre lui permettait aussi de confirmer sa valeur comme joueur de hockey. « Quand vous êtes désigné le bagarreur de l'équipe, vous devenez dépendant aux coups. Quand vous ne recevez pas de coups au visage, ça vous dérange. Je voulais démontrer que j'étais impliqué et que j'étais utile comme mes coéquipiers. Je sentais le besoin de me faire frapper. C'est quelque chose que je ne pourrai jamais comprendre. »

Il a expliqué avoir vu des étoiles pendant les sept minutes passées au banc des punitions lors d'un match des ligues mineures. Il a aussi expliqué comment il était heureux d'avoir ressenti de la douleur quand Jay Caufield des Penguins de Pittsburgh lui a fait subir une fracture au visage avec un coude en 1991, parce que ça lui permettait de masquer les symptômes de la commotion cérébrale qui a suivi.

« Je suis sorti assommé de la patinoire pendant un certain temps. Cette fracture était la bienvenue, car elle me permettait de me concentrer sur autre chose que ce qui se passait dans mon cerveau. »

« Si tu touches Pavel, Gino s'en vient »

Le neuro-scientifique Naz Virji-Babul, qui participait au symposium, a été frappé par les aveux de l'ancien joueur de la LNH. « Quand les enfants subissent une commotion cérébrale, on ne pense pas aux conséquences à long terme de la maladie mentale. Je pense que Gino le comprend parfaitement maintenant. »

Odjick a affirmé qu'il continuait à s'entraîner et qu'il courait les médecins à la recherche de la bonne médication pour le soulager.